Inspirations

 

Fantasia n'est pas né du néant ; il s'inspire d'une foule de références toutes plus diverses les unes que les autres, auxquelles on ne penserait pas d'abord pour un pareil univers. Le Nonsense lui-même est bel et bien présent dans notre monde : les inspirations présentées ci-dessous le prouvent. Un meneur de jeu en quête d'idées nouvelles pourra s'en servir pour créer scénarios et cadres de jeu originaux ; les joueurs désireux de mieux comprendre l'esprit de Fantasia pourront également les explorer pour améliorer leur interprétation de l'univers - et au besoin tâcher de mieux comprendre la nature exacte de ce qui leur tombe dessus !

Vous trouverez dans cette page les deux textes servant d'épigraphes au jeu, quelques livres de référence, des bandes dessinées, des films ainsi que des jeux de rôle et des jeux de cartes. Egalement à votre disposition, des informations sur les peintres de l'absurde, des conseils de musiques d'ambiance pour vos parties et des citations concernant le Nonsense.

Une page spécifique est consacrée aux Liens vers d'autres sites intéressants.

  Epigraphes

Les deux textes suivants ont longtemps figuré sur la page d'introduction du site (avant même la page d'accueil). Ce sont deux textes habituellement considérés comme philosophiques, mais qui conviennent tout à fait à Fantasia dans la mesure où ils reflètent les différentes attitudes possibles face à un problème lié à l'ordre du monde et plus généralement face à quelque chose que l'on ne comprend pas. Le système des Attitudes face au Nonsense sort tout droit de ces deux types de réactions diamétralement opposées...

" C'est, en effet, l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se présentaient les premières à l'esprit ; puis, s'avançant ainsi peu à peu, ils étendirent leur exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, ceux du Soleil et des Etoiles, enfin la genèse de l'Univers. Or, apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance - c'est pourquoi même l'amour des mythes est, en quelque manière, amour de la sagesse, car le mythe est un assemblage de merveilleux. Ainsi donc, si ce fut bien pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie, c'est qu'évidemment ils poursuivaient le savoir en vue de la seule connaissance et non pour une fin utilitaire. "

- Aristote (387-322 av JC), Métaphysique A, 2

" Je ne sais qui m'a mis au monde, ni ce que c'est que le monde, ni que moi-même ; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses : je ne sais ce que c'est que mon corps, que mes sens, que mon âme et cette partie même de moi qui pense ce que je dis, qui fait réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connaît non plus que le reste. Je vois ces effroyables espaces de l'univers qui m'enferment, et je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans que je sache pourquoi je suis placé en ce lieu plutôt qu'en un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui m'est donné à vivre m'est assigné à ce point plutôt qu'à un autre de toute l'éternité qui m'a précédé et de toute celle qui me suit. Je ne vois que des infinités de toutes parts, qui m'enferment comme un atome et comme une ombre qui ne dure qu'un instant sans retour. Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir, mais ce que j'ignore le plus est cette mort même que je ne saurais éviter.
Comme je ne sais d'où je viens, aussi je ne sais où je vais ; et je sais seulement qu'en sortant de ce monde je tombe pour jamais dans le néant, ou dans les mains d'un Dieu irrité, sans savoir à laquelle de ces deux conditions je dois être éternellement en partage. "
- Blaise Pascal (1623-1662), Pensées, n°335 éd. Pléiade
Livres

 

Les grands classiques du Nonsense 

Lewis Carroll

Un maître du Nonsense, auquel j'ai d'ailleurs emprunté le mot. Le premier écrivain célèbre auquel on pense dans ce domaine. Ses romans les plus célèbres, Alice au pays des merveilles et sa suite Derrière le miroir présentent de nombreux exemples de manifestations du nonsense. Il y en a d'autres, moins connus, mais tout aussi recommandables : La chasse au Snark, où l'on voit un équipage étrange poursuivre un animal inconnu, et aussi Phantasmagoria et autres poèmes, moins nonsensique mais très agréable à lire (vous avez dit Phantasmagoria ? hm hm...).

Henri Michaux, poète et peintre

Ne vous fiez pas à ce nom, qui n'a pas l'exotisme d'un Aloysius Bertrand : il cache l'un des meilleurs poètes qui soient, à mon sens. L'oeuvre du poète Henri Michaux est non seulement l'une des plus importantes du XXème siècle (et je pèse mes mots), mais elle est aussi l'une des plus riches et des plus diverses. Vous trouverez ses recueils dans la célèbre collection Poésie Gallimard, et en particulier La Nuit Remue (surtout la partie "mes propriétés") et surtout Ailleurs, qui me paraissent (parmi ceux que j'ai lus) les plus "fantasiens" qui soient. Ailleurs est une source d'inspiration majeure pour l'univers de Fantasia, tant dans la lettre que dans l'esprit. Ailleurs regroupe lui-même trois recueils : Voyage en Grande Garabagne, Au pays de la magie et Ici Poddema, décrivant trois pays qui sont autant de destinations possibles pour des aventuriers fantasiens (j'avoue avoir une préférence particulière pour le Pays de la Magie). L'anthologie L'espace du dedans contient des morceaux choisis de nombreux recueils différents et permet de découvrir Michaux dans toute sa variété. Sans compter l'oeuvre peint de Michaux, tout aussi digne d'intérêt (mais dont je ne parlerai pas, par simple ignorance).

Edward Lear

Autre auteur de poèmes du nonsense, parmi lesquels on peut citer The Owl and the Pussy Cat (le Hibou et le Petit Chat), non parce qu'il est célèbre, mais simplement parce que c'est l'un des (trop) rares que je connaisse (pour l'instant) et qu'il m'a beaucoup plu.

Les Shadoks

On ne présente plus les Shadoks, dont les aventures ont été plusieurs fois diffusées à la télévision, mais ont également été déclinées en adaptations radiophoniques, en BD, etc. Assurément, un classique du Nonsense. Récent, oui, mais un classique quand même...

 

Ceux qu'on attendrait moins

Raymond Queneau et l'OULIPO

On penserait moins à ce groupe d'écrivains en matière de Nonsense ; ils sont pourtant bien plus proches de nous. L'OULIPO, "Ouvroir de Littérature Potentielle", avait pour objectif d'explorer de nouvelles façons d'écrire, sans prétention absolument artistique, mais pour voir si ces techniques ne pourraient pas servir plus tard. Deux écrivains célèbres de l'OULIPO sont Raymond Queneau et Georges Perec. Le premier a composé une oeuvre monumentale sur un principe tout simple : dix poèmes, dix sonnets (autrement dit 2 groupes de quatre vers puis 2 groupes de 3 vers, deux quatrains et deux tercets), écrits de telle façon qu'il était possible d'échanger entre eux les vers qui se trouvaient à la même place (ex.: échanger le premier vers du premier sonnet avec le premier vers d'un des neuf autres poèmes, et ainsi de suite pour chaque vers). L'ensemble offre mille milliards de possibilités, soit 1 000 000 000 000 de poèmes différents... En quoi cela nous intéresse-t-il, me répondrez-vous ? Disons simplement que Raymond Queneau a écrit les sonnets de départ de façon originale, et même si toutes les combinaisons ont un sens (au sens grammatical du terme), elles donnent des résultats plutôt surprenants.

Exemple :

Le roi de la pampa retourne sa chemise (sonnet n°1)
Pour la mettre à sécher aux cornes des taureaux (sonnet n°1)
Le chauffeur indigène attendait dans la brise (sonnet n°4)
Il chantait tout de même oui mais il chantait faux (sonnet n°2)
Je me souviens encore de cette heure exeuquise (sonnet n°1)
Du climat londonien où s'ébattent les beaux (sonnet n°2)
Nous avions aussi froids que nus sur la banquise (sonnet n°1)
A tous n'est pas donné d'aimer les chocs verbaux (sonnet n°8)
Du pôle à Rosario fait une belle trotte (sonnet n°1)
Le chat fait un festin de têtes de linotte (sonnet n°9)
Lorsqu'on revient au port en essuyant un grain (sonnet n°3)
Sa sculpture est illustre et dans le fond des coques (sonnet n°2)
On s'excuse il n'y a ni baleines ni phoques (sonnet n°3)
Le métromane à force incarne le devin. (sonnet n°8)

(poème composé à l'aide du logiciel "Machines à écrire" chez Gallimard Multimédia)

Encore, ce sonnet garde une certaine logique, mais les sonnets de départ eux-mêmes sont déjà assez nonsensiques. Cette façon de composer des poèmes est caractéristique de l'OULIPO ; en partant d'un principe logique, on aboutit à des choses qui n'ont, au moins en apparence, absolument rien d'organisé - voilà qui nous rapproche du Nonsense. Georges Perec a par exemple écrit ses 243 cartes postales en couleurs véritables selon une "recette" basée sur une foule de principes mathématiques très simples. Pourtant, quand on lit le résultat, on ne perçoit rien de cette organisation cachée. C'est donc une harmonie dissimulée sous un chaos apparent - intéressant, non ?

Prévert

Comment oublier Jacques Prévert, poète éternel, auteur de poèmes si nombreux et si grandioses malgré leur simplicité apparente ? Comment ne pas le citer ici, lui qui écrivit - entre mille autres - le recueil Imaginaires et le scénario du Roi et l'Oiseau ? Comment ne pas lui rendre hommage, lui qui en fit rêver beaucoup et en fera encore rêver beaucoup d'autres ?

Voltaire

Il y eut au XVIIIème siècle un mouvement littéraire que l'on appela "Mouvement des Lumières", car il était composé d'écrivains à l'esprit éclairé. Voltaire fut le phare de ce mouvement. Dans ses oeuvres, et plus particulièrement ses Contes philosophiques, il utilise l'absurde pour dénoncer ses ennemis et les valeurs obscurantistes qu'ils soutiennent. Mais c'est aussi une façon de s'interroger sur le monde, et sur la relativité du sens du mot "absurde". Pour preuve, un extrait de Zadig ou la Destinée, conte publié en 1748 :

" Il rencontra en marchant un ermite dont la barbe blanche et vénérable lui descendait jusqu'à la ceinture. Il tenait en main un livre qu'il lisait attentivement. Zadig s'arrêta, et lui fit une profonde inclination. L'ermite le salua d'un air si noble et si doux que Zadig eut la curiosité de l'entretenir. Il lui demanda quel livre il lisait. "C'est le livre des destinées, dit l'ermite ; voulez-vous en lire quelque chose ?" Il mit le livre dans les mains de Zadig, qui, tout instruit qu'il était dans plusieurs langues, ne put déchiffrer un seul caractère du livre. Cela redoubla encore sa curiosité.

Zadig décide de suivre l'ermite pour profiter de son savoir. L'ermite accepte sa compagnie, mais lui fait jurer en retour de ne pas le quitter avant qu'ils ne soient tous deux de retour à Babylone. Zadig accepte et ils partent ensemble. L'ermite entre dans la maison d'un riche seigneur qui leur offre l'hospitalité à tous deux et les traite de la meilleure façon possible. En repartant, Zadig s'aperçoit que l'ermite a volé un bassin d'or garni de pierreries qui faisait partie du couvert. Il est très étonné, mais n'ose rien dire et ils poursuivent leur voyage.

" Vers le midi l'ermite se présenta à la porte d'une maison très petite où logeait un riche avare ; il y demanda l'hospitalité pour quelques heures. Un vieux valet mal habillé le reçut d'un ton rude, et fit entrer l'ermite et Zadig dans l'écurie, où on leur donna quelques olives pourries, de mauvais pain et de la bière gâtée. L'ermite but et mangea d'un air aussi content que la veille ; puis, s'adressant à ce vieux valet, qui les observait tous deux pour voir s'ils ne volaient rien et qui les pressait de partir, il lui donna les deux pièces d'or qu'il aveit reçues le matin et le remercia de toutes ses attentions. "Je vous prie, ajouta-t-il, faites-moi parler à votre maître." Le valet, étonné, introduisit les deux voyageurs. "Magnifique seigneur, dit l'ermite, je ne puis que vous rendre de très humbles grâces de la manière noble dont vous nous avez reçus : daignez accepter ce bassin d'or comme un faible gage de ma reconnaissance." L'avare fut près de tomber à la renverse. l'ermite ne lui donna pas le temps de revenir de son saisissement ; il partit au plus vite avec son jeune voyageur. "Mon père, lui dit Zadig, qu'est-ce que tout ce que je vois ? Vous ne me paraissez ressembler en rien aux autres hommes : vous volez un bassin d'or garni de pierreries à un seigneur qui vous reçoit magnifiquement, et vous le donnez à un avare qui vous traite avec indignité. - Mon fils, répondit le vieillard, cet homme magnifique, qui ne reçoit les étrangers que par vanité et pour faire admirer ces richesses, deviendra plus sage ; l'avare apprendra à exercer l'hospitalité : ne vous étonnez de rien, et suivez-moi." Zadig ne savait encore s'il avait affaire au plus fou ou au plus sage de tous les hommes ; mais l'ermite parlait avec tant d'ascendant que Zadig, lié d'ailleurs, par son serment, ne put s'empêcher de le suivre."

Baudelaire

Qui ne le connaît pas ? Il est bon pourtant de le lire ou de le relire... Certains poèmes du Spleen de Paris (Petits poèmes en prose) (L'étranger, Chacun sa chimère, la Fenêtre...) ou des Fleurs du Mal (L'Horloge, entre de nombreux autres) contiennent un peu de cet esprit qui anime parfois les rues de Stalis, ou les boutiques des antiquaires aux artefacts surprenants, ou les longues plaines interminables des Contrées Insensées...

Aloysius Bertrand

Rien que l'Aloysius est déjà une inspiration ! Mais le sublime Gaspard de la Nuit vous en fournira bien d'autres, par son fantastique de gravure à l'eau-forte et sa nuit si stalisoise...

Les incontournables

 Pierre Dubois

Quelques-unes des créatures de Fantasia (notamment les Gnomes et les mystérieux Klok'Tomtes) ont été découvertes dans les ouvrages de Pierre Dubois, elficologue de profession. Il serait vain de parler de fées, de gnomes, de sorcières ou d'elfes sans citer les livres de ce merveilleux auteur qui a accompli un formidable travail de recherche et de synthèse de tout l'imaginaire des contes et légendes, en France comme ailleurs. Consultez donc à l'occasion sa Grande Encyclopédie des Fées ou celle des Lutins (dont pourrons s'inspirer nombre de vos créatures imaginaires), ainsi que ses Contes du Petit Peuple ou ses Contes de Sorcières et d'ogresses, tous publiés chez Hoëbeke et magnifiquement illustrés par Roland et Claudine Sabatier. Parus récemment, toujours chez Hoëbeke, les Contes des Crimes, collection "bibliothèque elfique" ; les contes les plus célèbres de notre enfance (Blanche-Neige, la Belle au Bois Dormant) revisités avec un cynisme et un humour grinçants à souhait.

Michael Ende

Michael Ende n'a écrit qu'un livre concernant véritablement la "fantasy", mais quel livre ! "L'Histoire Sans Fin" raconte la merveilleuse épopée d'un garçon plongé dans un monde fantastique par la lecture d'un mystérieux livre... Ce monde s'appelle lui aussi Fantasia (je ne suis vraiment pas tout seul) et lui ressemble par certains côtés (par exemple la géographie : les différents royaumes dérivent sur des plaques qui bougent en permanence, et on ne sait donc jamais où l'on va aboutir en changeant de pays). Les peuples et les créatures sont très nombreux (surtout Fuchur, mon dragon préféré) et pourront éventuellement vous inspirer. A lire avant tout pour l'atmosphère magique, qui imprègne tout entier ce récit inoubliable.

Terry Pratchett

Ce serait une lacune grave que de ne pas citer cet excellent auteur dans cette page ; Terry Pratchett, auteur de la très célèbre saga du "Disque-Monde" (dont a même été tirée une version jeu de rôle, GURPS Discworld aux éditions Steve Jackson Games), est en effet très habile dans l'évocation comique de mondes de fantasy ; le Nonsense n'est d'ailleurs pas étranger à tout cela, car, même incognito, il reste très présent sur ce Disque-Monde qui flotte dans l'espace, porté par quatre éléphants eux-mêmes supportés par une tortue géante. A citer également, un des premiers livres de cet auteur, mais pas le moins réussi, "le Peuple du Tapis", édité en France par Librio. Une oeuvre inoubliable, donc, pour un auteur qui ne le sera pas moins.

Roald Dahl

Cet auteur anglais de livres pour enfants né en 1916 a depuis longtemps gagné la célébrité par son humour et son imagination débordante. Citons, pour l'exemple : Sacrées sorcières, Le Bon Gros Géant, James et la Grosse Pêche (adapté en film d'animation par Disney) et bien sûr Charlie et la Chocolaterie et Charlie et le Grand Ascenseur de Verre. Roald Dahl a également publié des livres pour adultes, dont Kiss Kiss, un excellent recueils de nouvelles grinçantes.

 

Les moins connus

"Baleinier de la nuit", par Robert F. Young : il paraît que cet auteur est très connu aux Etats-Unis, presque autant que le grand Ray Bradbury (mais quel auteur de fiction n'est pas "très connu aux Etats-Unis" en arrivant en France ?). Pourtant, personne ne l'a édité chez nous... sauf l'excellente collection "Présence du Futur", malheureusement aujourd'hui en voie de disparition. Ce roman raconte l'histoire étrange d'une baleine de l'espace (non, je n'invente rien) capable de voyager dans le temps comme dans l'espace, qui se lie d'amitié avec un baleinier chargé de la tuer pour la transformer en vaisseau spatial. Le héros, Starfinder, est un personnage complexe tourmenté par des hallucinations obssessionnelles, que ses voyages dans le temps ne semblent pas arranger, donnant naissance à des passages proprement surréalistes. Je ne vous dis pas la fin parce que je ne l'ai pas encore lue, mais tout cela est incontestablement intéressant, surtout si vous voulez faire explorer à vos joueurs la banlieue spatiale de Fantasia...

"Principia Discordia", par Malaclypse le Jeune : (c'est sûrement un pseudonyme, d'ailleurs). Une parodie de religion où le chaos serait au centre de tout. Cherchez à l'occasion sur la Toile, il se peut que vous trouviez des choses sur le Ring of Fnords. (cette Inspiration m'a été envoyée par Al_Bundy.)

 

Les bandes dessinées

Théo

Théo est une BD dessinée et scénarisée par Fred, qui raconte les aventures d'un jeune garçon perdu sur les lettres de l'Océan Atlantique. Vous savez, les lettres qu'on voit sur les cartes et les planisphères à l'emplacement de cet océan : "A-T-L-A-N-T-I-Q-U-E"... Les voyages de Théo sont au moins aussi surprenants que ceux d'Alice au pays des merveilles, et chaque album est un feu d'artifice d'inventivité réjouissante. Une bonne source d'inspiration pour des contrées insensées fantaisistes dans une atmosphère pas trop sombre.

Gotlib

Ce maître du Nonsense dans la BD avait naturellement sa place ici. Il faut absolument lire ses "Rubriques-à-brac" et ses "Dingodossiers", mais souvenez-vous auparavant de préparer à l'avance quelque chose de triste, parce qu'autrement vous ne pourrez jamais vous arrêter de rire !

Aldébaran

Même si elle n'a presque aucun rapport avec le Nonsense, même s'il s'agit avant tout d'une très belle aventure de science-fiction, la BD Aldébaran, cinq tomes très bien dessinés, et sa suite Bételgeuse, dont le premier tome est déjà paru, est à consulter au moins une ou deux fois par tous les MJ en mal d'inspiration pour leur faune et leur flore (et ce malgré toutes les ressources du Bestiaire). L'écosystème de ces deux planètes est au centre de l'univers de Léo, l'auteur/dessinateur de la série, et nombre des créatures qu'il met en scène mériteraient bien leur place dans le Bestiaire, certes pour leur originalité, mais aussi leur réalisme.

LE chef-d'oeuvre

Nausicaä de la Vallée du Vent

Un chef-d'oeuvre du manga. Longtemps après que les Sept Jours de Feu, une guerre d'une fulgurante atrocité, aient mis fin à la civilisation industrielle et empoisonné la plus grande partie du monde, est apparue une forêt hostile, peuplée d'insectes géants, et dégageant des miasmes mortels pour les humains. Cette forêt de champignons, la Mer de la Décomposition, progresse peu à peu sur les terres habitables. Celles-ci sont partagées entre l'Empire tolmèque (torumékian) et les fiefs Dorks, qui s'affrontent dans une guerre perpétuelle. Nausicaä, héroïne de cette saga, est originaire de la Vallée du Vent, l'un des petits états de la périphérie du continent indépendants des deux empires ; en tentant d'empêcher que la guerre ne s'étende à son pays, Nausicaä va se retrouver plongée malgré elle dans le sanglant affrontement entre tolmèques et Dorks... à tout cela s'ajoutent de nombreuses énigmes non résolues : quels sont les anciens savoirs détenus par les Dorks et les tolmèques ? pourraient-ils entraîner de nouveaux Sept Jours de Feu ? le Grand Raz-de-Marée n'est-il qu'une légende hérétique ou un véritable événement passé ? Quelle est la véritable nature de la forêt empoisonnée, et de ses habitants les plus puissants, les gigantesques Ohmus, les Insectes-Rois ? Qui est cet Elu vêtu de Bleu dont parlent les anciennes légendes ?

Cette magnifique épopée en 7 tomes, nous la devons au mangaka Hayao Miyazaki, auteur notamment des dessins animés Princesse Mononoke, Le châteaun de Cagliostro, Porco Rosso, Mon voisin Totoro, Le service de livraison de la sorcière, Mes voisins les Yamada et Nausicaä de la vallée du vent, adaptation en dessin animé des 2 premiers tomes du manga. Il est l'un des plus grands animateurs japonais, et le co-fondateur du studio Ghibli, qui a également produit le somptueux Tombeau des lucioles. J'avais toujours détesté les mangas avant de découvrir celui-ci, et je crie : au chef-d'oeuvre !!! on peut aisément comparer Nausicaä aux grandes oeuvres de la fantasy européenne et anglo-saxonne, au même titre que le Seigneur des Anneaux. Précipitez-vous donc sur les tomes déjà parus en français, qui sont édités par les éditions Glénat au prix outrageux de 70F le tome, mais je vous assure que ça en vaut la peine ! A l'heure où j'écris, seuls les 4 premiers tomes sont déjà sortis, mais la parution devrait se poursuivre au rythme d'un tome tous les 3 mois (et donc s'achever en février 2002). Si besoin est, après avoir dévoré la traduction (plus que moyenne, je dirais même médiocre, mais bon) de ce chef-d'oeuvre incontournable, tâchez de trouver les autres mangas par le même auteur. Si vous n'êtes pas satisfaits de la traduction, et que vous voulez lire Miyazaki dans le texte, apprenez donc le japonais ! (bonne chance)

Notez que je me suis inspiré de Nausicaä pour certains éléments de l'univers de Fantasia. La flotte des Aéro-Nains, par exemple, ressemble aux vaisseaux volants des Dorks. Je n'en ai pas honte, d'autant que plusieurs adaptations en jeu de rôle ont été faites par des amateurs, notamment par le site Gel Weo (voir la page des Liens).

Je le répète encore : ce manga est un chef-d'oeuvre, ruez-vous dessus et vous ne serez pas déçu(e)s !

 

Divers

Fantasia puise également bon nombre de ses créatures dans des oeuvres très variées : livres de science-fiction (Dune, Les Robots, Star Wars et ses multiples adaptations littéraires...) mais aussi de médiéval-fantastique (Le Seigneur des Anneaux, Les chroniques des Crépusculaires, Lancedragon, etc...) ou de fantastique (Maupassant dans Le Horla, Edgar Allan Poe, H.P.Lovecraft.... ). Sans oublier les romans steampunk, un genre très particulier oscillant entre science-fiction et fantastique, s'inspirant beaucoup des romans de Jules Verne. Parmi les créations françaises, je vous recommande les Confessions d'un automate mangeur d'opium, un pur chef-d'oeuvre écrit par Fabrice Colin et Mathieu Gaborit, deux grands auteurs dont la somme des talents est supérieure à leur produit... bon, bref, je vous le conseille, c'est très beau ! :o)

 

 

Films

 

 

Fantasia et Fantasia/2000 : deux longs métrages animés de Disney, moins connus que leurs confrères. Le principe : inventer, à partir de morceaux de musique, des dessins animés originaux. D'abord créé en 1940, le film Fantasia a été repris à l'été 2000 pour un deuxième opus entièrement nouveau. Le résultat est surprenant, surtout avec les moyens techniques mis en oeuvre par Disney : un envol de baleines dans la nuit étoilée, un tourbillon de papillons triangulaires multicolores, la danse d'un flamant rose jouant avec un yoyo... Si le Nonsense n'est pas vraiment là dans toute sa puissance - il ne s'agit là que de "simples" originalités - Fantasia 2000 se rapproche de Fantasia par le côté merveilleux, coloré, flamboyant d'imagination, qu'il porte à l'écran pour un véritable enchantement visuel. Le titre est le même que celui de notre univers : simple coïncidence, c'est surtout parce que je n'avais pas trouvé d'autre mot que celui-là pour nommer tout ce qui est Fantasia (et Phantasmagoria aurait été trop long, surtout dans l'adresse du site !). Il n'en reste pas moins que les deux univers ont quelques points communs (notamment les baleines volantes, dont j'avais eu l'idée avant et que Disney m'a piquées avant que je puisse les mettre sur ce site !).

Brazil : plus sombre que le précédent, ce film américain de 1986 environ présente un univers à la Kafka, robotisé, dirigé d'une main de fer par une administration omniprésente. Ici, le Nonsense intervient dans un de ses plus mauvais rôles. On voit comment un ensemble de règles logiques (les lois) censées régler et faciliter la vie d'une population, finissent par la lui rendre tout simplement impossible. A rapprocher d'oeuvres de Kafka comme le Château ou Le Procès, et à ne surtout pas regarder si on n'a pas le moral...

Le Roi et l'Oiseau : autre représentation un peu kafkaïenne, mais beaucoup plus humoristique : dans un royaume constitué uniquement d'une gigantesque ville, goubvernée par sa Majesté V et III font VIII, et VIII font XVI de Taquicardie, un jeune ramoneur et une petite bergère sortie d'un tableau tentent d'échapper au roi et à ses mystérieux policiers en chapeau melon et costume noirs, toujours armés de leurs inséparables parapluies, chevauchant des hippocambes motorisés dans les canaux du Palais, camouflés dans ses murs au sous-sol ou tombant des toits en planant grâce à des ailes de chauve-souris. A voir, au moins pour la poésie symbolique du scénario coécrit par Jacques Prévert ; son créateur, Paul Grimault, reçut pour ce film le prix Louis Delluc en 1979 ; un chef-d'oeuvre !

 Dark Crystal : un grand classique du cinéma d'heroic fantasy, particulièrement remarquable par son univers merveilleux peuplé de créatures étranges et son intrigue inoubliable. Si Fantasia était un film, les décors ressembleraient un peu à cela...

Miyazaki et les anime Ghibli : les anime de Miyazaki ont d'ores et déjà acquis le statut de grands classiques de l'animation ; j'ai déjà cité le magistral manga Nausicaä, moins connu, mais je me devais d'évoquer aussi ses longs-métrages, à présent reconnus et appréciés à leur juste valeur sous nos latitudes. Mais en quoi Miyazaki est-il une inspiration pour Fantasia ? D'abord pour tout ce qui concerne les engins volants (déjà présents dans Nausicaä), et plus généralement tout ce qui concerne le ciel - un thème cher à Miyazaki, et une bonne inspiration pour les Nains de Ciel de la Stratosphère. A ce titre, je vous recommande plus particulièrement - outre bien sûr Nausicaä (le manga et l'anime) - Le Château dans le ciel et Porco Rosso, qui développent tous les deux une sorte de "mythologie du ciel" dont l'esprit est assez proche des légendes des habitants de l'En-Haut. Plus récent, Le Château ambulant est intéressant à un autre titre :  le bâtiment-engin lui-même, ce château qui ne cesse de se déplacer et de changer d'aspect, est un engin on ne peut plus fantasien qui aurait tout à fait sa place dans l'Atlas, section "Lieux itinérants" ! Parmi les anime des studios Ghibli qui ne sont pas de Miyazaki, j'attire aussi votre attention sur Whisper of the Heart (non encore paru en DVD en France au moment où j'écris ces lignes) réalisé par Yoshifumi Kondou en 1995 : l'univers onirique évoqué (seulement dans certaines séquences, hélas !) est inspiré des tableaux du peintre japonais Inoue, qui décrivent un monde nommé Iblard. Voyez la section "Peinture", plus loin, ou allez directement sur le site d'Iblard si vous ne pouvez pas attendre !

 

 

Télévision, vidéos et DVD

 

Le Dixième Royaume : en ce début de millénaire, M6 nous a fait une très bonne surprise en diffusant en cinq épisodes Le Dixième Royaume, un feuilleton anglais mettant en scène un groupe d'humains entré par magie dans le monde des contes de fées. Si tout n'est pas bon à prendre, cela peut être un très appréciable moment d'évasion. D'ailleurs, on parle d'une novélisation par Kristine Kathryn Rusch, célèbre notamment par son cycle des Feys et plusieurs romans dans des mondes comme Star Wars, Star Trek et Alien... Le Dixième Royaume est aussi disponible en coffret de cassettes vidéos.

Fantasia : chacun des deux films Fantasia est disponible en DVD et théoriquement en vidéo (mais on trouvera plus facilement l'opus 2000). Il existe également un coffret rassemblant les deux DVD, un par film, accompagnés de quelques bonus.

Mirrormask : J'ai entendu le plus grand bien de ce film d'animation réalisé par Neil Gaiman (connu par ailleurs pour ses romans et ses comics). Je ne peux pas en parler beaucoup, car je ne l'ai pas encore vu, mais son univers semble étrange et onirique au possible.

 

 

Jeux de rôle

 

Hé oui ! J'ai longtemps pensé que Fantasia était le seul jeu de rôle à exploiter l'idée du Nonsense (naïf que j'étais). Ce n'est pas le cas. Deux autres jeux "officiels" ont déjà développé le concept, de manières légèrement différentes :

Hystoire de Fou : ce jeu de Denis Gerfaud aux éditions Nestiveqnen fait plonger de paisibles personnages vivant leur vie quotidienne dans des crises de folie délirante dont ils devront accepter la logique déformée pour en sortir finalement. Le Nonsense, c'est ici la folie, mais vue d'une autre manière : chaque scénario possède une "logique démente" propre, liée aux derniers éléments croisés par les personnages avant leur plongée dans la crise. Prenons par exemple un scénario publié dans Casus Belli nommé "morte soirée". Les personnages vont à une soirée en costume organisée par leur amie photographe, qui vient de publier son dernier recueil de photos. Lorsqu'ils arrivent à la réception, tous les invités se sont déguisés en pirates, sans que rien n'ait été organisé à l'avance (première bizarrerie) ; la soirée est peu réussie, très ennuyeuse ; les PJ constatent que les photographies de leur amie sont très morbides : crânes, squelettes, vampires, etc. C'est en sortant de la réception qu'ils plongent dans la crise. Mais dans le scénario, la crise reprendra tous ces éléments : les invités déguisés en pirates, les squelettes, les appareils photos. Jamais le Nonsense au sens fantasien du terme ne resterait enfermé dans une logique interne à un scénario ; néanmoins, le principe est intéressant, car si les PJ refusent d'accepter la folie de l'univers qui les entoure, ils risquent fortement d'avoir de gros ennuis : c'est la même chose pour les aventuriers qui arrivent dans Fantasia (et c'est d'ailleurs ce qui est arrivé à Jockarn après un certain temps - voir la Description Générale de l'Encyclopédie fantasienne).

Le Monde de Murphy : c'est un autre jeu, que je connais moins bien (et je ne peux donc pas en parler beaucoup) ; le problème, c'est qu'il ressemble beaucoup à Fantasia, alors que je n'en connaissais même pas l'existence quand j'ai commencé à concevoir cet univers ! D'après ce que j'ai compris, il est basé sur la loi de Murphy, ou "loi de l'emmerdement maximum". Le Nonsense, ce n'est pas tout à fait cela : il ne s'agit pas d'em.. les joueurs (enfin, ça dépend des moments) mais aussi de jouer une force inconnue dont seules les influences sur le plan de Fantasia sont visibles. Enfin, n'oublions pas que le Nonsense consiste à renier toute logique, quelle qu'elle soit (même celle qui consiste à embêter les joueurs - un effet du Nonsense peut très bien leur sauver la vie à un moment où ils se croient perdus !).

Rêve de Dragon : même si je ne m'en suis pas inspiré, j'accorde aussi un mot à cet excellent jeu, lui aussi écrit par Denis Gerfaud (décidément un collectionneur de bonnes idées) et qui bénéficie du soutien d'une véritable communauté de fans extrêmement actifs. Le principe : le monde du jeu est rêvé par les Dragons ; les PJ voyagent de rêve en rêve, vivant des aventures extrêmement variées. Les mages, ou Haut-Rêveurs, sont capables d'influencer les rêves et ainsi de modifier la réalité à leur guise... un enchantement rôlistique.

L'appel de Cthulhu, AD&D, etc. : je cite ces jeux à titre de références lointaines ; les éléments de base des univers fantasiens stables peuvent provenir de n'importe quel autre jeu de rôle, quel que soit son genre. Donjons&Dragons, et surtout l'univers de Planescape, ont fondé le principe du multivers et des voyages entre les plans. Enfin, le Nonsense est un peu proche de la folie, et qui dit folie en jeu de rôle dit forcément l'Appel de Cthulhu. C'est logique...

 

 Jeux de plateau

 

Confrontation : même si cet excellent jeu d'escarmouche (produit par Rackham, merci qui pour la pub gratuite ?) n'a pas grand-chose à voir avec Fantasia, je vous le recommande pour la grande qualité de ses figurines (en toute objectivité), son système simple et facile à assimiler pour les débutants (j'en fais trop, là) et sa grande originalité (ce coup-ci, s'ils ne m'engagent pas comme publicitaire, je mange mon casque à pointes !). Plus sérieusement, vous pourrez jeter un coup d'oeil sur le design des armures et des armes de chacune des armées, car les concepteurs ont vraiment parfois de très bonnes idées. Je pense particulièrement aux Nains et à leurs machines à vapeur très steampunk, et aussi aux Alchimistes de Dirz avec leurs armes articulées, qui ne sont pas sans rappeler certaines créations des armuriers-forgerons d'Olmart... Le catalogue de Rackham est visible sur leur site.

 

Jeux de cartes

 

Magic : l'Assemblée : LE jeu-de-cartes-à jouer-et-à-collectionner de référence. On y retrouve le concept du multivers, surtout dans la trilogie des extensions de la Saga d'Urza (l'Epopée d'Urza, l'Héritage d'Urza et la Destinée d'Urza), mais aussi dans le cycle Aquilon-Tempête-Forteresse-Exode (où le vaisseau Aquilon explore le plan de Rajh). Bref, une simple inspiration, mais qu'il convient de citer.

Zoon : un petit jeu de cartes sympathique, bien délirant, très "cartoon", et en plus fait par Lézéditions du Yéti, une entreprise française. je n'y joue pas souvent, mais le principe de jeu est très original. Si vous avez besoin d'un petit background sympathique pour un ou deux scénarios dans les régions instables de Fantasia, pourquoi ne pas y jeter un coup d'oeil (dites, à quand Zoon JdR ? Hein ?).

 

Peintres et artistes

 

Jérôme Bosch (450-1516) : ce n'est pas Salvador Dali au XVème siècle, mais presque. Ses tableaux aux innombrables détails sont pleins de créatures fantastiques, de démons, de chimères, d'animaux et d'êtres phantasmagoriques et de constructions improbables tenant à la fois du minéral, de l'animal, du végétal, de l'humain et de l'architectural... bref, en regardant attentivement un tableau de Jérôme Bosch, on trouvera maintes inspirations pour le Bestiaire des Contrées Insensées, et même, si on cherche bien, une créature ayant l'apparence exacte d'une baleine volante fantasienne, sur le panneau central du Jardin des Délices (c'est ce qui s'appelle avoir l'antériorité !).

Le mouvement surréaliste

La plupart des peintres (et même écrivains) surréalistes présentent une attirance particulière pour l'absurde, se rapprochant ainsi du Nonsense. S'il ne paraît pas évident à première vue d'adapter un simple tableau en jeu de rôle, ces oeuvres pourront servir à la création de monstres, de lieux ou d'artefacts tous plus étranges les uns que les autres. D'ailleurs, les peintures surréalistes ont plus de points communs avec le jeu de rôle que n'importe quel autre mouvement pictural. Pour preuve par l'exemple, voyez la flèche de Zénon, par Magritte, avec son rocher volant au dessus des flots et sur lequel est perché une ville... Cela ne vous rappelle pas certains backgrounds ou certains sorts ?

Magritte (1898-1967) : les tableaux de ce peintre dégagent une atmosphère étrange propre à certaines régions de Fantasia. Si tous ne conviennent pas à un jeu de rôle, certains sont très intéressants. Jetez-y un coup d'oeil, ne serait-ce que pour éveiller votre imagination en cas de trou noir...

Salvador Dali (1904-1989) : un immense peintre fantasien, aux tableaux très oniriques. Là encore, il vaut le coup d'oeil. Regardez notamment la tentation de Saint-Antoine, et vous aurez une idée de ce qui peut se passer dans le Désert des Transplans à proximité des Bords Chaotiques...

Les autres peintres du mouvement surréaliste, Chirico, Ernst, Tanguy, sont tout aussi dignes d'intérêt.

Les Illustrateurs de l'Etrange

Ceux-là sont contemporains, vivants pour la plupart, et méritent d'être connus (quand ils ne le sont pas déjà). De belles découvertes en perspective !

- Les (bons) illustrateurs de fantasy contemporains sont bien entendu de bonnes sources d'inspiration potentielle, pour autant qu'ils ne se cantonnent pas à des sujets trop classiques. Parmi les meilleurs, on citera bien sûr Alan Lee et John Howe (voyez son site), illustrateurs de Tolkien très célèbres (à juste titre), ou Brian Froud (qui a travaillé sur Dark Crystal). Mais il y a aussi Yoshitaka Amano (c'est fou, j'aurais juré l'avoir déjà cité quelque part), et des gens comme Rodney Matthews, pour qui j'ai une affection particulière. Parmi les illustrateurs de fantasy français, qui font aussi bien dans l'illustration que dans la BD et parfois le jeu vidéo ou l'animation, voyez BilalCaza, Florence Magnin, Nicolas Fructus... Parmi les américains, le monde des illustrateurs de jeux de rôle et de jeux en général, notamment le jeu de cartes Magic : l'Assemblée, est un vivier au sein duquel il n'est pas rare de voir apparaître de grands talents : outre des gens déjà notablement connus, comme DiTerlizzi, Rebecca Guay ou Phil et Kaja Foglio, des noms comme Mark Tedin, John Avon, Daren Bader, ou dans un style plus photographique l'époustouflant Stephan Martiniere, sont à suivre de près.

- Non, ce n'est pas Lhàn Baratrix, ni même ADDeus (comprendront les principaux intéressés ;o) ). Patrick Woodroffe est l'auteur d'un livre de magnifiques illustrations très phantasmagoriques, qui à défaut de vous inspirer de nouvelles créatures, vous plongeront dans une ambiance onirique extrêmement étrange. Voici donc les références de ce livre : Mythopoeikon, fantasies monsters nightmares daydreams, editions Dragon's world, en anglais, 1977. Il se peut qu'il soit difficile à trouver, mais si vous êtes un fouineur de librairies attitré ou si vous tombez dessus par hasard un jour, n'hésitez pas une seconde... (cette Inspiration m'a été proposée par Loonce Selagnes.)

- Le peintre japonais Inoue décrit dans ses tableaux un univers onirique, Iblard, fait d'îles flottant dans le ciel. Ses tableaux ont été utilisé dans l'anime des studios Ghibli Whisper of the Heart, auquel a participé Hayao Miyazaki. Etant donné la proximité de ces deux univers, ce n'est pas bien étonnant. Une excellente inspiration pour des voyages oniriques, dans le Haut-Ciel ou ailleurs... Visitez donc le site anglais d'Iblard !

- Un autre peintre contemporain, polonais cette fois, est Jacek Yerka. On pourrait le décrire comme l'héritier idéal de Magritte. Ses tableaux, toujours étonnamment détaillés, se rattachent à ce qu'on appelle parfois le "réalisme magique" : le merveilleux s'intègre si étroitement au quotidien qu'il semble presque naturel, sans cesser pour autant d'être onirique... Ses paysages les plus audacieux défient les lois de la perspective, déforment les volumes, et mettent le spectateur au défi de s'y retrouver dans ce qu'il regarde. Une très bonne inspiration pour décrire les perspectives altérées par le Grand Absurde. Voyez donc le site de Jacek Yerka. )

- J'ai découvert récemment un petit bijou nommé le Catalogue d'objets introuvables, de Jacques Carelman (publié initialement au Cherche-midi, actuellement disponible en poche si je ne me trompe). J'aurais du mal à décrire ces objets autrement que par l'adjectif "fantasiens". Le problème, c'est qu'un bon nombre est à peu près inutilisable, du moins dans notre réalité à nous... mais qui sait si, dans un pays altéré par le Nonsense, certains ne trouveraient pas leur usage ? Un groupe d'aventuriers découvrant un objet de ce genre pourrait d'ailleurs partir en quête du pays où il a été conçu... Vous pouvez voir à ce sujet le site Objets impossibles fait par Carelman. 

 

Musique !

 

Voici quelques musiques que je vous recommande si vous souhaitez donner une ambiance fantasienne et agréable à vos parties :

Musiques étranges : ce sont des musiques particulièrement bizarres, étranges, inhabituelles, qui expriment particulièrement bien (à mon avis) le Nonsense dans tout ce qu'il a de dérangeant. Citons par exemple :

- la Messe du temps présent, par Pierre Henry, qui fut l'une des premières oeuvres à utiliser les instruments électroniques.

- Jean-Michel Jarre, plus connu, a poursuivi dans cette voie ; je vous recommande l'ensemble de ses disques, et plus particulièrement un de ses best of : "Images". Ces deux compositeurs de musiques étranges ont l'art de faire naître des harmonies nouvelles et inexplorées jusqu'à lors.

Nettement plus relaxant, mais non moins remarquable, Vangelis a d'ores et déjà donné naissance à de nombreux airs harmonieux, comme par exemple la musique du film 1492 ou certains airs de Blade Runner ; Les chariots de feu, Voices, Spiral, Opéra sauvage ne sont que quelques-unes de ses oeuvres. Pour vous faire une idée de ce type de musique, je vous conseille l'album Reprise, 1990-1999, édité chez East-West par la Warner Music, et qui regroupe les airs les plus célèbres.

La musique classique peut aussi fournir des partitions relaxantes ou entraînantes selon les parties que vous jouez. Par exemple, le Sacre du Printemps de Stravinsky ou le Requiem de Verdi sont hautement recommandables pour les moments les plus épiques.

Vous pouvez aussi vous aider de certaines musiques de films, souvent regroupées dans des compilations. Faites attention cependant à ne pas choisir d'airs connus de vos joueurs, ce qui casserait l'ambiance de la partie (enfin, ça dépend : la musique de la Guerre des Etoiles sera tout à fait appropriée si un vaisseau de Star Wars débarque sur Fantasia après un détraquement de son module d'hyperdrive). Les musiques de films ont l'avantage d'être très imagées, aussi choisissez-les habilement, de façon à faire passer le mieux possible l'ambiance voulue par votre scène.

Enfin, la maison d'édition Shooting Star a produit plusieurs albums de musiques très intéressantes. Elles sont initialement tirées de jeux vidéos comme Atlantis, Obscura, Riverworld ou Dragon Lore, mais peuvent parfaitement convenir comme musiques d'ambiance. Je vous recommande particulièrement l'album d'Atlantis, qui contient plusieurs ambiances variées et originales. Pour plus de renseignements, vous pouvez basculer sur le site de Shooting Star en cliquant ici .

  

 

Citations

 

Voici quelques citations intéressantes, piochées au hasard de mes lectures : 
 

" Après tout cela, comment ne pas devenir fataliste ? Mais qui peut être certain d'être convaincu définitivement de quoi que ce soit ?... et combien de fois prenons-nous pour conviction une erreur des sens ou bien une faute de jugement !

" J'aime à douter de tout : cette disposition d'esprit n'empêche nullement la fermeté de caractère, au contraire ; en ce qui me concerne, je vais toujours plus résolument de l'avant quand je ne sais pas ce qui m'attend. Il n'y a rien de pire que la mort, et on n'échappe pas à la mort !"

- Michel Lermontov, "Un héros de notre temps" (traduction de l'édition Folio Bilingue)

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" Il se passe vraiment des choses complètement extravagantes dans l'existence, et les événements ne présentent parfois aucune vraisemblance : ce nez qui circulait en ville, paré du grade de conseiller d'Etat, et qui avait soulevé un tel tapage, ce même nez se retrouva soudain, comme si de rien n'était, à sa place naturelle, c'est-à-dire entre les joues du major Kovaliov.

[...] Telle est l'histoire qui se déroula dans la capitale nordique de notre vaste empire.

C'est maintenant seulement que, tenant compte de toutes les circonstances, nous voyons qu'elle est parfaitement invraisemblable ; sans parler de la disparition surnaturelle du nez et de sa réapparition dans différents endroits sous l'aspect d'un conseiller d'Etat, - choses vraiment étranges -, comment Kovaliov ne comprit-il pas qu'on ne pouvait faire paraître une annonce à propos du nez dans un journal ? [...] Non, je ne comprends pas ! Vraiment, je ne comprends pas.

Mais le plus étrange, le plus inexplicable, c'est que des auteurs puissent choisir de tels sujets ! Je l'avoue : c'est tout à fait incompréhensible ! C'est véritablement... Non !... je ne comprends pas !"

- Gogol, Le Nez dans "Les nouvelles pétersbourgeoises", traduction "Etonnants classiques - GF Flammarion" 

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Allez, un peu d'anglais maintenant :

"If you can master nonsense as well as you have already learned to master sense, then will each will expose the other for what it is: absurdity. From that moment of illumination, a man begins to be free regardless of his surroundings. He becomes free to play order games and change them at will. He becomes free to play disorder games just for the hell of it. He become free to play neither or both. And as the master of his own games, he plays without fear, and therefore without frustration, and therefore with good will in his soul and love in his being."

- Malaclypse le jeune, PRINCIPIA DISCORDIA (Part V: The golden secret=>nonsense as salvation). 

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Pour ceux qui ne lisent pas l'anglais : le texte ci-dessous n'est ni de l'anglais, ni du fantasien, mais du sanscrit. Et encore, il n'est pas en écriture sanscrite ^_^

"SRI SYADASTI SYADAVAKTAVYA SYADASTI SYANNASTI SYADASTI CAVAKTAVYASCA SYADASTI SYANNASTI SYADAVATAVYASCA SYADASTI SYANNASTI SYADAVAKTAVYASCA,

which, in sanscrit, means :

all affirmations are true in some sense, false in some sense, meaningless in some sense, true and false in some sense, true and meaningless in some sense, false and meaningless in some sense, and true and false and meaningless in some sense."

- Malaclypse le jeune, PRINCIPIA DISCORDIA

(merci à Al_Bundy pour ces deux citations)

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"Si nous habitons un éclair, il est le coeur de l'éternel."

- René Char, le Poème pulvérisé, XXIV
 

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"Nous sommes ingouvernables. Le seul maître qui nous soit propice, c'est l'éclair, qui tantôt nous illumine et tantôt nous pourfend."

- René Char, "Les compagnons dans le jardin", Parole en archipel

 

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"Grand Dieu ! Pourquoi suis-je moi ?"

- Julien Sorel in Stendhal, Le Rouge et le Noir

 

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"Shikata ga nai" (de toute façon, il n'y a rien à faire)

- proverbe japonais

 

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"Que fera donc l'homme en cet état ? doutera-t-il de tout, doutera-t-il s'il veille, si on le pince, si on le brûle, doutera-t-il s'il doute, doutera-t-il s'il est ?"

"Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradictions, quel prodige ? Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur, gloire et rebut de l'univers."

- Pascal, Pensées (Lafuma 131, Brunschbicq 434)

 

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"Le hasard est le plus grand romancier du monde : pour être fécond, il n'y a qu'à l'étudier."

- Honoré de Balzac, avant propos à la Comédie Humaine

 

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"La technologie au niveau le plus développé ne se distingue plus de la magie."

- Arthur C. Clarke

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"Mais es-tu sûr de voir ? es-tu sûr même de vivre ? Peut-être qu'il n'y a rien."

- Gustave Flaubert, La Tentation de saint Antoine

 

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"Jusqu'à la nuit tombante, ils cherchèrent en vain.

Ni bouton ni plume, pas la moindre marque

Indiquant à coup sûr qu'ils foulaient le terrain

Où leur ami avait trouvé le Snark.

 

Interrompu au beau milieu du mot entendu,

Au beau milieu de son rire de fou,

Soudain, tout doucement, il avait disparu -

Le Snark était un Boujum, voyez-vous."

 

- Lewis Carroll, "La chasse au Snark", dernières strophes - traduction de l'édition Mille et Une Nuits

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