Les cabinets d'érudits

 

Les cabinets d'érudits sont un phénomène relativement récent en Hiscontie ; on les rencontre surtout dans la capitale, Stalis, où se concentre l'élite de la société scientifique. Jusqu'alors, les gens qui avaient la chance de savoir beaucoup de choses et le désir d'en apprendre encore plus se contentaient d'un poste de professeur à l'Université, de Maître-Mage à l'Institut ou de conservateur au Musée, quand ils ne partaient pas s'établir dans la campagne proche, loin du vacarme de la ville, pour avoir la paix. Leurs recherches n'avaient rien d'officielles, il ne s'agissait que de simples lubies, des curiosités d'érudits, une sorte de sport : un érudit s'attaquait à un problème de mathématiques, de philosophie, de magie ou de toute autre science, et il passait quelques années à le résoudre hors de ses horaires de travail, simplement pour le plaisir d'apprendre quelque chose.

Mais vers les années 2000 après J, lorsque la République Hisconte connut son avènement véritable et que les dernières générations bouillonnèrent de jeunes esprits curieux, alors que les initiatives fusaient de toutes parts, que l'envie de savoir et d'apprendre, de découvrir et de rechercher, s'étendait au pays tout entier, il vint à l'esprit de certains érudits et de quelques mages de s'établir à leur propre compte, non plus dans le but d'effectuer des recherches subsidiaires, mais afin de faire de leurs recherches personnelles une profession à part entière ; c'est ce qu'on appela plus tard les cabinets d'érudits.

Les érudits ainsi professionnalisés tiennent des cabinets de travail, où ils restent presque toutes leurs journées à rechercher, à travailler, à écrire, à commenter, à réfléchir, à se poser des questions, bref, tout ce qu'un érudit fait dès qu'il possède un peu de temps libre, au moment où les simples citadins se donnent rendez-vous à l'auberge pour vider quelques choppes en discutant de choses et d'autres. Ces érudits-là ne se rendent pas à l'Université ou à l'Institut pour y donner des cours magistraux, non ; ils attendent que quelqu'un vienne leur demander conseil pour résoudre un problème. Leur porte est ouverte à à peu près n'importe qui : ainsi, tout le monde peut frapper à leur porte et profiter de leur savoir, lequel, vous le savez, est très étendu, et repartir avec la réponse à une question plus ou moins pointue, moyennant un certain prix. Si la question nécessite des recherches approfondies, l'érudit vous donne un certain délai au bout duquel on peut revenir en espérant obtenir une réponse plus détaillée. Les prix sont d'autant plus élevés que les recherches à faire sont longues et difficiles, mais ils restent très raisonnables, et un érudit vous sera toujours reconnaissant de lui avoir posé une question, si celle-ci lui donne l'occasion d'apprendre encore de nouvelles choses.

Le principe des cabinets d'érudits eut tout de suite beaucoup de succès, pour la bonne raison que les gens qui avaient besoin de consulter les érudits étaient très nombreux. Aventuriers, armateurs, naturalistes, agents royaux, tous recherchaient les conseils d'un érudit pour des raisons différentes, et dans des buts différents. Certains voulaient avoir des renseignements sur tel ancien aventurier disparu dans les régions instables, d'autres recherchaient les différentes façons dont le Nonsense pouvait affecter un sortilège, d'autres encore comment faire rebondir un carreau d'arbalète sur les murs des maisons de façon à atteindr eun adversaire placé derrière soi... Leurs nouvelles occupations plaisaient bien aux érudits, car ils avaient le droit d'acepter ou de refuser les demandes selon leur bon plaisir, et pouvaient ensuite se consacrer à leurs recherches avec un intérêt toujours renouvelé. toujours est-il que de nombreux érudits purent ainsi s'assurer un train de vie convenable, eux qui vivaient autrefois dans la précarité, pour ne pas dire dans la pauvreté. Quant aux autorités royales, elles encouragent encore de nos jours l'ouverture de nouveaux cabinets d'érudits, car ce principe de "commerce du savoir" assure des échanges de connaissances on ne peut plus bénéfiques pour le niveau général d'éducation de la population.

Ainsi, de nombreux aventuriers sont devenus des habitués de certains cabinets d'érudits ; en effet, même si une bonne partie de leurs gains y passent, consulter un érudit leur fournit des informations précieuses dans la résolution de leurs quêtes.

  


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