Fleurs fantasiennes

 

Fantasia n'est pas seulement un monde où les arbres marchent, parlent ou dévorent les gens. On trouve aussi dans la flore une incroyable diversité de plantes inoffensives, sans propriété particulière, et - en apparence - totalement inutiles à une partie de jeu de rôle. Pourtant, je pense qu'afin d'enrichir les descriptions que le Chroniqueur pourra faire aux joueurs, il est bon d'évoquer un peu à quoi ressemblent les fleurs sur Fantasia.

On trouve sur Fantasia une infinité d'espèces de fleurs, et il est bien évidemment impossible d'en donner un classement même approximatif, puisque le Nonsense en fait naître et disparaître en permanence. Contentons-nous donc d'examiner les espèces que l'on trouve en Hiscontie et dans quelques autres pays stables ; même là où le Nonsense n'a que des effets mineurs, le spectacle en vaut la peine.

Les changecouleurs

Dichromia, par TybaltPar exemple, il n'est pas rare de voir une fleur changer de couleur à vue d'oeil. C'est le cas de plusieurs espèces très communes en Hiscontie, dont la Dichromia, fleur dont les pétales présentent alternativement deux couleurs, l'une, puis l'autre, puis la première, etc. La Dichromia azurouge, par exemple, passe du bleu au pourpre, puis au bleu de nouveau, toutes les secondes. Mais on en trouve beaucoup d'autres, comme l'Oranjaune, la Mauverte, la Carmenthe, la Sépiambre, etc. Selon les espèces, le temps que met la fleur à passer d'une couleur à l'autre peut varier de quelques secondes à une ou deux fois pendant la journée. Certaines fleurs changent de teinte si rapidement qu'elles "clignotent" littéralement, et c'est une étrange vision qu'une plate-bande de Dichromia velox : le promeneur à l'impression que le sol bouge, bruisse de couleurs sous ses pas... Quant aux peintres, ils prennent plaisir à contempler les Tetrachromia karteria, dont les pétales, de rose qu'ils sont le matin, semblent s'imprégner de crépuscule, bleuissant peu à peu quand le soir tombe.

Autre dichromia, par TybaltMais d'autres fleurs peuvent présenter trois, quatre ou même cinq couleurs alternativement ; toutes passent de l'une à l'autre par une infinité de nuances intermédiaires. Mais seule la très rare et très recherché Hirisée, unique représentante du genre des myriachromes, possède une palette illimitée : à chaque minute, elle change de couleur, sans jamais reproduire une nuance qu'elle a déjà présentée.

N'oublions pas aussi la dangereuse sphydale : sa haute et grande fleur bleu sombre, aux nuances violettes et changeantes, a le pouvoir d'hypnotiser celui qui la regarde trop longtemps. (En fait, ce pouvoir lui permet de captiver les abeilles et de les persuader de venir la butiner ; mais les effets sur l'homme sont évidemment différents, et malheureusement moins inoffensifs.)

Les changeformes

D'autres plantes changent de forme ou de taille. Les très amusantes crescantiennes vous semblent à peine plus grandes qu'un petit doigt, et l'instant d'après, elles vous arrivent à la taille. De plus, elles émettent, lorsqu'elles grandissent ou rapetissent, un son léger qui ressemble à un choeur de voix d'enfants. Les marguerites-psychées se balancent toutes seules sans besoin de vent, faisant valoir leurs pétales-miroirs. Les tirelalangue ne possèdent que trois longs pétales, qu'elles roulent sur eux-mêmes avant de les dérouler subitement, comme des serpentins - ou comme si elles tiraient trois langues en même temps, d'où leur nom. Quant aux étranges dificus, leurs feuilles changent de forme toutes les quelques minutes, s'allongeant, s'élargissant ou s'amenuisant d'instant en instant.

Les géométriques

Il existe aussi des fleurs et des plantes à fleurs à l'aspect très éloigné de ce que l'on s'imagine couramment en entendant le mot "fleur". Prenons le cas de l'étrange krênus, fleur aussi appelée "pensée cubique" : ses pétales sont disposés, non en rond et sur un cercle plat imaginaire, comme pour les fleurs normales, mais selon un cube parfait. D'ailleurs, certaines espèces de chenilles profitent de cette casemate colorée pour y tisser leur cocon à l'abri des prédateurs. La forme de cette fleur est si pittoresque que son nom est passé dans le langage courant : un individu "krênus" est un homme à l'esprit borné. Le krênus n'est pas le seul dans son genre : la nosfère ou "pensée ronde" présente quant à elle des pétales disposés en sphère. Et la kheotrix; plus communément appelée dékatre, a des pétales disposés en forme de petit tétraèdre.

Tiges étranges

Triomphale, par TybaltLa plupart du temps, les fleurs, plantes de taille réduite, se contentent de pousser vers le haut et leur tige est toute droite. Mais sur Fantasia, allez savoir pourquoi, ce n'est pas le cas ! Les tiges des millevrille ressemblent à des ressorts, tant elles se tournent et se retournent en spirales innombrables. D'autres fleurs possèdent, à elles seules, plusieurs tiges, comme la cinq-font-une, la trois-font-une, ou la bizarre triomphale, dont les deux tiges s'écartent à mi-hauteur avant de se rejoindre et de passer par l'espace qui les séparait avant d'aboutir à la fleur elle-même. L'acrobatus fait figure d'indécise : elle commence par pousser normalement, puis fait demi-tour vers le sol à mi-hauteur, si bien que sa fleur est tournée vers le bas.

Citons aussi le cas surprenant de la réverbéra, une fleur-mauvaise herbe aussi appelée tigeacier : sa tige monte bien tout droit, mais elle ne plie pas quand le vent souffle ; d'ailleurs, rien ne semble pouvoir la faire plier : on se ferait mal en lui donnant un coup de pied ou en essayant de l'écraser. Prenez d'ailleurs bien garde à ne pas trébucher sur une tigeacier en vous promenant, ou à ne pas vous asseoir dessus ! Les jardiniers et les naturalistes sont d'ailleurs bien embêtés, car cette fleur semble impossible à séparer du sol : les premiers s'arrachent les cheveux sans rien pouvoir faire quand la réverbéra envahit leurs plate-bandes, et les seconds sont toujours en train de se demander comment faire pour en recueillir une et la ranger dans leurs herbiers...

 

 


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