Les figurines

 

Les jeux de stratégie (wargames en anglais) sont d'autant plus intéressants quand ils se jouent avec des figurines et quand les batailles qu'ils permettent de simuler se déroulent dans des univers médiévaux-fantastiques. C'est pourquoi ce site leur consacre quelques pages dans le joyeux chaos de cette Boîte à Choses.

Photos de figurines Rackham (pour les jeux Confrontation et Rag'Narok)

Supplément amateur : Navigation, pour escarmoucher sur l'eau et dans l'eau

Un nouveau clan Keltois : le Clan des Maerms (pour jouer avec Navigation)

 

Récit épique de l'itinéraire d'un débutant en jeux de figurines... pour édification des autres débutants

Ci-dessous, je raconte comment j'ai commencé, puis continué à peindre des figurines et à jouer avec. Il ne s'agit nullement de raconter ma vie, mais de montrer aux gens qui ont envie de commencer ce genre de jeux comment bien choisir leur jeu et éviter certaines erreurs faciles à commettre faute d'informations suffisantes...

Demonworld : récit d'un échec...

Le premier jeu de figurines auquel j'ai joué s'appelle Demonworld. C'était et c'est toujours, à ma connaissance, un excellent jeu. Les règles sont bien faites et pas mal expliquées, les figurines sont très bien sculptées ; seul l'univers de jeu était très convenu à l'époque où je m'y suis intéressé ; mais ce défaut a été comblé depuis par l'originalité de certains peuples, surtout des Gobelins avec les insectes qui leur servent de montures.

Le véritable problème qui s'est posé, c'est que j'étais un débutant complet en la matière... je n'avais presque aucun matériel de peinture, je ne savais pas peindre, le mot de "sous-couche" ne m'évoquait rien de particulier, je n'avais que peu de temps à consacrer à la peinture des figurines, et assez peu aux parties. Mes premières figurines furent donc de véritables désastres polychromes, que je cache aujourd'hui honteusement dans une boîte quelque part au fin fond de mes placards... d'où ma volonté, par la suite, d'informer les débutants en la matière le mieux possible, pour leur éviter d'avoir honte a posteriori de leurs premières figurines après les avoir massacrées faute de connaissances suffisantes en peinture...

Demonworld (conçu par Asmodée) avait cependant d'autres défauts que je précise ici : c'est un jeu de batailles à grande échelle, ce qui implique naturellement de posséder beaucoup de figurines, donc d'en peindre aussi beaucoup. Si vous n'avez pas beaucoup d'argent à consacrer à ce genre de jeux, et/ou pas beaucoup de temps à consacrer à la peinture, renoncez-y et jouez à autre chose (les jeux utilisant de simples pions sont sûrement très bien aussi !).

Ce double problème est renforcé en ce qui concerne Demonworld, car, dans la plupart des jeux de ce genre (l'archétype étant le Warhammer de Games Workshop, pour ne pas le citer...) chaque armée aligne plusieurs régiments, chacun d'entre eux comprenant une dizaine de figurines au bas mot. Dans Demonworld, chaque régiment est composé en moyenne d'une dizaine de socles... or, chaque socle comprend, non pas une, mais deux ou le plus souvent quatre figurines ! Certes, le prix d'une figurine est moins cher que pour les autres jeux, mais je vous laisse deviner le nombre énorme de figurines à peindre pour constituer une armée digne de ce nom !

Autre défaut, le bas prix de chaque figurine est obtenu par un changement d'échelle : ordinairement, les jeux de batailles utilisent des figurines à l'échelle 25 ou 28 mm (c'est-à-dire entre 2,5 et 3 cm, souvent plutôt 3 cm étant donné les casques, épées, armures saillantes, etc. que portent les figurines). Demonworld a choisi d'utiliser des figurines à l'échelle 15 mm. C'est moins cher et quand il y en a plein comme ça sur une table de jeu, ça fait des armées hollywoodiennes ! Le hic, c'est que quand on débute en peinture, c'est beaucoup plus dur de peindre du 15 mm que du 28 mm, surtout quand la qualité et le niveau de détail de la sculpture sont les mêmes...

Bref, j'ai finalement abandonné Demonworld, découragé par le nombre de figurines à acheter, mes piètres compétences en peinture, et aussi par la complexité des règles (ça n'est pas un défaut, mais quand on débute, faut tout de même les comprendre et les retenir un minimum pour jouer confortablement). Mais je voulais toujours jouer avec des figurines ! Que faire dans ce cas ?

Les jeux d'escarmouche

La solution m'est apparue finalement : le jeu d'escarmouche. Un jeu d'escarmouche permet de simuler, non pas d'énormes batailles avec des régiments entiers, mais des affrontements à échelle plus réduite, avec, en moyenne, une vingtaine de figurines par joueur. Il y a plein d'avantages à ce type de jeux.

Un, vous n'avez pas besoin de beaucoup de figurines pour jouer, donc vous pouvez jouer plus vite (contrairement aux jeux de batailles qui, pour être intéressants, doivent être joués avec tout de même une bonne masse de figurines sur la table) et ça fait moins de figurines à peindre, pratique quand on n'a pas le temps d'y passer beaucoup de temps.

Deux, vous n'êtes pas obligés de jouer avec plusieurs figurines identiques, comme c'est fatalement le cas dans de nombreux jeux de batailles (certains jeux comme Warhammer proposent les régiments de figurines sous forme de grappes d'éléments que l'on assemble comme on veut pour obtenir des figurines toutes différentes les unes des autres. Sauf que les jeux d'escarmouche évitent aussi ce genre de séances de collage. Et les figurines sont vraiment différentes les unes des autres, ce ne sont pas seulement un bras ou une jambe qui changent...). Dans un jeu d'escarmouche, chaque figurine est unique, tant pour sa sculpture que pour le rôle qu'elle joue en cours de partie.

Troisième avantage, si vous aimez peindre vos figurines de façon soignée, leur petit nombre vous permet de bien les peindre, toutes. Dans un jeu de batailles, quand on peint les figurines par régiments de dix ou vingt, la qualité de la peinture s'en ressent nécessairement...

Enfin, les règles sont un peu plus faciles à comprendre rapidement, et les parties sont plus courtes (une ou deux heures au grand maximum) contrairement aux grandes batailles, beaucoup plus longues.

Rackham et Confrontation

Si j'ai choisi le jeu Confrontation de Rackham, cela tient à un certain nombre d'innovations de ce jeu, et aussi à certains goûts esthétiques et ludiques.

Confrontation a introduit dans le monde des jeux de figurines certaines nouveautés qui ont été largement reprises par d'autres depuis. La plus importante consiste à vendre chaque figurine accompagnée d'une carte de jeu et d'un livret de règles qui permettent de jouer avec. Vous achetez deux ou trois blisters de figurines dans un magasin, vous rentrez chez vous, vous lisez les règles et, en admettant que vous soyez pressé de jouer, vous pouvez faire votre première partie le jour même avec un ami (et avec des figurines non peintes, mais en tout cas c'est possible - et c'est ce qui m'est arrivé). Il n'y a donc pas de grosse boîte de base à acheter et pas d'énorme manuel de règles à digérer. Les règles sont courtes, assez simples et bien expliquées.

Une autre nouveauté de Confrontation est la (ou les) carte(s) de jeu correspondant à chaque figurine. S'y trouvent ses caractéristiques, les capacités, les sortilèges et/ou les objets qu'elle possède, ainsi qu'une photo de la figurine peinte. Pour jouer, il suffit donc de rassembler les cartes correspondant à toutes les figurines de son armée. Ce n'est pas le cas dans les jeux de batailles, où il est nécessaire d'établir une longue liste de son armée avant de jouer.

La dernière nouveauté de Confrontation est d'ordre esthétique, et c'est elle en grande partie qui a déterminé mon choix. Les figurines Rackham atteignent un niveau de détail et de qualité de la sculpture avec lequel aucune autre marque n'est en mesure de rivaliser, sauf peut-être la gamme Demonworld (mais à une autre échelle). Cette qualité de sculpture passerait sans doute inaperçue si elle n'était mise en valeur par une peinture absolument sublime (et là, Rackham n'a vraiment aucun rival). Bien sûr, les figurines sont vendues non peintes, mais la peinture "officielle" est extrêmement importante, car beaucoup d'autres jeux aux figurines très bien sculptées aussi gâchent littéralement leurs figurines en les montrant mal peintes, ou en tout cas pas assez bien peintes pour les mettres en valeur.

Une question d'esthétique et de style

Confrontation et les figurines Rackham répondent aussi à certains choix relevant de l'esthétique et du style du jeu. Les figurines sont sculptées et peintes avec une grande finesse et un grand souci du détail, mais aussi le souci de donner à chaque figurine une beauté et une élégance autonomes, à l'opposé des figurines des jeux de batailles, qui sont faites pour se fondre dans la masse.

Ensuite, si l'on compare Rackham à son plus puissant concurrent, Games Workshop, on constate une différence fondamentale dans l'esthétique et le style même de leurs jeux principaux (Confrontation/Rag'Narok pour l'un, les Warhammer pour l'autre). Games Workshop a une tendance prononcée pour le macabre, avec de nombreux crânes souvent inutiles aux figurines de sa gamme et, je trouve, une certaine complaisance dans la violence et la représentation de la mort. Rackham, au contraire, n'utilise de crânes ou de trophées macabres que lorsque c'est nécessaire, en premier lieu pour représenter *les méchants*. A la représentation systématique du crâne humain, Rackham substitue une grande diversité : si certaines figurines arborent les scalps de leurs adversaires, d'autres montrent des armes ou des pièces d'armure conquises au combat, des crânes d'animaux, des poupées vaudou ou de multiples autres détails. L'unique motif esthétique vraiment récurrent chez Rackham est la spirale, motif neutre par excellence et qui rend toujours bien sur les figurines (même si on peut s'en lasser aussi). Games Workshop montre des figurines dont la peinture n'est pas techniquement exceptionnelle, ce qui a l'avantage d'être plus à la portée des débutants, mais ne met pas vraiment en valeur la qualité de la sculpture. Le style de cette peinture se rapproche de celui de certains comics : couleurs et contrastes vifs, ombres et contours noirs très accentués. Rackham opte au contraire pour la meilleure peinture que l'on puisse atteindre, avec de nombreux dégradés et effets de nuances qui, en plus d'être des prouesses techniques, donnent un rendu à la limite du tableau en trois dimensions. Il faut concéder que cela peut décourager les débutants qui peignent encore très mal, mais au moins, cela leur montre durablement l'exemple...

Enfin, l'univers du jeu Confrontation, qu'il s'agisse de la présentation des livrets de jeu, des références graphiques et historiques choisies, du souffle donné aux textes d'ambiance, est résolument tourné vers une imitation, sinon de l'épopée, au moins des grands récits d'aventure classiques. Plus directement, il emprunte aux littératures de l'imaginaire, fantasy et conte de fée ( elfes, nains,orques, gobelins, créatures démoniaques ou d'outre-tombe...), steampunk et romans du XIXème siècle (machines à la Jules Verne, nombreux éléments de technologie anachroniques et disparates), mais aussi un peu à la science-fiction (manipulations génétiques), voire parfois à la bande dessinée (nombreuses illustrations et esquisses, mais aussi art du détail humoristique ou réaliste sur les figurines, tout le monde se vaut puisque personne ne vaut rien). Le mélange pourrait être raté. Mais ça fonctionne très bien, grâce à l'élégance de l'ensemble. Le second degré est présent sans envahir tout, la distance critique nécessaire n'est pas excessive (contrairement à d'autres univers de jeu où en gros, c'est la corruption et la sauvagerie généralisées - là, il y a quelques grandes valeurs mises en jeu, certes classiques, mais ça permet de conserver le souffle épique). Surtout, les références et les emprunts sont génialement utilisés.

Dur, dur, de commencer à peindre...

Mes premières figurines Confrontation furent affreuses. Vous avez pu vous en rendre compteà la vue des premières photos publiées sur cette page. Malheureusement pour tous ceux qui veulent commencer à peindre, c'est un mal nécessaire pour progresser : les premières figurines que l'on peint sont toujours affreuses et quand on a fait mieux, on en a honte. C'est bon signe !

J'ai commencé par peindre les Lions d'Alahan et leurs chevaliers emplis d'honneur et de prestance... enfin, surtout les détails compliqués de leurs armures ! pas le plus simple pour commencer... enfin, je vois mal quelle armée serait simple pour commencer à peindre chez Rackham, en fait.. Bref, j'ai donc massacré une bonne quinzaine de figurines, puis je suis passé aux Nains de Tir Na Bor. Là, c'est plus simple pour commencer... enfin, les troupes de base sont plus simples à peindre. Je crois. Avec le temps, j'ai commencé à passer de plus en plus de temps à peindre, et peu à peu mes figurines sont devenus un peu moins infâmes. Et ainsi de suite depuis en gros trois ans que j'ai commencé à jouer et à peindre. Avec le temps, j'avais tellement honte de mes premières figurines que j'ai fini par dissoudre la peinture de certaines pour entreprendre de les repeindre en mieux (ci à côté, exemple avec un Garde royal d'Alahan).

J'ai été grandement aidé dans mes débuts en peinture par les multiples sites Internet qui consacrent des pages aux techniques de base de la peinture de figurines, aussi je conseille à ceux qui commencent de faire deux ou trois recherches sur le Web avec "peinture figurines" ou "Confrontation" comme mots-clés. Par la suite, j'ai trouvé sur les forums du site www.confrontation.fr de nombreux autres conseils plus ou moins pointus, car il y a un forum spécialement dédié aux débutants ("Pour bien comencer") et un autre spécialement consacré à la peinture ("Forge d'Uren"). Allez- y, il y a plein de gens de bon conseil et en plus, ils sont sympathiques !

Voici pour mon histoire... en espérant qu'en racontant ma vie, j'aurai aussi contribué à aider (même un peu) ceux qui commencent...

 


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