L'Oxymore

 

 
" Des glapissements qui se rapprochent, deux torches dans la nuit grise, un grondement haletant
Et la mort, à vos talons, vous cherche, vous chasse, vous glace les membres,
Et l'espoir dernier s'enfuit."
- Fredan de Noiroche, "L'Oxymore", ds "Les chants de la Miauleuse"
 
"Prenez garde, prenez garde : l'occis mord !"
- Cri de Venyn le Chasseur, Chroniques de la Longue Chasse, 850 ap. J

 

 

Provenance : inconnue, peut-être créé par l'enchanteur Pshydre pendant les Guerres des Vassaux.

Usage habituel : aucun, vit à l'état sauvage ; anciennement, utilisé comme instrument de guerre par le baron d'Estramace.

Résistance : excellente

Dégâts : effrayants, voir plus bas.

Exemplaires : sans doute une quinzaine au maximum, rôdant dans toute l'Hiscontie.

Que dire de l'Oxymore ? Ce terrible fauve, par qui seuls quelques chasseurs ont eu la male chance d'être pourchassés, ressemble à une sorte de loup géant, de près de trois mètres au garrot ; son pelage gris sombre, parfois lacéré de touffes presque noires, semble faire luire encore plus cruellement ses yeux couleur de feu. Lorsqu'il s'apprête à vous mordre les membres, ses babines violacées découvrent des dents de fer, longues, et meurtrièrement effilées - contrairement à ce que laisse croire leur trompeuse couleur de rouille.

L'Oxymore est ainsi fait : tout en lui est paradoxe. Sa masse énorme semble pataude, balourde, il se traîne, presque comique à regarder ; l'instant d'après, pourtant, il s'élance vers sa proie, oreilles rabattues en arrière, ses pattes frôlant à peine le sol, avec une rapidité effarante. Ses dents de métal vous donnent l'impression de devoir tomber en morceaux à sa première morsure ? Erreur, elles sont tranchantes comme des rasoirs, et pourraient broyer une épaisse poutre de bois sans faiblir. La bête apparaît couverte d'une douce fourrure grise ? Nouvelle erreur : tout comme ses dents, sa fourrure est de fer. Chacun de ses poils est une aiguille longue et pointue, souple et flexible, mais qu'il serait vain de vouloir casser ou plier de force ; ces poils-aiguilles atteignent souvent plus de tente centimètres de long. Vous voudriez le combattre à coups d'épée, de haches ou de sortilèges ? Votre erreur vous serait fatale : car l'Oxymore n'est pas de ceux que l'on abat comme un vulgaire gibier. Vous aviez cru que je parlais ici d'un animal ordinaire ? Naïfs que vous êtes, l'Oxymore n'est fait ni d'os ni de chair : son squelette, ses entrailles, sont de fer et de bois, son cerveau n'est que rouages - et cela, seul le plus avisé pourra s'en douter, peut-être en faisant le lien entre ces dents et ce pelage métalliques, et le halètement continu qu'émet la bête. Ce halètement, ce grondement ronronnant et chuintant, n'est autre que le bruit de la machine, celle qui fait vivre l'Oxymore - et qui, seule, pourra le tuer en cessant de fonctionner.

Malheureusement, l'épais pelage de fer qui recouvre l'Oxymore ne peut être percé ni entaillé par aucune lame. La seule solution pour abattre la créature consiste à s'armer d'un long espadon de bois solide, et à l'enfoncer dans sa large gueule, en le poussant le plus profondément possible vers l'arrière-train et un peu vers le haut, et ce jusqu'à ce que même le bout du manche ne dépasse plus d'entre les dents. C'est là l'unique blessure pouvant tuer un Oxymore, le seul moyen pour mettre fin à l'existence de cette infernale machine à tuer.

Et encore ! Lorsque l'Oxymore gît abattu, qu'il agonise, qu'il paraît inoffensif - là encore, gardez-vous de vous approcher de lui. Car la bête garde dans son mécanisme pervers une dernière mauvaise surprise. Si quelque chasseur ou aventurier trop téméraire se rapproche trop hardiment de sa gueule, l'animal, quoique paraissant inconscient l'instant d'avant, jettera vers lui sa gueule grande ouverte, et lui happera la jambe avant d'expirer. Cela fait, et une fois l'Oxymore véritablement mort, nul ne pourra jamais écarter les mâchoires, et la jambe y restera éternellement prise. A moins d'une amputation douloureuse, le malheureux est condamné à rester en cette funeste compagnie jusqu'à mourir de froid/faim/soif/peur/dépression/etc...

Les origines de l'Oxymore sont troubles. Certains attribuent son apparition à la simple action du Nonsense, peut-être exercée sur l'atelier d'un menuisier ou d'un forgeron, et qui aurait donné naissance à cette chimère ferrugisylve. D'autres la font remonter aux Guerres des Vassaux. A cette époque en effet, les seigneurs et les barons disposaient tous d'un ou plusieurs enchanteurs puissants, sur qui ils comptaient grandement pour la défense de leurs domaines. L'un de ces enchanteurs anciens, un Nain nommé Pshydre, n'avait pas son pareil pour inventer des machines infernales et des animaux mécaniques à seule fin de servir son maître et protecteur, le baron Estramace, puissant seigneur de guerre. L'Oxymore aurait été la dernière et la plus sournoise de ses créations ; elle ne lui apporta pas grand honneur, puisqu'Estramace le fit assassiner peu après, par crainte que l'enchanteur ne le trahisse - et peu avant d'être lui-même défait en combat par Henyas Fennovar. La vie de l'Oxymore, ainsi que son intelligence, sont contenues dans un cristal enchanté placé au beau milieu de son squelette métallique, entre les os de son bassin. La manoeuvre indiquée plus haut, accomplie avec un long épieu ou un espadon, est la seule qui permette de traverser le corps et les rouages du monstre jusqu'au cristal et - avec un peu de chance - de le briser.

Vous l'aurez compris, l'Oxymore est sans doute le pire fauve de toute l'Hiscontie ; malheureux celui qui le rencontre sans connaître (et peu le connaissent) le moyen de le tuer. Heureusement, cette terrifiante créature est extrêmement rare, et les quelques spécimens représentant encore son espèce rôdent dans les régions les moins peuplées de l'Hiscontie - landes abandonnées, sombres forêts, manoirs en ruines...


Renseignements :

Fréquence :

très rare

Alimentation :

petits animaux, par exemple vous et moi.

Taille :

impressionnante (2,5 m au garrot et plus de 5 m de long)

Indice de légende :

2 (peu le connaissent, et ceux qui font sa connaissance ne le connaissent pas assez longtemps pour le faire connaître aux autres).

Armes naturelles :

crocs tranchants, fourrure effilée, griffes nonpareilles.

Déplacement :

4 (en marchant)/14 (en courant).


L'Oxymore, pour Fantasia/BaSIC
FOR 24
CON 18
TAI 27
INT 15
POU 13
DEX 13
PV 23
Bonus aux dommages : +2d6
Mouvement : 4 (en marchant)/14 (en courant).
Armure naturelle : 15*
Armure magique : 15*
Athlétisme 65%
Cascade 30%
Chasser 55%
Esquiver 15%
Vigilance 50%
Mordre 65% (1d10+5+Bd)
Griffer 55% (2d6+5+Bd)
Piétiner 45% (Bd/2+4)**

* L'enchantement insufflé dans le cristal qui sert de coeur et de cerveau à l'Oxymore accorde à la créature-artefact une protection extrêmement efficace contre toute attaque extérieure. Tout sortilège lancé contre un Oxymore voit ses chances de réussite diminuées de 25%. De plus, tout dommage, physique ou magique, se voit diminué de 15 ; mais cette armure n'est valable que pour "l'extérieur" de l'Oxymore, c'est-à-dire toute la surface de sa "peau" et de sa fourrure, ses griffes, ses dents, ses pattes. "L'intérieur" du monstre, c'est-à-dire ses rouages internes et le cristal lui-même, ne sont pas protégés. L'Oxymore n'est donc vraiment vulnérable que lorsqu'il ouvre la bouche pour tuer...

** Un Oxymore est suffisamment gros pour pouvoir piétiner quelqu'un sous ses pattes. Il ne peut le faire que sur un adversaire de TAI inférieur ou égale à 18, et uniquement si cet adversaire est à terre. Les dommages à chaque round sont égaux à la moitié du bonus aux dommages, c'est-à-dire le résultat des 2d6 divisé par deux, plus 4.


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