Les Araignées photophores,

ou Araignées gypsies, ou Gypsies, ou Jypsy, ou " jy "

 

Il existe sur Fantasia de nombreuses espèces d'araignées de toutes tailles et d'aspect très variable. Les plus exotiques sont sans doute celles que l'on trouve dans les contrées instables, mais sans quitter l'Hiscontie, on peut en observer de très curieuses. L'une des plus étonnantes est l'espèce des Araignées photophores, qui ont beaucoup influencé les arts décoratifs hiscontes. En effet, l'Araignée photophore est à l'origine de l'invention des lustres. Voici pourquoi.

Les Araignées photophores ont plusieurs caractéristiques singulières. Leur habitat, d'abord. Peuplant les campagnes à l'origine, elles se sont très vite habituées à la présence de bâtiments dans leur milieu naturel et semblent s'être rapidement prises d'affection pour le milieu urbain, au point de réaliser une sorte d'exode rural : depuis des siècles, on n'en trouve pratiquement que dans les grandes villes, et les Hiscontes sont si bien accoutumés à leur présence que personne ne s'effraie d'en voir presque toujours une en train d'explorer la maison, grimpant sur les murs et au plafond avec une dextérité toute arachnéenne. Elles font partie de la faune familière des citadins au même titre que les Fourrures-qui-roulent, les Vers grecs ou les Bêtes-à-ressort ; les Hiscontes les aiment bien, et les surnomment amicalement " Gypsies ", très ancien nom qui désignait les nomades avant leur arrivée sur la terre d'Hiscontie. Car contrairement à ce qu'on pourrait croire, les araignées - en tout cas cette espèce - ne sont nullement considérées comme des animaux nuisibles, au contraire : on loue leur propreté et leur persévérance dans l'exploration des terrains inconnus, on les laisse librement parcourir les maisons, on les nourrit parfois, et même on les recherche, car elles débarrassent des Mouches, des Moucioles et des Moustiques, et surtout, elles fournissent une excellente source naturelle d'éclairage.

Cela vient de leur autre caractéristique étonnante : les Araignées photophores (comme leur nom l'indique) sont porteuses de lumière. Plus exactement, elles ont la capacité de rendre lumineux le bout de leur pattes, qu'elles ont très longues (jusqu'à 15 centimètres). Cette lumière est faible, mais assez forte pour qu'on l'utilise en remplacement d'une bougie ou d'une petite torche (un naturaliste venu d'un autre monde a pu affirmer que les plus gros spécimens atteignaient la puissance d'une ampoule à soixante Ouates, mais il n'a jamais pu faire comprendre à ses confrères en quoi consistait une ampoule ni qui étaient les Ouates). Dans les anciens temps, les Hiscontes recouraient systématiquement aux Araignées photophores, les rassemblaient dans les grandes salles qu'ils voulaient voir bien éclairées, et des Gypsiculteurs en organisaient l'élevage, ce qui explique que l'espèce soit encore très répandue aujourd'hui dans les villes, même si elle a été en partie remplacée dans cet usage par l'éclairage public à l'aide de réverbères à cristaux.

La lumière émise par les huits extrémités des pattes des Araignées photophores leur est indispensable pour se nourrir. Elles savent produire du fil à volonté, comme toutes les araignées, et ont l'habitude de tisser leurs toiles suspendues au plafond au bout d'un filin central, en élargissant le bâti au fur et à mesure qu'elles descendent, de sorte que leurs toiles ont un peu la forme de poires. Une fois sa toile terminée, l'Araignée photophore s'y suspend à l'envers, étend ses pattes vers le plafond, allume ses photophores et attend que les divers insectes dont elle se nourrit viennent s'y coller, attirés par la lumière. Bien sûr, le stratagème ne fonctionne que si la toile se trouve dans un lieu habituellement plongé dans la pénombre, où aucune autre source de lumière plus puissante ne fait concurrence à l'Araignée ; c'est d'autant plus important qu'une Araignée n'a pas coutume de changer plusieurs fois d'endroit lorsqu'elle a tissé une toile, et ne peut jamais en tisser plusieurs. Lorsqu'elle a tissé une fois sa toile, elle y reste presque en permanence jusqu'à la fin de sa vie. Voilà pourquoi les Araignées photophores choisissent toujours soigneusement l'endroit où elles tisseront leur toile, et passent autant de temps à arpenter méticuleusement les environs avant de se déterminer. On dit que l'Araignée commence par le stade du " nomadisme " avant de passer au stade du " luminaire ". Une fois suspendue dans sa toile, l'Araignée peut rester immobile plusieurs jours, ne se déplaçant que lorsqu'il y a assez de proies dans la toile pour la nourrir pendant longtemps. Aussi les Araignées photophores ne se nourrissent-elles qu'une fois ou deux par semaine, ce qui a amené les Hiscontes à louer également leur frugalité. " Frugal comme la Gypsie " est un compliment à une personne très endurante qui se contente de peu, et " pratiquer le jeûne de l'Araignée " signifie supporter toutes les privations en attendant l'heure de parvenir à ses fins. Une puissante guilde de voleurs stalisois virtuoses se fait d'ailleurs reconnaître par le symbole jy apposé partout où elle frappe, en référence à la Gypsie.

Mais le plus étonnant dans la vie de l'Araignée photophore reste son étrange mode de reproduction. On ignore en effet comment se distinguent les Araignées mâles et femelles ; certains naturalistes pensent que toutes les Araignées sont des femelles et qu'elles n'ont pas besoin de mâles pour se reproduire ; d'autres affirment qu'un même individu peut changer de sexe à volonté pendant sa vie. En fait, on n'est sûr que de ce qu'on peut observer : une fois installée dans sa toile, une Araignée n'en sort qu'à de longs intervalles, et parcourt alors les environs, sans jamais s'éloigner beaucoup. C'est alors qu'elle peut rencontrer une autre Araignée. Toute rencontre entre deux Araignées photophores aboutit à des échanges de signaux lumineux d'une grande complexité, qui peuvent durer plusieurs heures (le naturaliste Axmel Sygall, ancien marin, en a établi un lexique en se fondant sur des rapprochements avec les signaux héliographiques utilisés par les matelots des navires d'expédition, mais le déchiffrage reste très incomplet à ce jour). Lorsque deux Araignées trouvent qu'elles se conviennent, selon des critères demeurant obscurs, elles regagnent l'une des toiles et s'y enferment toutes les deux.

Commence alors le troisième et dernier stade dans la vie d'une Araignée photophore, le stade du " lustre ", qui dure environ deux semaines. L'Araignée initialement propriétaire de la toile s'y suspend de nouveau comme pour se nourrir, les pattes étendues et allumées. On observe alors que le corps de l'Araignée se " lustrifie ", c'est-à-dire qu'il se cristallise peu à peu, pétrifié dans une matière semblable au cristal dont se servent les mages. Ce cristal émet la même puissante luminescence que les extrémités des pattes de l'Araignée. Le phénomène gagne ensuite la toile elle-même, en remontant jusqu'au plafond. Lorsque la toile s'est ainsi changée en une sorte de poire de cristal resplendissante, que l'on appelle un " lustre ", des fentes s'y font jour et une multitude de toutes petites Araignées photophores en sortent. Ce sont les enfants des deux Araignées enfermées à l'intérieur, et qui sont mortes pendant la lustrification de leur toile. Leurs rejetons passent leurs premières semaines dans le lustre, où ils trouvent assez de nourriture pour leur permettre de grandir, car les parents n'avaient pas consommé les derniers insectes pris dans la toile. Ils quittent ensuite leur luminaire natal et partent explorer le vaste monde, nouvelle génération de nomades.

Dans les premiers siècles du royaume d'Hiscontie, les tout premiers luminaires furent inspirés des araignées suspendues au plafond ; les plus luxueux, qui utilisaient des cristaux enchantés, étaient réservés au Palais du Roi et à l'Institut Pyramidal. Ce n'est qu'au XVIIème siècle après J, pendant la période tri-impériale, qu'apparurent des lustres en forme de poires, massifs et majestueux, entièrement composés de cristaux taillés. Mais ce n'étaient, au fond, que des répliques en plus grand des lustres des Araignées photophores. A partir du XIXème siècle après J, on renonça peu à peu à de tels ornements lourds et coûteux, et on revint à des goûts plus austères… plus proches de l'humeur des Araignées elles-mêmes, sans doute. Reste qu'aujourd'hui encore, par tradition, les lustres hiscontes ont tous huit branches.

Renseignements

Fréquence : commune dans les grandes villes, inhabituelle dans les villages, rare dans les campagnes et les espaces sauvages.

Taille : adulte, jusqu'à une trentaine de centimètres d'envergure toutes pattes déployées. A la naissance, quelques millimètres.

Armes naturelles : crocs acérés, mais inefficaces contre les proies dépassant la taille d'une mouche.

Nourriture : Mouches, Moucioles, Moustiques et autres petits insectes.

Indice de légende : 3 en ville, 1 ailleurs.

Déplacement : 3 ou 4 en galopant toutes pattes dehors, 1 habituellement. Peut se déplacer très vite d'un point à l'autre d'une pièce à l'aide de ses fils-lianes et de ses fils-parachutes.


L'Araignée photophore, pour BaSIC/Fantasia

Ces caractéristiques n'ont bien sûr d'intérêt que rapprochées de celles des autres créatures de cette taille, comme les Vers grecs ou les Pollypockets carnivores, et ne seront vraiment utiles en cours de jeu que si les Aventuriers se sont trouvés réduits à la même taille qu'eux, pour une raison ou pour une autre.

L'organisme des Araignées photophores comprend une petite partie de cristal, à l'origine de leur " lustrification " finale. Elles sont tout à fait adaptées à servir de familier à un magicien, et leur corps peut emmagasiner jusqu'à une vingtaine de PE. Leur lumière, habituellement dorée, devient alors légèrement bleutée.

Le " lustre " d'un couple d'Araignées photophores peut mesurer jusqu'à une trentaine de centimètres de hauteur et atteindre vingt centimètres de diamètre dans sa partie basse la plus large, soit une TAI de 3 ou 4. Comparé à un cristal véritable, il est étonnamment léger. Le cristal produit par l'organisme des Araignées photophores pendant leur lustrification est en fait d'une densité moindre que celle du cristal véritable, c'est pourquoi il peut emmagasiner un nombre de PE moins important, égal à 5 fois sa TAI (et non pas 20 fois, comme un cristal normal). Admettez tout de même que pour une ancienne toile d'araignée, ce n'est pas mal…


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