Le Feu stratosphérique
(ou : le forgeron et le coucher de soleil)
 
 

Tout lecteur de ce site un peu curieux se sera certainement posé la question suivante : comment les Nuagins s'y prennent-ils pour cuire leurs aliments et forger leurs armes ? En effet, sur les nuages et les plaines stratosphériques, on ne trouve pas de feu ; et ce n'est pas en captant la foudre qu'un Nuagin pourra fondre une lame d'épée (du moins pas au quotidien).

Où les Nuagins trouvent-ils le feu qui leur permet de forger leurs armes ? Et s'ils en ont la maîtrise, pourquoi les arts de la forge ne sont-ils pas plus développés chez eux ? Voici les questions auxquelles vous trouverez les réponses en lisant la suite.

Le Soleil dans la mythologie nuagine : légende de Rhéan et de Nali

Nali est la déesse-soleil, celle qui brille de tout temps et dispense la lumière au monde. Mais Nali n'a pas toujours été ce qu'elle est aujourd'hui. Autrefois, avant le Fagnah'Kepfh, au temps où les animaux des mers parlaient aux dieux, Nali était baleine. Tous les serviteurs de Whôlz l'admiraient pour sa beauté, car sa peau, dans l'eau comme hors de l'eau, luisait étrangement dans les ténèbres des profondeurs de Frême. Lorsqu'elle chantait - les baleines s'adressaient aux dieux et s'adressent aux Nuagins par les accents d'un chant mélodieux - le Palais d'Ecume tout entier faisait silence pour admirer la musique de sa voix. En outre et surtout, l'esprit de Nali dépassait de beaucoup sa beauté, au point que les dieux eux-mêmes prêtaient l'oreille aux conseils qu'elle donnait à ses soeurs baleines. Tous s'accordaient pour dire que Kanoutos, le Destin, avait véritablement créé là un être pareil aux dieux.

Le jour où Wel, le Ciel, fut créé, Nali et ses soeurs montèrent jusqu'à la surface de l'océan Frême, pour regarder les nuages et la demeure où allaient s'installer leurs maîtres, les dieux. Nali aperçut alors au loin les écailles de Rhéan, le Serpent-Horizon ; et aussitôt qu'elle le vit, elle l'aima et ne cessa plus de l'aimer. Pour exprimer la joie de son amour, elle se mit à bondir à la surface de l'océan, en soufflant de longs jets d'écume. L'attention de Rhéan s'en trouva attirée ; à son tour, il vit Nali - qu'il n'avait jamais vue, parce que lui résidait depuis toujours à l'extérieur du Palais d'Ecume - et en tomba à son tour éperdument amoureux. Malheureusement, les deux amants étaient condamnés à ne jamais se rapprocher, car Nali ne pouvait qu'appartenir à Frême (et, par la suite, elle rejoignit Wel en même temps que tous les animaux océanins, qui accompagnaient les dieux), mais Rhéan, qui séparait désormais Frême de Wel, n'appartenait ni à l'un, ni à l'autre. Nali et Rhéan se lamentaient amèrement, tant et si bien que Whôlz prit pitié de leur désespoir. Cependant, malgré sa toute-puissance, il n'avait pas le pouvoir de défaire ce qu'avait fait le Destin une fois qu'Org, le Temps, l'avait consacré ; il ne put donc pas créer de nouvel espace à côté de Rhéan pour que Nali puisse s'y glisser.

Whôlz supplia alors Kanoutos, le Destin lui-même, au nom de son fils ; Kanoutos finit par se laisser fléchir par la détresse des deux amants. Il permit à Nali de séjourner brièvement auprès de Rhéan, mais cela seulement deux fois par jour et tout juste pendant le temps qui serait nécessaire à Nali pour toucher Rhéan. La décision, bien que sévère, était irrévocable. Whôlz lui-même, bien qu'étant le Premier des dieux, dut s'y résoudre. Il donna alors des ailes à Nali - comme toutes ses soeurs, elle devint une baleine volante aux ailes d'azur, capable de voler dans le ciel aussi sûrement qu'elle flottait autrefois dans l'océan.

Depuis ce jour, Nali tourne autour de Wel et de Frême, afin de regarder Rhéan, son amant, sous tous les angles, tant elle est impatiente de le rejoindre. Elle fait un long voyage pour le voir, et parcourt toute l'étendue du ciel - et, la nuit, toute l'étendue de l'océan. A tous les mortels, elle apparaît flamboyante d'un halo éclatant, que le regard peine à soutenir, tant grande est sa beauté, que même les baleines d'aujourd'hui n'effleurent que de loin. Et voici pourquoi, deux fois par jour, une fois à l'aurore, une fois au couchant, le soleil touche l'horizon avant de passer d'un côté du monde à l'autre : Nali, en ces moments, peut enfin retrouver son amant, le Serpent-Horizon. A l'aube, lorsqu'elle a rencontré son amour pour la première fois, elle est joyeuse, et sa beauté s'en trouve rehaussée : rouge, elle aveugle tous ceux qui l'aperçoivent ; puis, peu à peu, la tristesse de se trouver séparée de lui la gagne de nouveau - sa lumière, de rouge, devient de plus en plus blanche, elle monte haut dans le ciel, seule l'espérance lui confère la force de poursuivre son voyage - elle se lamente, et c'est alors que les rayons du soleil commencent à décliner. Lorsqu'enfin, le soir, elle retrouve Rhéan pour la deuxième fois, au terme d'un long voyage dans le ciel, son amour flamboie de nouveau de rouge, avant qu'elle ne disparaisse aux regards de ceux du ciel, et ne plonge sous l'horizon, dans les profondeurs de Frême. Cependant, on peut encore suivre son voyage, car son image - la lune - traverse le ciel, reflétée par les écailles de Rhéan, de Frême jusque dans Wel.*

(*Ce mythe n'explique pas les phases de la Lune telles que nous les connaissons ; cela s'explique très simplement, par le fait que la Lune de Fantasia n'a pas les phases de la nôtre : la Lune fantasienne (Chrystô ou Séléné) est pleine chaque jour du mois.)

On raconte qu'à l'aube et au crépuscule, les rayons du soleil rougeoient dans le Haut-Ciel avec une intensité bien plus grande que ce que peuvent voir les habitants de la terre. Selon les Nuagins, cette lueur rouge, qui fait changer les nuages de couleur, est l'amour de Nali pour Rhéan, et sa joie qui éclate enfin en rehaussant sa beauté, lorsqu'elle a atteint le terme de son voyage et que son attente prend fin. L'Ilph, le Feu Doux utilisé par les Nuagins, n'est autre que le reflet de cet amour sur les nuages, qu'ils recueillent aux bords des plaines stratosphériques, lorsque celles-ci sont roses de la lumière de Nali.

 L'Ilph, le Feu stratosphérique

La légende que vous venez de lire illustre, de façon très poétique, un phénomène météorologique bien réel, qui se produit couramment dans la Stratosphère. Tous les jours, à l'aube et au crépuscule, les parties des nuages et des plaines stratosphériques qui se trouvent le plus directement exposées aux rayons du soleil, levant ou couchant, paraissent flamboyer d'un feu rouge vif, dont la lumière semble en même temps étrangement douce. Les Nuagins appellent ce feu "Ilph" ou "feu bienveillant". Beaucoup de Nuagins ont également pu observer la façon dont certains Arbres de Coton, poussant précisément à ces endroits des nuages, sont enflammés par l'Ilph. Les Nuagins ont ainsi appris à recueillir l'Ilph sur les Arbres de Coton et à l'utiliser à des fins domestiques.

En effet, ce feu stratosphérique, apparemment né de la simple réverbération de la lumière du soleil sur les plaines stratosphériques, diffère beaucoup du feu tel que le connaissent les habitants de l'En-Bas. Tout d'abord, l'aspect de ses "flammes" est très différent ; pour quelqu'un venu de l'En-Bas, il semblerait brûler "au ralenti", s'étendant par langues luminescentes, lentement, sans aucun crépitement. L'Ilph est presque immatériel. Il ressemble à une sorte de brume tout juste palpable, mais qui ne se disperse pas : on pourrait passer la main au travers sans aucun problème, en ressentant juste une chaleur relativement douce, comme celle d'une eau très chaude, mais justement pas brûlante. D'ailleurs, l'Ilph a ceci de particulier qu'il ne consume pas ce qu'il brûle : à l'état naturel, il s'éteint de lui-même, soufflé par le vent, et non par manque de combustible. Vous l'aurez deviné : l'Ilph est un "feu" parfaitement inoffensif.

L'Ilph domestiqué

La découverte des usages domestiques de l'Ilph remonte à une époque bien lointaine, alors que l'empire nuagin n'était pas encore unifié et que diverses peuplades nuagines vivaient séparément sur les plaines stratosphériques, se mêlant les unes aux autres ou s'affrontant en des guerres fratricides au gré de la dérive des nuages.

Les Nuagins apprirent vite à recueillir des langues du feu Ilph sur des branches d'Arbres de coton, où il naît spontanément le matin à certains endroits des nuages. Ils purent ainsi regrouper plusieurs luminescences d'Ilph dans de grands foyers, et faire naître des chaleurs plus intenses, presque aussi brûlantes que les feux de l'En-Bas. Cependant, dans un premier temps au moins, l'Ilph ne fut pas très utile aux Nuagins : ils n'avaient nul besoin de se chauffer, mangeaient crus la plupart de leurs aliments ; ils ne connaissaient nullement les arts de la forge, puisqu'on ne trouve pas de métal dans les plaines stratosphériques, et se contentaient fort bien d'ustensiles en bois sculpté.

Cependant, des artisans nuagins curieux s'intéressèrent aux propriétés techniques de l'Ilph. Ils découvrirent que, lorsqu'on y passait un rameau d'arbre-pierre, celui-ci se ramollissait et devenait malléable : on pouvait alors le sculpter et lui faire prendre diverses formes. C'est ainsi qu'apparurent chez les Nuagins les premiers ustensiles véritablement solides, "forgés" dans le bois des arbres-pierres. Tous les objets courants et toutes les armes que ceux de l'En-Bas ont l'habitude de forger dans du métal, les Nuagins les façonnent dans le bois-pierre. Ce bois, qui n'en est pas vraiment un, possède la dureté et la solidité du rocher, d'où son nom : lorsqu'il a été façonné après avoir été chauffé par l'Ilph, et qu'il refroidit, il retrouve cette extraordinaire dureté et devient quasi inaltérable. C'est pourquoi les armes blanches des Nuagins sont beaucoup plus meurtrières que celles des habitants de l'En-Bas - qui, elles, sont soumises à la rouille, et peuvent se briser, se tordre ou s'émousser facilement.

L'Ilphyaz, le Mal Mauve et les Guerriers du Nadir

Certains Nuagins découvrirent également qu'il était possible de boire l'Ilph. En effet, comme on l'a dit, les effets de ce feu stratosphérique sur l'organisme sont très différents de ceux du feu de l'En-Bas. N'importe quel être vivant peut ainsi absorber l'Ilph sans que sa santé en soit affectée. Même, au contraire, les Nuagins qui boivent l'Ilph en ressentent une étrange sensation de bien-être, leur fatigue de la journée disparaît, et leurs forces s'en trouvent renouvelées. En contrepartie, leur coeur, soumis aux étranges effets du feu, semble bouillir ; ils deviennent susceptibles - la moindre insulte ou provocation réveille leur colère et les met dans un état de rage destructrice. Ces effets durent souvent entre trois ou quatre heures, plus ou moins selon la quantité d'Ilph absorbée ; une fois dissipés, ils laissent place à une lancinante lassitude. Cette fatigue peut même faire tomber endormi celui qui aurait abusé de l'Ilph. Curieusement, les effets de l'Ilph cessent toujours avec la tombée de la nuit, mais sont beaucoup plus puissants à l'aube et au crépuscule, au moment où le soleil lui-même flamboie de passion... La peau d'un Nuagin qui a bu l'Ilph prend une coloration violacée, mauve, car le feu luit à l'intérieur de son corps, à travers son épiderme d'ordinaire bleu.

Il faut vous dire cependant que boire l'Ilph ne va pas sans danger, car les avantages qu'ils procure sont - comme toutes choses - doublés d'inconvénients. Si un Nuagin boit l'Ilph trop souvent, il finit par ne plus pouvoir s'en passer. Devenu dépendant, il doit en absorber tous les jours, faute de quoi il dépérit et sa santé se détériore gravement. Une fois qu'un Nuagin dépend de l'Ilph, nul ne peut plus le sauver : il n'arrive que très rarement que l'on puisse se libérer de cette dépendance. De plus, la vie du Nuagin est alors condamnée : en absorbant l'Ilph aussi souvent, il attrapera immanquablement ce que les Nuagins appellent le Mal Mauve. Le Mal Mauve résulte d'une réaction de l'organisme nuagin à la présence de l'Ilph ; on pourrait résumer cette réaction à une sorte d'allergie à la chaleur. Les Nuagins supportant couramment des températures de moins cinquante degrés, ne supportent pas que leur corps se réchauffe trop longtemps plus que la normale. Leurs organes s'en trouvent affectés et se détériorent plus vite. C'est la raison pour laquelle tout Nuagin dépendant à l'Ilph mourra beaucoup plus jeune que les autres.

Bien évidemment, de nombreux nuagins cherchèrent à profiter de ces propriétés revigorantes. C'est alors qu'ils commencèrent à utiliser l'Ilph (et l'utilisent toujours, d'ailleurs) à des fins guerrières. Lors des premières batailles qui opposèrent les peuplades nuagines, aux débuts de l'unification de l'empire, les guerriers qui buvaient l'Ilph surprirent leurs adversaires par leur férocité et marquèrent les esprits par les victoires qu'ils remportèrent - mais aussi par les massacres qu'ils perpétrèrent chez leurs adversaires. Les premiers Nuagins à user de l'Ilph comme stimulant au combat attendaient d'ordinaire la fin de la journée, quand les guerriers des deux camps étaient épuisés de se battre ; ils buvaient alors l'Ilph et toute leur fatigue disparaissait - ils fondaient alors sur des adversaires beaucoup plus faibles qu'eux, et le soleil couchant ravivait encore leur fureur - mais ils devaient vaincre ou se retirer du combat avant la nuit, car alors eux-mêmes tombaient de fatigue. Cette technique de combat utilisant l'Ilph est aujourd'hui encore employée par certains Guerriers des Limbes, qui lui ont donné le nom d'Ilphyaz, souffle du feu ou sifflement du feu, pour le différencier du Wolyaz, le sifflement du vent.

Lorsque l'explorateur hisconte Swann Koja voyagea dans la Stratosphère et qu'il séjourna chez les Nuagins, il fut très impressionné en voyant à l'oeuvre des guerriers entraînés à l'Ilphyaz et dépendants de l'Ilph depuis leur plus jeune âge. Ces guerriers avaient volontairement accepté de sacrifier une partie de leur espérance de vie pour pouvoir défendre plus efficacement leurs nuages natals. Dans ses récits de voyages, Koja appelle ces guerriers les "guerriers du Nadir", par allusion à la direction où se couche le soleil. Les Nuagins, pour leur part, appellent plutôt ces guerriers les "guerriers de l'Ilph", ou, plus anciennement, les "guerriers mauves".

L'Ilph en termes de jeu : tout Nuagin qui boit une dose d'Ilph voit sa CONstitution, sa FORce et sa DEXtérité augmentées de 1 point et toutes ses compétences physiques bénéficient d'un bonus de 5% ; son bonus aux dommages est augmenté de 2 points. Il est possible de boire plus d'une dose, les effets sont cumulatifs : ainsi, en buvant 2 doses, FOR, DEX et CON augmenteront de 2 points, les compétences physiques auront un bonus de 10% et le bonus aux dommages sera augmenté de 4 points. (N'oubliez pas de réajuster le bonus aux dommages en fonction de la FORce augmentée en plus de l'augmentation en points.)

Au lever et au coucher du soleil, les caractéristiques ci-dessus sont augmentées de 1 point supplémentaire, le bonus est de 5% supplémentaires et le bonus aux dommages est augmenté de 2 points supplémentaire (l'aube et le crépuscule n'étant pas très longs, et pour éviter des effets trop "bourrins", on considèrera que ces bonus supplémentaires ne durent qu'une vingtaine de minutes au grand maximum).

Les effets de l'Ilph durent entre 3 et 4 heures, ou jusqu'à la tombée de la nuit. Au moment où cessent les effets de l'Ilph, tous les bonus disparaissent (évidemment !) ; le Nuagin doit alors réussir un jet sur 1d100 en-dessous de sa CONstitution x4. S'il n'a bu qu'une dose d'Ilph, il n'a aucun malus ; s'il a bu deux doses, le jet se fait avec un malus de 10% ; pour 3 doses, le malus est de 20%, de 30% pour 4 doses, etc.

Si le jet est une réussite exceptionnelle, le Nuagin est simplement fatigué : toutes ses compétences subissent un malus de 5% pendant une demi-heure. Si le jet est une réussite, le Nuagin est très fatigué : le malus aux compétences est de 5%, mais dure une heure après la fin des effets de l'Ilph. Si le jet est un échec, le Nuagin est proprement épuisé : le malus aux compétences est de 10% et dure deux heures. Si le jet est un échec catastrophique, le Nuagin tombe endormi sur place ; il dormira trois heures, et, au réveil, subira encore un malus de 5% à tous ses jets de compétences pendant les 5 heures suivantes.


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