L'exploration du Ciel fantasien

 

 

Bien entendu, les humains ne vivant pas dans le ciel, ils ne savaient pas ce qui s'y trouvait avant de l'explorer... Voici une petite histoire de l'exploration du ciel, telle qu'elle fut menée par les Hiscontes.

Les vols à basse altitude

Aéroptère hisconte, fin époque tri-impériale, par TybaltCe ne fut qu'en 1503 que fut créée la première machine volante vraiment efficace, inventée par un ingénieur nain hisconte. Les machines volantes qui avaient été construites jusque là ne permettaient que de voler à basse altitude, lorsqu'elles permettaient autre chose qu'un vol plané suivi d'un atterrissage plus que mouvementé...

Cette machine, appelée l'aéroptère, n'était rien d'autre qu'une nacelle surmontée d'une vessie remplie d'un gaz plus léger que l'air. Le principe était extrêmement simple, mais c'était la première fois qu'on l'utilisait pour transporter des humains. L'aéroptère avait l'avantage de pouvoir voler à n'importe quelle altitude, selon la quantité de gaz que renfermait la vessie. Par la suite, l'aéroptère connut de multiples améliorations, qui le conduisirent peu à peu à ressembler à ce que nous appelons un dirigeable. C'est alors qu'on entreprit le tout premier vol organisé avec passagers, en l'an 1509 ; le roi Fennovar, 55ième du nom, vola à bord d'un aéroptère l'année suivante.

Comprenant l'intérêt que représentaient les aéroptères pour l'exploration et le développement du pays, Fennovar LV entreprit la construction d'une flotte aérienne royale, qui resta dans l'histoire sous le nom de Grand' Armada. la Grand'Armada avait plusieurs objectifs :

- d'abord, elle renforcerait encore la domination royale sur les régions hiscontes les plus éloignées, et éteindrait toute velléité éventuelle de révolte chez les seigneurs provinciaux. Dès 1515, le roi s'appropriait le droit exclusif d'exploiter la technologie de l'aéroptère. Seuls les ingénieurs royaux avaient le droit de travailler à l'amélioration des engins volants. En 1524, des balistes furent installées à bord des aéroptères et des plaques d'acier protégèrent les vessies à gaz, faisant de ces engins les plus puissants instruments de combat dont avait jamais disposé la royauté hisconte. Au demeurant, ces vaisseaux de guerre furent peu utilisés, et ne suffirent en rien à stopper la progression des armées tri-impériales en 1595, lors de l'invasion venue des Trois Empires.

- la Grand'Armada avait également un objectif scientifique, celui d'explorer les régions adjacentes à l'Hiscontie pour découvrir et coloniser de nouvelles provinces. Malheureusement, les manifestations du Nonsense vinrent très vite à bout des expéditions volant à basse altitude, et les aérostiers (membres d'équipage des aéroptères) disparurent par dizaines lors de ces vols de reconnaissance. Cela conduisit le roi à abandonner en 1585 toute exploration par la voie des airs.

- l'utilisation civile des aérostiers fut plus concluante. D'abord, ces engins volants donnaient une vue plus vaste des champs et des cours d'eau, permettant cartographier le pays de façon beaucoup plus fiable. On doit la première de ces cartes, qui est toujours utilisée aujourd'hui, aux travaux de Syril Malaffian, érudit et membre de l'Université royale. Ensuite, les aéroptères connurent un succès incontestable dans le domaine des transports, et ce jusqu'au Cataclysme Etrange. A partir de là, ils devinrent (pour de multiples raisons, notamment la perte des techniques de construction tri-impériales et des sorts de protection de la magie chaomantique) bien moins sûrs que les montures naturelles, comme les schmürxzls volants, un instant abandonnés au profit des aéroptères (les Postiers royaux recommencèrent à utiliser les schmürxzls en 1806, car les pertes de courrier dues aux accidents de vol des aéroptères devenaient trop fréquentes et trop graves).

L'aéroptère connut un déclin considérable après le Cataclysme Etrange. Les magnifiques engins construits par les Tri-Impériaux sous la domination Hiscascir, et qui rivalisaient de beauté et d'élégance avec les Palais eux-mêmes, disparurent de la circulation. Même le commerce par la voie des airs est aujourd'hui quasiment abandonné. Mais on assiste de nos jours à un nouvel intérêt des ingénieurs dans ce domaine ; les engins de vol à basse altitude semblent aujourd'hui s'orienter vers des appareils plus petits et plus maniables, des sortes de "montures mécaniques" basées sur une technologie différente de celle des aéroptères, qui imite le vol des schmürxzls.

 

Les premiers vols en haute altitude

 Les premiers vols en haute altitude furent réalisés en 1636 ; cette date tardive s'explique par plusieurs raisons. D'abord, la plupart des gens pensaient qu'il n'y avait rien d'autre que de l'air au-dessus d'eux ; en effet, selon la raison populaire, "s'il y avait eu quelque chose, ça aurait fait de l'ombre". D'autre part, les projets des rares scientifiques prêts à s'intéresser aux hautes couches de l'atmosphère se voyaient retardés par la grande crainte des ministres du Roi, qui s'attendaient à trouver dans le ciel des choses encore pires que sur la terre. Ce n'est qu'en 1615 qu'un érudit de renom appelé le Professeur Arkin - professeur à l'Université, et qui avait déjà décliné plusieurs propositions de postes d'importance au Palais - réalisa un dossier d'enquête où il rassemblait toutes les légendes hiscontes ayant trait au ciel et à ses habitants. Il mit le Roi devant une évidence : ces légendes abondaient. Bien sûr, il ne s'agissait que de rumeurs, d'histoires, de contes que l'on racontait aux enfants le soir au coin du feu, mais leur nombre signifiait assurément quelque chose ; on n'invente pas autant d'histoires sans partir de faits réels. "Et tant qu'à faire, se disait le Professeur, si nous en avons les moyens, pourquoi ne pas aller vérifier ?"

Il obtint ainsi en 1633 l'autorisation de mettre sur pied une expédition dont le projet serait d'explorer les parties du ciel les plus hautes. Le financement et le rassemblement de l'équipement nécessaires prirent encore trois ans ; et c'est donc en 1636 que l'aéroptère Elios, avec à son bord le Professeur Arkin, ses assistants et une vingtaine d'aérostiers, décolla d'un aéroport aux environs de Stalis. L'appareil passa près d'une semaine dans les airs, et s'éleva à l'altitude exceptionnelle de 12 kilomètres, ce qui n'est presque rien à l'échelle de l'atmosphère fantasienne, mais était révolutionnaire à l'époque. Il n'y eut absolument aucun incident pendant le vol, ce qui encouragea le Professeur à organiser d'autres expéditions. En revanche, il prit soin de noter tout ce qu'il observait pendant ce premier voyage, afin de faciliter la suite de l'exploration. C'est lui qui signala la baisse régulière de la température avec l'augmentation de l'altitude, et les explorateurs qui vinrent après lui eurent ainsi soin de se munir de vêtements chauds et de sorts de chaleur pour pallier à cet inconvénient. Il élabora même une théorie sur cette baisse de température, mais celle-ci l'ayant amené à conclure que la température à une altitude de 100 kilomètres ne dépassait pas les moins deux cent cinquante degrés, elle fut vite dénigrée par les observations qui suivirent.

On s'étonna grandement de la stabilité du ciel ; pour une fois, on pouvait explorer un endroit sans qu'il advienne n'importe quoi à chaque instant. "Nous avons essayé le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest, déclara dans un discours au peuple le roi Fennovar LV, mais à présent, notre avenir est d'explorer le Zénith !" C'est pourquoi les premiers explorateurs du ciel furent appelés "hélionautes" : cavaliers du soleil*. Au début, les hiscontes se passionnèrent pour l'exploration des hauteurs ; mais cet enthousiasme retomba peu à peu, malgré les découvertes successives qui relancèrent l'intérêt du peuple à plusieurs reprises.

* Cette traduction n'est qu'approximative (naute signifiant normalement "marin") ; par la suite, le terme le plus fréquent pour désigner ces voyageurs du ciel fut "aéronaute", nom moins poétique, mais qui plaisait davantage aux principaux intéressés.

 

L'aventure des aéronautes

Dans les années suivantes, d'autres explorateurs se joignirent au Professeur Arkin ; parmi eux, citons Gérard Xaphtan, qui dépassa le premier les 50 kilomètres d'altitude ; Swann Koja, qui passa cinq ans chez les Nuagins et décrivit leur milieu de vie ; et Wilhelm Fennovar, un cousin du roi, qui s'intéressa de très près à la faune et à la flore de la stratosphère (on lui doit notamment de célèbres études sur la vie sociale des Flapodontes).

Il serait trop long de détailler ici chaque péripétie de cette grande aventure que fut l'exploration de l'En-Haut. Cependant, il faut savoir que la période de domination tri-impériale apporta beaucoup aux aéronautes, tant par l'intérêt que portèrent les Trois Empires à l'exploration des hautes couches de l'atmosphère que par la considérable amélioration des engins volants à cette époque. La découverte d'une vie spécifique à la Stratosphère relança considérablement les théories des érudits, qui jusque là croyaient cette vie impossible. Nombreux furent ceux qui imputèrent cette vie à l'action du Nonsense, mais il se révéla par la suite que la présence de chaque animal dans la Stratosphère se justifiait par une adaptation à ce milieu naturel ; cela donna lieu à de formidables débats entre scientifiques. Plus encore, les premiers récits des voyages que fit Swann Koja chez les Nuagins suscitèrent un intérêt encore plus grand. On se demanda si les Nuagins étaient des Humains, ou s'ils constituaient une espèce intelligente à part entière. On se demanda comment ils avaient élu domicile dans un endroit pareil. On se demanda bien d'autres choses encore ; malheureusement, on cherche toujours les réponses à beaucoup de ces questions... mais cette quête de savoir raviva les curiosités. On voulait aller plus haut, encore plus haut. Cette période fut une véritable apogée pour l'exploration du haut-ciel. Des aéroptères s'élancèrent par dizaines vers des hauteurs toujours plus élevées. En 1723, année du Cataclysme Etrange, on était déjà monté à près de 100 kilomètres de haut, et quelques aventuriers intrépides avaient déjà bravé les feux de la Thermosphère, rapportant de l'En-Haut les premières visions d'une Ionosphère sombre et mystérieuse.

 

Le déclin post-impérial

Hélas, la disparition soudaine des technologies tri-impériales porta un grand coup à cette exploration. On ne pouvait plus ni construire, ni réparer des aéroptères aussi performants que ceux qu'avait connus la période hiscascir. Peu d'apprentis connaissaient ce savoir-faire pour l'avoir appris auprès des artisans des Empires, et les tentatives d'imitation de ces techniques se révélèrent pour la plupart totalement inefficaces. Les anciens appareils furent perdus les uns après les autres dans des accidents, d'autant que les explorateurs exploraient maintenant les parties les plus dangereuses du ciel fantasien : la mésosphère, puis la thermosphère...

Peu à peu, on cessa de monter aussi haut qu'auparavant. Faute d'appareils et de savoir-faire suffisants, l'exploration des hauteurs sombra dans une période de déclin, puis d'abandon pur et simple. Seuls les quelques liens noués avec les peuples stratosphériques pendant l'apogée tri-impériale furent conservés, grâce aux efforts des nostalgiques de cette époque et de jeunes étudiants de l'Université qui se regroupèrent en communautés d'exploration aux effectifs peu nombreux, mais extrêmement motivés. Quant aux premiers rois de la dynastie Tifelmas, ils délaissèrent ce domaine d'exploration, se concentrant sur de vaines expéditions navales qui coûtèrent beaucoup et apprirent très peu.

 

Aujourd'hui : le renouveau

Fort heureusement pour les aéronautes, l'exploration de l'En-Haut semble de nos jours connaître un regain d'intérêt auprès de la population. Portée par les efforts récents de Tifelmas XXXIV pour éduquer le "bas peuple" et la vulgarisation scientifique, concept inconnu jusqu'alors, une nouvelle génération d'étudiants se presse à la porte des Universités. Curieuse de tout, et surtout de l'inconnu, elle s'intéresse au savoir perdu lors du Cataclysme Etrange, et cherche à compenser cette perte de toutes les façons possibles, soit en reconstituant ce savoir ancien, soit en le remplaçant par des connaissances nouvelles. Ces étudiants sont à l'origine de nombreux projets, dont celui d'une nouvelle expédition stratosphérique rassemblant érudits, mages et simples civils. Quelle sera le destin de cette expédition, nul ne peut le dire à l'avance ; mais l'avenir risque d'être fort intéressant de ce point de vue là...

 


Retourner à l'Atlas