Bibliothèque d'Hiscontie

 

Vous trouverez sur cette page la présentation des ouvrages les plus célèbres, les plus utiles et les plus beaux écrits et publiés en Hiscontie.

Ouvrages disponibles :

Chronique de la Longue Chasse, par le poète Tanghrame

Chroniques de l'Histoire de l'Hiscontie, par par Memnon, Avenant de Kérès, Donélie de Kar-Andya, Maxime d'Enaq, Gnotis Philémon, entre autres

Cabinet des contes et légendes d'Hiscontie, collectif des érudits de Karacy, dirigé par Hansel et Nils Sgrö

Code Esotérique, publication d'Etat de l'Institut Pyramidal

Registre d'Etat des Sortilèges de Magie Hisconte, publication d'Etat de l'Institut Pyramidal

Cinq Stances sur l'Infortune, par Nimuphlar le Fier, traductions de Tlimk I & II (fiche communiquée par Nico du dème de Naxos)

Génies des puits et des fossés, par le Facteur Argus et Raphaël Courtepage (fiche communiquée par le Baron Von Rawt) .


Chronique de la Longue Chasse, par le poète Tanghrame

Genre : épopée (en vers, style noble). Contrairement à ce que pourrait indiquer son titre, ce n'est pas une chronique...

Support : légende orale hisconte des premiers temps du pays, réagencée et mise par écrit vers 900 par Tanghrame sous forme poétique ; diffusée par les manuscrits de son oeuvre depuis lors, la plupart richement enluminés vu la postérité de l'oeuvre.

L'auteur et la genèse de l'oeuvre : le Chroniqueur Tanghrame (855-913 après J) fut soldat et compagnon d'armes du futur roi Henyas Ier Fennovar avant et pendant la Guerre des Vassaux. C'est sur son ordre qu'il entreprit, vers 900, de consigner par écrit une des plus importantes légendes du peuple hisconte, celle de la Longue Chasse, et par là de montrer ses talents de poète. La composition de cette épopée, qui est la plus célèbre et sans doute la plus belle en langue hisconte, l'occupa pendant toute la fin de sa vie et était à peine achevée à sa mort en 913 ; la publication fut posthume. La Chronique de la Longue Chasse est caractéristique de la démarche du tout premier roi d'Hiscontie, qui cherchait à souder son peuple autour d'une identité commune, parachevant son entreprise de fondateur de la nation hisconte.

L'oeuvre : la Chronique de la Longue Chasse est une épopée en 20 livres qui narre la légende de l'Oxymore, une créature-artefact monstrueuse créée pendant la Guerre des Vassaux par le Baron Estramace, un puissant seigneur qui combattait dans le camp de la coalition seigneuriale opposée à Henyas. L'épopée commence par une invocation aux Fortunes, afin qu'elles guident le poète dans la composition de son récit ; elle est suivie d'une adresse à Henyas, roi à cette époque et mécène de Tanghrame, et d'un éloge de ses qualités de guerrier et de souverain. Les livres I et II racontent brièvement l'arrivée des futurs Hiscontes en Hiscontie, leur découverte du pays, puis leurs divisions et le déclenchement de la Guerre des Vassaux ; la naissance et la jeunesse de Henyas, puis ses prétentions à la royauté, sont décrites parallèlement, surtout au livre II. Les livres III et IV narrent la jeunesse et la montée en puissance du Baron Estramace, en insistant sur sa cruauté et son caractère machiavélique, mais le livre IV décrit aussi longuement ses prouesses avant la guerre et au début de la guerre. Le livre V est un monumental catalogue des armées qui décrit les forces en présence aux premiers temps de la Guerre des Vassaux, et passe successivement en revue les troupes des seigneurs coalisés contre Henyas, puis les forces de Henyas lui-même.

Le livre VI contient une monumentale description de la première grande bataille de la guerre, dite Bataille des Champs de Poussière, où l'ensemble des armées s'affronte ; c'est un véritable morceau de bravoure où Tanghrame révèle son habileté dans les descriptions amples, notamment les masses engagées dans le combat et leurs manoeuvres successives, et aussi son goût pour les descriptions pittoresques dans les évocations des sortilèges des nécromants, des armes étranges des Armuriers-Forgerons olmartois et surtout dans les descriptions des machines de guerre. Après le dénouement de cette bataille, le récit se focalise de nouveau sur le Baron Estramace au livre VII : on y voit sa rencontre avec le Nain Pshydre, futur concepteur de l'Oxymore. Le personnage de Pshydre, qui tient une place très importante dans l'épopée, deviendra par la suite le type même du sorcier en littérature : c'est tout à la fois un enchanteur, un nécromant et un alchimiste-forgeron unique en son temps, mais c'est aussi un courtisan et un manipulateur, qui semble utiliser le goût d'Estramace pour le carnage afin de donner libre cours à ses propres visées démoniaques... Le livre VII se poursuit par l'entretien durant lequel Estramace passe commande d'une machine de guerre redoutable à son nouvel enchanteur. Le livre VIII commence par une tirade où le nain Pshydre invoque à son aide les divinités souterraines mais surtout le Dieu-Fou (divinité archaïque personnifiant le Grand Absurde, prônant la dissolution et la dispersion de toute société et de toute communauté). Par une ellipse restée célèbre dans la littérature hisconte, la fabrication de l'Oxymore elle-même n'est pas racontée, et le livre se termine par une ekphrasis (NdT : l'ekphrasis est, dans une oeuvre littéraire, la description d'une oeuvre d'art, par exemple le bouclier d'Achille dans l'Iliade ou celui d'Enée dans l'Enéide) qui décrit l'Oxymore terminé, juste avant sa mise en fonction par l'insertion au sein du mécanisme du cristal magique renfermant la vie de la créature. Les livres IX et X décrivent, au livre IX, les premiers méfaits de la créature pendant les batailles suivantes et les terribles ravages qu'elle provoque parmi les troupes de Henyas, puis, au livre X, le moment où Pshydre perd le contrôle de l'Oxymore, qui devient dès lors l'incarnation physique de la volonté sous-jacente du Dieu-Fou, la folie furieuse, dévastatrice, aveugle et gratuite, provoquant la terreur de tous les Hiscontes en massacrant indistinctement civils et militaires. L'Oxymore sert pourtant les visées d'Estramace en ne s'attaquant sur les champs de bataille qu'aux alliés de Henyas.

La seconde moitié de l'épopée décrit alors ce qui constitue véritablement la Longue Chasse, c'est-à-dire les tribulations en Hiscontie de Venyn le Chasseur et de ses compagnons, qui poursuivent l'Oxymore et l'affrontent à plusieurs reprises avant de le vaincre finalement. Le livre XI s'attache au héros de l'épopée, Venyn de Karacy, l'un des plus preux chevaliers du futur roi Henyas, en décrivant sa situation à ce moment, puis par un retour en arrière sur sa jeunesse et ses premières prouesses au service d'Henyas. Il est intéressant de remarquer que Tanghrame présente Venyn comme le fils spirituel de Henyas en tout (bravoure, convictions, force mêlée de ruse et d'élégance...), ce qui est loin d'être vrai historiquement, mais sert parfaitement le dessein qu'avait Henyas en commandant cette oeuvre au poète. Ce livre se termine lorsque Henyas charge Venyn de pourchasser l'Oxymore pour le détruire, à la tête d'une équipe de chasseurs. Le livre XII décrit l'appel de Venyn pour recruter des compagnons de chasse, leur arrivée successive au campement de Henyas et leur recrutement ; il se termine par l'énumération et la présentation des différents héros qui seront les compagnons de Henyas, tous remarquables par leurs qualités particulières. Le livre XIII commence lorsque Venyn et ses chasseurs quittent le campement de Henyas, marquant le début de la chasse. Les livres XIII à XVIII décrivent la chasse elle-même, c'est-à-dire le voyage des Chasseurs à travers toute l'Hiscontie, sur la piste de l'Oxymore, qui ne cesse de perpétrer de nouveaux massacres. Le récit suit un crescendo dans l'intensité et la violence des affrontements et la terreur distillée par le poète, à mesure que les Chasseurs rattrapent peu à peu l'Oxymore et finissent par l'affronter à plusieurs reprises aux livres XV et XVI.

A partir du livre XVI, les rencontres aussi sanglantes que brèves avec la créature se succèdent, et le lecteur comprend que l'Oxymore s'est tourné contre les Chasseurs, qui deviennent ses uniques proies ; un grand nombre de héros compagnons de Venyn périssent atrocement dans les combats qu'ils lui livrent. Le livre XVII contient un bref épisode à peu près indépendant du reste de l'intrigue, durant lequel Venyn et ses compagnons descendent dans les profondeurs de la terre pour y affronter la Slyrige, un monstre femelle qui terrorisait la région d'Enaq et rendait des oracles en échange de sacrifices humains. C'est une sorte de guivre ayant le corps d'un serpent ailé et une tête d'ogresse, capable d'imiter les traits du visage de celui qui cherche à la blesser ; avant de périr, elle leur prophétise leur victoire sur l'Oxymore, mais aussi une mort atroce à tous ceux qui le combattront. On a pu croire qu'il s'agissait là d'une interpolation ajoutée tardivement, mais aucune preuve sérieuse ne permet de l'affirmer. Il semble plutôt que cet épisode concorde parfaitement avec le dessein du poète, en montrant une victoire symbolique de l'ordre de la nation hisconte (représenté par Venyn) sur le désordre des régions instables (personnifié par la Slyrige), qui seul pouvait rendre possible un affrontement victorieux avec l'Oxymore, auparavant invaincu. Le livre XVIII décrit la dernière rencontre entre les Chasseurs et l'Oxymore et le combat final, qui dure trois jours et trois nuits ; l'affrontement se termine lorsque Venyn, en tête des rares Chasseurs survivants, parvient à enfoncer son épieu dans la gueule de la créature-artefact jusqu'au plus profond de ses rouages, et à briser le cristal enchanté qui lui donnait sa vie et son effroyable pouvoir destructeur. L'épopée se termine avec les livres XIX et XX : au livre XIX, par le voyage de retour des derniers Chasseurs, qui montrent la dépouille de l'Oxymore dans tout le pays en emblème de la force pacificatrice et ordonnatrice de Henyas, et au livre XX par la narration des dernières péripéties de la guerre, et finalement le couronnement de Henyas.

Le style de Tanghrame fonde la narration épique des poètes hiscontes ; c'est un style bref et concis, émaillé d'ellipses, de raccourcis et de formules ramassées et frappantes, mais aussi et surtout par un baroque ample et flamboyant, qui ne dédaigne pas l'évocation du monstrueux, de l'horrible et de la peur (certains passages de la Longue Chasse sont proprement terrifiants). On a déjà mentionné le parti pris du poète, dont toute l'oeuvre tend à faire l'éloge de Henyas et de la fondation de la dynastie Fennovar, au prix de quelques écarts (certes très mesurés) par rapport à la vérité historique. Malgré sa nette orientation idéologique, la Chronique de la Longue Chasse s'élève au rang de chef-d'oeuvre fondateur de la littérature hisconte, et l'on peut dire que si Henyas a fondé la royauté en Hiscontie, Tanghrame en a fondé la poésie.

Postérité de l'oeuvre : la Chronique de la Longue Chasse est sans conteste la plus célèbre oeuvre de toute la littérature hisconte, tous genres confondus. Le nombre incalculable de manuscrits qui l'ont diffusée partout dans le pays en est une preuve éloquente. Son influence sur la littérature en Hiscontie est énorme, voire écrasante, pendant au moins six ou huit cents ans, tant pour l'ampleur du sujet que pour le baroque du style, et ce n'est qu'avec la conquête tri-impériale que l'Hiscontie s'ouvrira véritablement à de nouveaux horizons littéraires. L'édition la plus récente de la Chronique de la Longue Chasse a été réalisée sous la direction de l'érudit Aman Fos en 1998 après J à Stalis ; outre de superbes gravures par le fameux illustrateur Dargean, elle a l'avantage de comporter des notes qui expliquent les éventuelles difficultés du texte, écrit dans une langue déjà ancienne.

Indice de légende : 15 en Hiscontie, inconnu ailleurs.

Utilité pour les Aventuriers : utile pour toute information concernant la période de la Guerre des Vassaux, notamment les événements, les personnages, mais surtout la magie de l'époque, les machines de guerre et les créatures-artefacts, surtout l'Oxymore, bien sûr.

Amorces d'Aventures possibles pour le MJ : imaginez qu'on signale les apparitions d'un nouvel Oxymore dans toute l'Hiscontie : les Aventuriers auront sûrement envie de savoir comment s'en débarrasser, et c'est là qu'il leur faudra chercher dans cette épopée. De plus, un mage ou un artisans capable de fabriquer, à l'identique ou en pire, une pareille créature-artefact, ne peut être qu'une personne qui connaît bien la période de la Guerre des Vassaux et qui s'est inspirée de la Chronique de la Longue Chasse. De même, les Aventuriers peuvent découvrir qu'une machine de guerre qui les intéresse est décrite à l'identique dans cette épopée, etc.


Chroniques de l'histoire de l'Hiscontie, par Memnon, Avenant de Kérès, Donélie de Kar-Andya, Maxime d'Enaq, Gnotis Philémon, entre autres.

Genre : chronique historique, en prose.

Support : manuscrits enluminés formant une histoire continue, ayant connu chacun plusieurs éditions successives, et repris dans les derniers siècles sous forme de volumes de format réduit non illustrés. Il y a même une édition imprimée à Stalis, avec quelques gravures.

Les auteurs et la genèse de l'oeuvre : ces Chroniques de l'histoire de l'Hiscontie (titre complet : Chroniques indépendantes et objectives de l'histoire de la République monarchique d'Hiscontie et des faits quotidiens ou prodigieux tels qu'ils s'y produisirent depuis sa fondation jusqu'à nos jours, par des érudits très instruits & très sages, avec illustrations en couleur) sont en un sens une oeuvre collective ; entreprises par le Chroniqueur Memnon dès 868 après J, elles ont été poursuivies pendant tout le reste de l'histoire hisconte par d'autres Chroniqueurs, mais sous le même titre. Le premier auteur, Memnon (v. 840-925 après J), a vécu l'arrivée en Hiscontie des nomades dont il faisait partie ; il est le premier Chroniqueur en date à écrire l'histoire hisconte, et aussi le premier à revendiquer l'indépendance de l'historien par rapport aux pouvoirs politiques et à chercher une méthode de critique de ses sources. Memnon parle d'une époque qu'il a vécue ; il rapporte des événements dont il a été témoin lui-même, et cherche à obtenir des versions crédibles et vraisemblables pour les compléter. Contrairement à Tanghrame, Memnon (et cela vaut aussi pour ses continuateurs) n'est nullement un poète : il recherche la vérité des faits avant tout, n'invente rien et sait réserver son jugement quand il n'est pas satisfait des récits qu'on lui a faits. Après la mort de Memnon, son oeuvre connut un tel succès et une telle influence que d'autres auteurs décidèrent de poursuivre son projet : écrire l'histoire de l'Hiscontie "en continu" depuis l'arrivée de ses premiers habitants jusqu'à leur propre époque. Le principe était simple : chaque auteur se déclarait pour "reprendre le flambeau" et écrire les événements de plusieurs "décades" (période de dix années) ; les événements décrits par un auteur donné ne devaient jamais remonter avant la naissance de cet auteur ; chaque auteur s'arrêtait quand il le voulait (la période qu'il comptait couvrir était généralement fixée dès le départ) et quelqu'un d'autre prenait alors la suite. Ceux qui prirent la suite de Memnon étaient presque tous des érudits, mages pour certains, tous célèbres et reconnus à leur époque, mais leurs qualités d'historiens et d'écrivains étaient assez variables. C'est pourquoi, sur la bonne trentaine d'auteurs qui se sont succédés pour écrire ces Chroniques, on n'a retenu que quelques noms, dont les cinq plus célèbres sont Avenant de Kérès, Donélie de Kar-Andya, Maxime d'Enaq et Gnotis Philémon. Avenant de Kérès (981-1064), baron appartenant à une famille ennoblie après la Guerre des Vassaux, dirige la baronnie de Kérès pendant toute sa vie et consacre ses dernières années à participer à la poursuite des Chroniques, utilisant les vastes bibliothèques familiales qu'il avait à sa disposition et ses nombreux contacts dans les milieux de pouvoir. Il meurt victime d'une manifestation du Nonsense en 1064. Deux siècles après, Donélie de Kar-Andya (1297-1385) est tout le contraire d'Avenant : issue d'un milieu pauvre, elle a dû batailler avec acharnement pour réaliser ses études et devenir érudite ; en outre, elle pratique une magie de haut niveau, ce qui est tout sauf aisé à une époque où les femmes n'ont pas encore accès à l'Institut Pyramidal. On lui accorde le statut de noble à titre posthume, en reconnaissance du travail accompli pour les Chroniques et du reste de son oeuvre érudite et littéraire. Maxime d'Enaq (1579-1643), lui, écrit bien plus tard : il vit la conquête de l'Hiscontie par les armées venues des Trois Empires et le début du règne des Rois-Lézards Hiscascirs, au moment même où, né dans la ville d'Enaq, alors en plein développement, il mène la vie d'un autodidacte et d'un inventeur, et fonde le premier journal d'Hiscontie, en même temps que le métier de journaliste. Il passe toute la fin de sa vie dans la clandestinité, ayant fini par refuser le joug tri-impérial après une période d'enthousiasme. Gnotis Philémon (1700-1810) est le plus grand érudit de l'époque moderne hisconte (et aussi l'un des plus grands mages) ; outre sa longévité exceptionnelle, il se signale par un savoir incommensurablement immense, qui fait de lui l'héritier tout désigné de Memnon. Les Chroniques continent actuellement d'être écrites, et rien ne dit qu'elles seront abandonnées un jour.

L'oeuvre : les Chroniques de l'histoire de l'Hiscontie se découpent en décades, qui couvrent chacune une période de dix ans. Chaque auteur prend la suite du précédent précisément là où il s'est arrêté, ce qui fournit au lecteur une histoire complète de l'Hiscontie depuis sa fondation jusqu'en 2023 après J. Malheureusement, si cette continuité est louable et fournit un outil précieux aux étudiants et aux érudits, la qualité de l'étude historique et l'objectivité sont très variables en fonction des auteurs. Il serait bien trop long de décrire en détail le contenu des décades pour tous les auteurs. Rappelons seulement les plus célèbres, qui correspondent bien souvent à des périodes-clés de l'histoire hisconte. La période couverte par Memnon va de 868 après J (date de son entrée sur le territoire de la future Hiscontie) jusqu'en 925, année de sa mort. On sait le génie d'historien du fondateur, mais on connaît moins ses qualités d'écrivain, pourtant grandes. Le tout début des Chroniques est une Préface restée célèbre pour le "programme de l'historien" qu'elle expose, et aussi par une tentative de description de la vie des nomades avant leur arrivée en Hiscontie. Avenant de Kérès écrit les événements des années 997 à 1037. Les quatre décades qu'il a laissées sont remarquables par la rigueur de la critique des sources et la précision des événements racontés, mais certains passages sont clairement des digressions où il tente de justifier l'action de la noblesse (et sûrement de certaines de ses connaissances, y compris les moins défendables) dans telles ou telles circonstances. Si les années écrites par Donélie de Kar-Andya sont peut-être moins précises sur le plan politique, elle possède un sens de la critique peu ordinaire dans le domaine des manifestations du Nonsense, ce qui fait d'elle le précurseur des agents de la Maison de Veille actuelle (Jean Astrave s'est d'ailleurs réclamé d'elle pour sa méthode d'investigation concernant les Evénements Phantasmagoriques Spontanés). Elle possède aussi un sens aigu de la lutte entre groupes sociaux, qui ne la rend pas pour autant spécialement indulgente envers les milieux populaires dont elle est issue. Maxime d'Enaq couvre les années 1593-1623 ; son style est reconnaissable à un détachement qui ne va pas sans un certain sens de l'humour, mais aussi à de véritables qualités d'historien concernant des événements où il a pourtant été lui-même amplement impliqué ; certains passages sont de féroces pamphlets contre des érudits de l'époque trop complaisants ou corrompus. Gnotis Philémon couvre les années 1710 à 1800, ce qui est jusqu'à présent la plus longue période écrite par un même auteur dans les Chroniques. Son style est celui d'un érudit et d'un Universitaire très classique, qui n'a pas vraiment de dons d'écrivain, mais dont l'écriture est toujours claire et jamais ennuyeuse, parfois agréablement didactique. Sa principale qualité est un sens aigu de la précision et un savoir véritablement phréatique. Son témoignage concernant le Cataclysme Etrange est précieux. Les autres auteurs des Chroniques sont souvent honorables ou passables mais moins talentueux, parfois laborieux. Les pires ne font que mettre bout à bout des passages de leurs sources sans aucun souci de critique historique, ou se cantonner à leur propre point de vue sur les événements.

Postérité de l'oeuvre : ces Chroniques sont la principale source des érudits concernant l'histoire de l'Hiscontie ; elles forment une véritable mémoire du pays, et sont toujours intéressantes, car elles ont été systématiquement écrites par des gens de l'époque. Les principaux ouvrages où elles ont été recopiées sont des tomes décorés d'enluminures luxueuses, conservés actuellement à la Bibliothèque de l'Université de Stalis, où les érudits viennent souvent les consulter ; le texte a malheureusement été altéré par le Nonsense à certains endroits de certains tomes. Une édition plus récente, disponible en de nombreux exemplaires et en possession de bien des érudits actuels, est l'édition dite de Stalis, un des rares livres imprimés existants, imprimée pour la première fois en 1856.

Indice de légende : 11 en Hiscontie, 2 ou 3 ailleurs, peut-être...

Utilité pour les Aventuriers : ces Chroniques sont une mine d'informations historiques couvrant toute l'histoire du pays. Les Aventuriers peuvent être amenés à les consulter à des occasions multiples, y compris pour rechercher la trace d'anciennes manifestations du Nonsense, ou les circonstances de l'organisation d'une expédition en contrées instables, ou remonter dans le passé d'une famille impliquée dans les jeux du pouvoir politique. Dans tous les cas, les Aventuriers auront intérêt à bien vérifier la fiabilité de l'auteur du passage qu'ils consulteront...

Amorces d'Aventures possibles pour le MJ : outre les références ponctuelles à cet ouvrage que vous pouvez introduire dans vos scénarios, il est possible d'imaginer une campagne de type "érudit" : par exemple, les Aventuriers sont amenés à découvrir que tous les auteurs ou certains auteurs de ces Chroniques ont inséré des allusions codées à quelque chose en rapport avec le pouvoir royal, une sorte de loge secrète poursuivie sur des générations, une secte de gardiens du savoir qui peut avoir été injustement privée de ses droits par d'autres auteurs ayant récupéré les Chroniques, ou qui peut avoir mal tourné. Ou bien les Aventuriers peuvent se rendre compte qu'un événement d'importance primordiale a été délibérément déformé ou ignoré par le Chroniqueur chargé de cette époque : pourquoi ? c'est un autre point de départ possible pour un scénario.


Cabinet des contes et légendes d'Hiscontie, collectif des érudits de Karacy, dirigé par Hansel et Nils Sgrö

Genre : recueil de contes et de récits hiscontes, en prose et en vers (grande disparité de styles).

Support : chaque exemplaire complet du recueil rassemble pas moins de 50 volumes imprimés de qualité luxueuse, à grosse reliure de cuir, au papier excellent. Ils n'ont été imprimés qu'à une dizaine d'exemplaires dans tout le pays. L'Université de Karacy possède le premier, la plupart des autres se trouvent dans des bibliothèques de grandes villes (dont bien sûr Stalis, Olmart etRod-Ninos). La reine en avait réservé un exemplaire pour sa bibliothèque personnelle. Par la suite, quelques rares autres exemplaires ont été imprimés sur les commandes de citoyens privés richissimes, de la noblesse ou de la bourgeoisie commerçante. Il a existé et existe toujours une foule d'éditions des textes les plus célèbres sous forme d'anthologies parfois conséquentes, mais sans commune mesure avec la richesse de l'édition intégrale. En dehors des exemplaires imprimés originaux, toutes les éditions disponibles sont partielles et prennent la forme de manuscrits recopiés sur les exemplaires imprimés (ou, pour les pires, recopiés sur des copies, elles-mêmes recopiées... bref, pas fiables et bourrées de fautes).

Les auteurs et la genèse de l'oeuvre : vers la fin du XVIIIème siècle après J, les érudits hiscontes étaient persuadés que la culture populaire hisconte, la plus ancienne et la plus riche, courait le risque de disparaître et d'être perdue à jamais. Selon de nombreuses sommités de l'époque, le temps où l'on se racontait des histoires dans les campagnes le soir à la veillée, le temps où les voyageurs colportaient différentes versions de différentes légendes d'une région à l'autre de l'Hiscontie, ce temps-là était en train de se terminer, laissant place à l'ère du texte écrit et imprimé. Par la suite, ces craintes devaient se révéler totalement infondées : en 2020 après J, les conteurs ont toujours de beaux jours devant eux, de même que les bardes, les trouvères, les colporteurs de nouvelles et les raconteurs de rumeurs en tout genre. En fait, ces craintes des érudits hiscontes étaient surtout motivées par un grand mouvement de retour à la fierté nationale qui commença quelque temps après la Cataclysme Etrange, lorsque l'Hiscontie, subitement débarrassée de l'emprise des Trois Empires, eut l'impression qu'elle venait de retrouver son âme après l'avoir presque perdue pendant la colonisation. De là un formidable engouement pour tout ce qui faisait "vieil hisconte", tout ce qui rappelait les bonnes vieilles racines de la culture et du peuple. C'est dans cet esprit d'admiration pour la culture nationale que Hansel et Nils, deux membres d'une très ancienne famille d'érudits vivant à Karacy, les Sgrö, résolurent de se lancer dans une collecte nationale de contes, de légendes et de récits. Nils (1731-1812) était le fils de Hansel (1703-1803), mais tous deux étaient déjà respectablement âgés lorsqu'ils entamèrent ce projet vers 1775, et disposaient donc d'assez d'influence pour le mener à terme. Ils mobilisèrent presque tout ce que l'Université de Karacy comptait d'étudiants et les envoyèrent aux quatre coins du pays recueillir tout ce qu'ils pourraient entendre et noter. Eux-mêmes s'occupèrent de centraliser et de relire tous les textes, ce qui représentait un travail considérable. Ils pesèrent de tout leur poids auprès de la direction de l'Université et obtinrent de publier l'ensemble sous forme imprimée, chose extrêmement rare car extrêmement onéreuse et difficile à mettre en oeuvre. Les premiers volumes furent terminés dès 1779, mais la publication du Cabinet n'eut lieu qu'à l'achèvement du dernier volume, en 1805, deux ans après la mort de Hansel. Les 50 volumes parurent donc en bloc, comme les Sgrö l'avaient décidé dès le départ. Nils dédia à feu Hansel le recueil terminé.

L'oeuvre : le Cabinet des contes et légendes d'Hiscontie a pour titre non abrégé Grand Cabinet des Contes, Légendes, Récits, Histoires, Mythes, Chansons, Comptines, Anecdotes, Rumeurs Fameuses, Proverbes et autres Dires des Villes et des Campagnes du Royaume d'Hiscontie, Recueillis et Collectés de la Bouche même des Gens du Peuple par les Etudiants de l'Université de Karacy et Revus et Corrigés par Hansel et Nils Sgrö, Eminences de l'Université, Imprimés par l'Université de Karacy par Privilège du Roy, Illustrés par des Cartes, Dessins, Croquis, Planches et Partitions Correspondant aux Textes, ainsi que par des Gravures en Taille-Douce Réalisées par Karm Farel, Artisan récompensé par le Musée de Stalis. Le titre a l'avantage d'en dire long sur le contenu ! De fait, ce Cabinet regroupe bien plus de choses que de simples contes : dans ses cinquante volumes sont consignés non seulement des récits fictifs du type contes ou légendes, mais aussi l'ensemble des grands mythes fondateurs des différents aspects de la culture hisconte, y compris ceux des minorités comme les Nomades et les Bohémiens, les habitants d'Ulestia et les mineurs des villages les plus reculés des montagnes de l'Ouest. Car contrairement à ce que faisaient (et font toujours) de nombreux érudits, Hansel et Nils Sgrö prirent le parti de ne pas réécrire les textes, mais de les restituer presque tels que leurs étudiants les avaient entendus et consignés, sans se soucier d'en améliorer le style, d'en gommer les absurdités ou de les lisser dans un but moral. Le résultat est une masse gigantesque qui fournit une vision quasi exhaustive et d'une rare fidélité de ce qu'était la culture hisconte au tournant du XIXème siècle après J. Il y a beaucoup de récits étranges, surprenants, bizarres. Les textes sont de longueur et de qualité très inégale : certains ont presque la taille d'un petit roman ou d'une épopée, d'autres sont des anecdotes ou de très courtes histoires d'à peine quelques lignes ; il y a même des proverbes et des maximes à visée morale ou des formules mnémotechniques pour retenir les noms des poissons ou les jours où il faut semer. Il y a des rumeurs entendues dans des auberges, il y a des récits d'histoires vraies déformées par la peur ou l'alcool, il y a des anecdotes érotiques. Il y a des chansons d'écoliers, des chansons de marins pour hisser les voiles, des chansons de femmes pour laver le linge, des chansons de mineurs pour descendre à la mine. Il y a des comptines de nourrices, des contes racontés l'hiver à la veillée par un conteur ou sur les bords du fleuve un après-midi d'été, il y a des récits entendus de la bouche d'un Nomade juché sur sa monture un jour d'orage ou de celle d'un Bohémien dans une roulotte brinquebalante pendant un crépuscule de grand vent. On observe souvent que certains textes ne sont que des variantes plus ou moins importantes d'un même canevas, ou des adaptations versifiées ou mises en musique d'une histoire à l'origine en prose. Certains récits sont écrits dans un style extrêmement simple, à la limite de la correction de la langue, tandis que d'autres ont de toute évidence été rendus "présentables" par les étudiants qui les ont entendus et notés ; la plupart gardent cependant un style plus proche de la langue parlée que du conte littéraire, ce qui correspond assez bien à des textes pris en note pendant un récit oral. Bref, il y a là tout ce qu'un Aventurier pourrait rêver de lire pour en apprendre plus sur toutes sortes d'aspects ou d'événements mystérieux d'Hiscontie et de Fantasia, et l'analyse d'une pareille masse de documents fournirait des vies entières de travail à un érudit. Les notes de bas de page ajoutées par les Sgrö forment une autre source précieuse d'informations : imprimées en caractères minuscules et très serrés, elles occupent la plupart du temps presque toute la moitié inférieure des pages, et témoignent de l'extraordinaire érudition de Hansel et Nils Sgrö. Malheureusement, elles ne relèvent que de l'observation ponctuelle et fortuite, et non d'un travail d'analyse global.

Postérité de l'oeuvre : comparativement à l'intérêt immense qu'il présente, le Cabinet des contes et légendes d'Hiscontie a été largement sous-exploité par les érudits. En 1805, Nils Sgrö ne remporta qu'un succès d'estime lorsqu'il présenta le recueil complet aux doctes et aux savants : on jugea les textes trop bizarres, trop immoraux ou écrits dans un style trop bas. Par ailleurs, peu de gens étaient prêts à se plonger dans cet énorme amas de textes apparemment dépourvu de cohérence, et où il était à peu près impossible de se retrouver. Par la suite, beaucoup d'écrivaillons et d'érudits de moyenne envergure pillèrent les textes pour publier des éditions partielles ou les réécrire selon leur fantaisie, mais le résultat était rarement intéressant. Le Cabinet des contes et légendes d'Hiscontie devint rapidement un de ces livres injustement délaissés que tout le monde cite avec un air admiratif de circonstance, mais sans jamais les ouvrir ou presque. Le recueil est-il toujours représentatif des récits qui circulent en Hiscontie ? En partie, oui, mais beaucoup de choses ont changé : contrairement aux craintes des érudits, la culture orale est plus que jamais foisonnante en Hiscontie, et une nouvelle entreprise de mise par écrit de cette culture ne serait pas inutile. En attendant, le meilleur moyen de se renseigner sur les derniers récits reste d'aller écouter les conteurs et les voyageurs...

Indice de légende : 8 chez les érudits, inconnu hors des milieux érudits hiscontes.

Utilité pour les Aventuriers : le Cabinet est une inépuisable mine de récits impliquant des événements merveilleux ou étranges et des créatures bizarres, et il peut être très judicieux d'aller chercher si par hasard ils ne sont pas fondés sur des événements réels qui seraient d'anciennes manifestations du Nonsense, ou d'anciennes apparitions de créatures susceptibles de réapparaître à l'époque actuelle. Tout le problème est de savoir de quelle façon cette base réelle a été déformée et amplifiée par le récit... Autre utilité primordiale : le Cabinet contient tous les mythes fondateurs des minorités hiscontes, ce qui peut grandement aider des Aventuriers qui voudraient mieux comprendre les peuplades étranges que sont les Bohémiens et les Nomades. Enfin, il ne faut pas oublier que connaître et respecter les récits et les mythes d'une région, d'un village ou d'un peuple en général est un bon moyen de s'attirer sa confiance, même si dans ce but précis, le mieux reste de demander à les entendre de la bouche des gens du lieu.

Amorces d'Aventures possibles pour le MJ : la technique pour fonder un scénario isolé sur ce ouvrage est très simple : les Aventuriers découvrent ou doivent découvrir un conte ou un récit mythique qui ne se trouve que dans ce recueil et sur lequel ils vont devoir se casser la tête pour trouver la bonne interprétation permettant de résoudre le scénario. Le mieux est alors de leur fournir le texte en question ou quelques extraits comme accessoire de jeu, texte que vous aurez bien entendu truffé d'allusions énigmatiques et d'expressions à double sens. Mais vous pouvez aussi partir de l'histoire de ce Cabinet pour créer une campagne : les Aventuriers s'aperçoivent que chacun des exemplaires imprimés originellement par l'Université de Stalis comporte une particularité quelque part dans un des 50 volumes, par exemple un texte ne figurant que dans cet exemplaire et pas dans les autres, et bien sûr non mentionné dans la table des matières. Il s'agira alors, dans chacun des scénarios, de retrouver tous les autres exemplaires originaux du Cabinet pour les confronter, découvrir quels sont les textes cachés et la raison pour laquelle ils ont été délibérémment dissimulés parmi les autres. D'ailleurs, il y a peut-être un rapport entre le texte caché dans tel exemplaire et la bibliothèque ou le riche client à qui cet exemplaire précis était destiné... gageons que consulter tous les exemplaires ne sera pas si simple, surtout si certains volumes de certains exemplaires ont été volés, déplacés ou perdus ! quant à ce qui est à découvrir dans ces textes cachés, à vous de le décider.


Code Esotérique, publication d'Etat de l'Institut Pyramidal

Genre : utilitaire, code de lois (en prose, style administratif).

Support : la Table de Stalis, ancêtre du Code Esotérique, a été originellement gravée sur une stèle de pierre, toujours conservée actuellement dans le bureau du Directeur de l'Institut Pyramidal à Stalis. Le Code Esotérique dans son ensemble se présente sous la forme d'un épais tome manuscrit, généralement assez petit pour qu'un mage puisse le garder sur lui en permanence. Les exemplaires des cabinets d'érudits et des bibliothèques sont plus grands pour assurer un meilleur confort de lecture ; les grandes bibliothèques en ont des éditions imprimées. Il existe un exemplaire dit "tome d'Etat" soigneusement gardé et tenu à jour à l'Institut Pyramidal, et qui prime sur tout autre exemplaire en cas de différences dans les textes : on utilise pour l'écrire une encre et un papier mêlés d'occultine, inaltérables même par magie.

Les auteurs et la genèse de l'oeuvre : lorsqu'à la fin de la Guerre des Vassaux Henyas Ier Fennovar fut proclamé roi des Hiscontes et installa son palais à Stalis, il voulut réglementer la pratique de la magie afin de contrôler le pouvoir des Enchanteurs, qui avaient causé des dégâts considérables pendant les affrontements avec leurs sortilèges démoniaques et leurs artefacts meutriers. Il eut recours au plus puissant enchanteur d'alors, Zeev, qui faisait partie de ses alliés ; il lui demanda de rédiger des lois que tous les mages devraient respecter, et les fit graver sur une stèle de pierre. Ce furent les toutes premières lois de la magie hisconte, connues sous le nom de Table de Stalis, l'ancêtre du Code Esotérique, en 901. La première version du Code Esotérique lui-même fut rédigée et éditée par les mages de l'Institut Pyramidal sur l'ordre du roi Fennovar V en l'an 1200 après J ; à cette époque, la magie commençait à être plus répandue dans le pays : les mages n'étaient plus la poignée de puissants Enchanteurs de l'époque de Zeev, les sortilèges étaient plus nombreux et plus complexes, et la Table de stalis ne suffisait plus à régler tous les litiges et à prévoir toutes les situations. La Table de Stalis fut intégrée au Code Esotérique, dont elle forme les premiers articles et le "noyau" juridique : toutes les lois qui suivent doivent respecter et développer les principes qu'elle définit. Par la suite, et jusqu'à l'époque actuelle, le Code Esotérique fut augmenté, corrigé, amélioré. Tous ses articles portent l'empreinte des Maîtres-mages et des Directeurs qui se sont succédés à l'Institut Pyramidal. Le Code subit des modifications d'importance au moment de la colonisation de l'Hiscontie par les Trois Empires, afin d'englober les principes et la pratique de la Chaomancie tels que les concevaient les Empereurs. Après le Cataclysme Etrange, pendant lequel presque tous les pratiquants de la Chaomancie disparurent sous l'effet du Nonsense, le Code fut réformé de façon à revenir presque entièrement à son état d'avant la période tri-impériale et la magie chaomantique fut déclarée illégale car trop risquée. A l'heure actuelle, le Code continue de s'étendre au rythme d'un ou deux articles chaque année.

L'oeuvre : voici en résumé la structure du Code Esotérique. Après un Préambule écrit par Zeev, qui expose la nécessité et l'utilité de réglementer l'usage de la magie en Hiscontie, le texte de la Table de Stalis forme la première partie du Code, que toutes les lois qui suivent poursuivent et approfondissent. Il comporte dix articles dont voici le texte :

Article 1. Responsabilité juridique du mage. Institution du Maître-Mage Royal et définition de ses pouvoirs. Tout mage est responsable de l'usage qu'il fait de sa magie devant le peuple hisconte, représenté par le Roi, et devant la communauté des mages, qui sera représentée par un Maître-Mage Royal nommé par le Roi sur le conseil des plus grands mages du royaume. Le Maître-Mage est juge suprême des affaires concernant la magie, sans que le Roi puisse s'y opposer. Le Roi peut toutefois faire usage de son droit de grâce auprès d'un mage condamné ; il peut aussi condamner à mort un mage comme ennemi de l'Etat, en tant que sujet du Roi et non en tant que mage.

Article 2. La loi est plus puissante que la magie. Le mage n'a pas le droit d'utiliser la magie pour contrevenir aux lois du pays ou pour les contourner.

Article 3. Magie et Nonsense : loi du minimum de magie. Plus la magie est puisante, plus elle risque de provoquer une manifestation du Nonsense (un Effet Phantasmagorique Spontané), c'est pourquoi le mage a obligation de n'utiliser la magie que lorsqu'il en a absolument besoin, et de ne jamais lancer de sortilège plus puissant que ce dont il a strictement besoin. Il a toutefois le droit de poursuivre des recherches afin d'améliorer sa maîtrise sur la magie, mais seulement dans la mesure où cela ne l'entraîne pas à faire un usage illégal de sa magie.

Article 4. Devoir de maîtrise du mage sur sa magie. Le mage doit toujours savoir précisément à quel sortilège il a recours et quelles manipulations magiques il effectue sur la réalité, afin de pouvoir en répondre devant des juges ou devant ses pairs, et de pouvoir distinguer les effets qu'il provoque lui-même des altérations désordonnées et aveugles de la réalité que provoque le Nonsense.

Article 5. Responsabilité du mage dans le temps et l'espace. Il est responsable des conséquences directes et indirectes des sortilèges qu'il utilise, dans la mesure où il pouvait les prévoir.

Article 6. Magie et esprit dépassent la matière, mais l'esprit doit rester libre de magie. Il est interdit au mage d'influencer ou de contrôler l'esprit d'une personne pour lui ôter son libre arbitre ou sa liberté de penser. Il n'a pas le droit d'user de sa magie pour aller contre l'instinct naturel de survie d'une créature vivante.

Article 7. Devoir du mage de respecter les lois non écrites des Phénomènes. Il n'a pas le droit d'aller contre les lois naturelles de la vie et de la mort, c'est-à-dire qu'il n'a pas le droit d'intervenir dans le cycle naturel de la génération d'un être vivant ou de ramener magiquement un mort à la vie.

Article 8. Devoir du mage de favoriser la luxuriance des Phénomènes. Le mage a obligation d'utiliser la magie pour préserver la vie quelle qu'elle soit dans la mesure de ses pouvoirs.

Article 9. Devoirs du mage envers l'Etat. Il doit répondre à l'appel du Roi si celui-ci réclame ses services au nom de l'Etat, pour la guerre, pour le secours de la population ou pour toute autre activité, dans la mesure où cela ne le contraint pas à faire un usage illégal de sa magie.

Article 10. Valeur des lois de la magie définies par la Table. Définition de la magie noire. Ces lois de la magie s'appliquent dans tout le royaume d'Hiscontie à partir du moment où elles ont été entièrement gravées sur la stèle, sans limitation de temps. Chacune d'elle s'applique dans la mesure où elle n'amène pas le mage à contrevenir aux autres. Tout mage contrevenant à ces lois de la magie est dit coupable de magie noire ; il est aussi criminel aux yeux de l'Etat qu'une personne non-mage qui aurait transgressé la loi dans un autre domaine.

Inutile de vous dire que malgré l'avancée considérable que représentait la Table de Stalis en son temps, les premières lois qu'elle expose devinrent rapidement une inépuisable source d'interprétations et de lectures contradictoires, que toutes les lois suivantes ont encore le plus grand mal à clarifier. Pourtant, en dernier ressort, les mages en reviennent toujours aux grands principes de la Table pour trancher les affaires les plus complexes. Et pour cause : ces principes définissent une véritable éthique de la magie qui n'a pas fini d'être discutée... Actuellement, le dernier mot revient généralement à l'Institut ou au Maître-Mage Royal, qui décide de faire primer tel principe sur tel autre dans un cas donné.

La seconde partie est formée par le Code de 1200, l'ensemble des premières lois du Code rédigées sur ordre de Fennovar V. Ce sont ces lois qui créent l'Institut Pyramidal, en définissent les fonctions et la hiérarchie ; l'assemblée de lInstitut peut se changer en Tribunal de Haute Magie pour juger des affaires complexes. Ces lois instituent les séances au cours desquelles les mages remettront à jour le Code et examineront les nouveaux sortilèges pour les inscrire dans un Registre d'Etat. Elles organisent aussi l'enseignement de la magie par les Maîtres-Mages. En fait, elles ne font en bonne partie que légaliser une situation qui existait de fait depuis au moins deux cents ans par un accord tacite entre les Rois et la communauté des mages.

Une troisième partie du Code Esotérique est formée par les lois ajoutées au Code entre 1200 et 1595, date de l'invasion tri-impériale. Ces lois détaillent toutes sortes de situations litigieuses possibles dans l'usage de la magie ; elles correspondent souvent à des jugements du Tribunal de Haute Magie qui font jurisprudence par la suite. C'est une des parties les plus compliquées du Code, et même les plus grands mages de l'Institut n'ont pas trop de toute leur expérience pour rendre leurs jugements en s'y référant, sans contredire aucun des grands principes du Code et aucune des réglementations de détail qui sont exposées là.

La quatrième partie du Code est l'Edit Chaomantique de 1595, qui laisse en l'état la plupart des lois et institutions préexistantes, mais réorganise complètement le droit magique hisconte en fonction des lois en vigueur dans les Trois Empires. Toute la pratique et tout l'enseignement de la magie se trouvent subordonnés à la magie chaomantique. Les Chaomanciens sont Maîtres-Mages d'office et tous les Maîtres-Mages doivent apprendre la magie chaomantique. L'Edit définit aussi le règlement des affaires magiques, en laissant à l'Institut Pyramidal une certaine indépendance, mais le dernier mot en cas de problème revient toujours aux tribunaux tri-impériaux. Seule modification d'importance, mais considérable : les Rois-Lézards Hiscascirs (qui sont chacun empereur d'un des Trois Empires) sont tous les trois à la fois Rois d'Hiscontie et Maîtres-Mages Royaux. Les articles supplémentaires ajoutés à l'Edit entre 1595 et 1723 l'ont en fait été en bonne partie à partir de 1650 et dans les dernières années de la période tri-impériale ; ils sont presque tous en rapport avec le Nonsense, et montrent surtout que la magie chaomantique devenait de plus en plus incontrôlable.

Suit l'Edit Anti-Chaomantique de 1723, qui forme la cinquième partie du Code. Rédigé par l'Institut Pyramidal aussitôt après le Cataclysme Etrange, il est (pour une fois) très court et très simple. Il est constitué d'un Article unique dont voici le texte : "L'Edit Chaomantique de 1595 et toutes les lois ajoutées au Code depuis sont annulés (ce qui équivaut à revenir aux institutions d'avant 1595). Considérant que l'étude et la pratique de la magie chaomantique attirent les manifestations du Grand Absurde en pays stable, elles sont déclarées interdites. Toute personne contrevenant à cet Edit sera jugée coupable d'avoir favorisé la propagation du Nonsense en Hiscontie."

La sixième et dernière partie du Code se compose de toutes les lois ajoutées depuis le Cataclysme Etrange jusqu'à la période actuelle. Comme avant 1595, il s'agit d'une série d'ajustements concernant des cas de jurisprudence et des points de détail réglant des conflits entre les principes de la Table et du Code de 1200. Cette partie est toujours en cours d'écriture à l'heure actuelle.

Postérité de l'oeuvre : le Code Esotérique est le fondement du droit magique en Hiscontie. Tout mage se doit de l'avoir étudié et de bien le connaître, surtout s'il prétend faire métier de Maître-Mage ou siéger à l'Institut ; en cas de litige, sa connaissance du Code peut lui permettre d'atténuer grandement la peine qu'il peut avoir à subir, s'il a l'habileté de faire jouer tel ou tel principe ou telle ou telle loi en sa faveur. Mais le Code est aussi un inépuisable sujet d'étude pour les érudits : il faut dire que les lois hiscontes sont en fait beaucoup plus claires dans le domaine de la magie que dans le domaine civil ! d'où les rêves caressés par de nombreux doctes, qui aimeraient pouvoir aligner le reste du droit hisconte sur l'admirable modèle qu'offre le Code Esotérique. Mais le droit coutumier et les prérogatives des seigneurs locaux sont encore fermement enracinés dans le pays, et un Code civil hisconte n'est certainement pas pour demain !

Indice de légende : 15 chez les mages, 10 parmi la population en général.

Utilité pour les Aventuriers : inutile de dire que tout joueur dont l'Aventurier est un mage a intérêt à jouer son personnage en fonction du Code Esotérique s'il ne veut pas se retrouver accusé de magie noire au bout de cinq minutes de jeu. Il est par ailleurs plus que probable que les Aventuriers se retrouveront tôt ou tard impliqués dans une affaire de crime magique, ou de magie maquillée en effet du Nonsense... dans un cas pareil, leur connaissance du Code Esotérique pourra les sortir de bien des difficultés et leur éviter de lourdes peines s'ils sont accusés à tort.

Amorces d'Aventures possibles pour le MJ : une utilisation ponctuelle évidente du Code Esotérique dans un scénario est le cas d'un Aventurier contrevenant au Code, ou accusé à tort ou à raison de contrevenir au Code par un PNJ. Libre à vous d'entraîner alors les Aventuriers dans les méandres de la juridiction hisconte, en détaillant plus ou moins les articles du Code selon les besoins (et les envies de joueurs). S'ils se débrouillent mal, gageons qu'un petit séjour hors d'Hiscontie sera un on moyen pour eux de se faire oublier quelque temps... Mais le Code Esotérique comporte aussi toute une partie "fossile" qui peut être à l'origine de plusieurs scénarios : les anciennes lois concernant la Chaomancie et l'Edit Anti-Chaomantique. En effet, il est très probable que certains mages et certains érudits s'intéressent toujours à la Chaomancie et aux moyens de lui redonner son ancienne efficacité contre le Nonsense. Si jamais quelqu'un parvenait à prouver (ou à faire croire) que la Chaomancie est toujours capable de protéger contre le Nonsense, il faudrait peut-être réactiver certains articles de l'Edit chaomantique, ce qui pourrait conduire facilement, avec quelques abus, à remettre en code les principes les plus fondamentaux du Code...


Registre d'Etat des Sortilèges de Magie Hisconte, publication d'Etat de l'Institut Pyramidal

Genre : utilitaire, code de lois (en prose, style administratif), sert de complément au Code Esotérique

Support : généralement un épais tome manuscrit, suffisamment petit pour être emporté avec soi. Les mages riches, les cabinets d'érudits aisés et les bibliothèques des grandes villes en possèdent des éditions de poche imprimées. Tout comme pour le Code Esotérique, l'Institut Pyramidal en détient un exemplaire "tome d'Etat" réputé inaltérable, à l'encre et au papier mêlés d'occultine, soigneusement maintenu à jour, et qui sert de référence à toutes les autres éditions.

Les auteurs et la genèse de l'oeuvre : le Registre d'Etat fut créé en même temps que le Code Esotérique, en 1200 après J, sur ordre du roi Fennovar V, afin de servir de complément au Code lui-même. Depuis ce moment, il a pour but de dresser la liste exhaustive des sortilèges de Magie Commune utilisés en Hiscontie et de les intégrer aux lois du droit magique en indiquant précisément dans quelle mesure leur utilisation est légale. La première liste des sorts existants fut dressée au moment des toutes premières séances de l'assemblée de l'Institut Pyramidal ; en fait, elle n'était pas vraiment exhaustive, et on peut se demander si même aujourd'hui, elle parvient à l'être complètement. Toujours est-il que pour maintenir à jour le Registre, l'Institut se dota de mages spécialement chargés du recensement des sortilèges : les Guetteurs, qui formèrent le Guet de l'Institut. Leur rôle consiste à observer autour d'eux, chacun dans son secteur, les sortilèges qui se lancent, afin de guetter l'apparition de nouveaux sorts ou de nouvelles variantes non prises en compte par le Registre, qu'il s'agisse de nouvelles créations de mages du pays ou de sortilèges introduits par des mages venus d'ailleurs sur Fantasia, et de les signaler à l'Institut. Par ailleurs, l'Institut instaura une règle fondamentale : tout mage inventant un nouveau sortilège ou une variante notable d'un sort existant doit le déclarer soit à l'Institut, soit à un Guetteur, en indiquant précisément le hiéroglyphe qu'il utilise ou les modifications apportées au hiéroglyphe du sort. Une fois signalé à l'Institut, chaque nouveau sortilège figure à l'ordre du jour de l'assemblée mensuelle des mages de l'Institut, qui l'examine et fixe les limites de son utilisation légale ; si le sortilège est jugé trop dangereux ou risqué, il est déclaré hors la loi et relève désormais de la magie noire. Chaque sortilège fait l'objet d'un article. Une fois le sortilège examiné et intégré à la loi, le nouvel article du Registre est mis par écrit par les scribes de l'Institut et ajouté à l'édition suivante du Registre d'Etat. L'Institut Pyramidal attache la plus grande importance à tenir à jour le Registre aussi scrupuleusement que possible, car même si le Code Esotérique fixe les conditions générales de l'usage de la magie, un sortilège qui n'est pas listé dans le Registre d'Etat représente un véritable vide juridique car il n'existe pas aux yeux de la loi. C'est pourquoi les ajouts d'articles au Registre d'Etat sont beaucoup plus fréquents que les ajouts au Code Esotérique lui-même. Un Addendum mensuel au Registre est diffusé chaque mois par l'Institut de Stalis et indique les derniers sortilèges examinés dans le mois écoulé ; il est placardé sur les murs de l'Institut et envoyé par courrier à toutes les écoles de magie pour y être affiché, mais on peut aussi le trouver dans tous les endroits où les mages aiment à se réunir (tavernes, cafés-magie, salons...) et tout Maître-Mage a l'obligation de le connaître dès sa parution. Le Registre d'Etat fait l'objet d'une nouvelle édition annuelle qui intègre les Addenda de l'année. Inutile de dire que si la diffusion des derniers ajouts au Registre dans les grandes villes et la périphérie de Stalis est relativement rapide, elle l'est nettement moins dans les régions les plus reculées ! Depuis 1200, ce système a fonctionné à peu près à l'identique, avec une relative efficacité. Pendant la période tri-impériale, les Chaomanciens ne le modifièrent pas, et s'en inspirrèrent au contraire pour rendre plus rigoureuse la législation en matière de magie dans les Trois Empires. A l'époque actuelle, malgré diverses remises en cause ponctuelles, le système du Registre d'Etat et de ses mises à jour régulières, par voie administrative ou par le Guet, fonctionne toujours à peu près à l'identique.

L'oeuvre : le Registre d'Etat se présente sous la forme d'une interminable liste de sortilèges, censée représenter l'ensemble des effets magiques relevant de la Magie Commune qui existent en Hiscontie au moment de son édition. Dans une édition complète du Registre comme dans les Addenda mensuels, les sortilèges ne sont pas classés par noms, car un même sortilège peut en avoir plusieurs selon les endroits, mais par la complexité croissante de leur hiéroglyphe (qu'il ne faut pas confondre avec leur niveau de puissance...). C'est pourquoi le Registre se présente un peu comme un dictionnaire d'idéogrammes où seul un mage est en mesure de se retrouver. En regard de chaque hiéroglyphe se trouvent indiqués les noms les plus courants du sort, les hiéroglyphes de ses variantes mineures les plus employées, et surtout les limites de son utilisation légale.

Si l'article mentionne "sort de magie noire", le sort est totalement illégal et aucun mage n'a le droit de le lancer.

Seuls de rares sorcelets très peu puissants ou des sorts complètement inoffensifs sont déclarés, au contraire, "totalement légaux", c'est-à-dire utilisables sans aucune restriction, par exemple "Guérison fantasienne", ou encore le sorcelet "Tournepot", utlisé par les potiers pour faire tourner leur tour sans avoir à manoeuvrer de pédale...

Mais l'écrasante majorité des sorts possède au moins quelques lignes restreignant son usage. Voici quelques exemples de restrictions courantes :

"interdit en cas d'EPS", c'est-à-dire à ne pas utiliser pendant ou juste après une manifestation du Nonsense, pour ne pas "l'attirer" de nouveau ; la limitation sert surtout pour des sorts puissants comme "Portail mineur".

"interdit en zone instable", c'est-à-dire que le mage ne doit pas utiliser le sort dans les régions de Fantasia dont le degré d'instabilité est supérieur à celui de l'Hiscontie (2 ou 3 au maximum) car le sort pourrait provoquer des manifestations du Nonsense potentiellement redoutables. C'est le cas d'un sort comme "Jeu de mots", dont les effets en zone stable sont déjà très délicats à maîtriser. Cette restriction est censée s'appliquer même en dehors d'Hiscontie, mais dans la pratique, elle est à peu près sans valeur une fois sorti du pays, et les explorateurs n'en tiennent souvent pas compte.

"interdit à proximité d'une habitation" concerne les sortilèges qui risquent d'endommager ou de détruire les bâtiments ; la restriction vaut particulièrement en milieu urbain. Elle a permis de juger illégal, par exemple, le lancement du sort "Danse végétale" sur les arbres qui servent de maisons aux habitants d'Ulestia...

"toléré seulement en cas de légitime défense" : le mage ne peut avoir recours au sort que pour protéger sa vie en cas d'agression, par exemple dans le cas de sortilèges comme "Peau de feu" ou "Boule de Feu à Tête Chercheuse". Existe aussi la restriction "toléré seulement dans le cadre de l'article 8 de la Table", c'est-à-dire que le mage ne peut recourir au sort que pour protéger un être vivant d'un danger de mort imminent ; la délimitation exacte de cette restriction faisant bien sûr l'objet de multiples négociations possibles en cas de litige...

"sort de guerre" est utilisé pour un sortilège potentiellement meurtrier, par exemple "Lapidation météoritique", qui ne peut être utilisé que dans le cadre d'un affrontement ouvert avec un ennemi déclaré, c'est-à-dire soit un "ennemi du peuple et du royaume hiscontes", soit une monstruosité née du Nonsense. Théoriquement, un mage n'a le droit d'utiliser le sort que pour guerroyer au service du roi d'Hiscontie, c'est-à-dire, en pratique, jamais sur le sol hisconte ; les membres des expéditions en terre inconnue ont officiellement le droit d'utiliser des sorts de guerre. Les Gardemages ont l'autorisation d'y recourir en dernier ressort contre des criminels particulièrement dangereux. Les membres de la Maison de Veille ont le même droit, mais contre des manifestations dangereuses du Nonsense.

"toléré dans le cadre de l'article 6" indique que le sortilège est illégal quand il est utilisé pour porter atteinte au libre arbitre ou à la liberté de pensée d'une personne, par exemple pour prendre le contrôle de son esprit.

"toléré dans le plus strict respect du Code" indique généralement un sort à la limite de la légalité ; en gros, un mage qui le lance a neuf chances sur dix de se retrouver avec les autorités aux trousses en cas de problème. C'est le cas du méta-sort "Masque magique", très souvent utilisé pour masquer le lancement d'un sort de magie noire.

Ces restrictions ont encore le mérite d'être assez claires... le problème, c'est que de nombreux sortilèges posent beaucoup de problèmes et font donc l'objet de développements longs et obscurs dans les pages du Registre d'Etat. Par exemple, l'article consacré au hiéroglyphe du sort "Jeu de Mots" compte une bonne quinzaine de pages serrées qui cherchent à prévoir des restrictions pour toutes les situations que pourrait provoquer ce sort, et finissent par se contenter de fournir une liste de cas ayant fait jurisprudence (par exemple, il est interdit de lancer ce sort juste après que quelqu'un ait dit "il fait un soleil de plomb" : un Archimage facétieux l'a fait par plaisanterie en 1894 et cela a eu pour résultat de changer le soleil en une énorme boule de plomb qui s'est écrasée dans le Grand Océan, provoquant un raz-de-marée que les plus puissants mages du pays, réunis en catastrophe, ont eu un mal fou à repousser avant qu'il ne noie les côtes hiscontes... on ne s'explique toujours pas par quel miracle un soleil a continué à briller dans le ciel). Bref, dans les cas les plus complexes, la législation de détail s'avère parfois impuissante, et il faut en revenir aux grands principes du Code Esotérique.

Postérité de l'oeuvre : le Registre d'Etat est le second ouvrage de référence après le Code Esotérique que tout mage se doit de connaître et d'avoir un peu étudié. Techniquement, un mage n'est tenu de connaître que les limitations légales des sorts qu'il maîtrise ; en fait, ses contacts dans le milieu des gens de magie l'amènent rapidement à bien connaître bon nombre d'autres articles du Registre, ceux des sorts les plus courants ou les plus célèbres. Il existe des éditions très complètes du Registre, destinées aux érudits ou aux juristes des tribunaux de province hiscontes, qui présentent plusieurs classements des sorts en plus du classement officiel par hiéroglyphes, notamment par noms et par niveaux de puissance.

Indice de légende : 15 chez les mages, 10 parmi la population en général.

Utilité pour les Aventuriers : le Registre d'Etat est bien sûr susceptible de servir aux Aventuriers mages soucieux de légalité. Mais il a aussi bon nombre d'usages possibles dans le cadre d'une enquête magique, en premier lieu pour vérifier le statut légal d'un sortilège lancé par un PNJ et l'identifier comme un sorcier s'il use beaucoup de magie noire. Par ailleurs, un sort qui ne figure pas dans la dernière édition du Registre ne pourra qu'éveiller leur curiosité... et, espérons-le, leur prudence, car cela voudra dire, en toute logique, que le PNJ qui l'aura lancé est un mage assez puissant pour inventer ses propres sorts, et assez habile pour les dissimuler aux autorités.

Amorces d'Aventures possibles pour le MJ : il serait bien sûr impossible de prétendre fournir en détail toutes les limitations légales de l'utilisation des sorts de Magie Commune en Hiscontie : le contenu précis des articles du Registre est donc laissé à votre discrétion, en fonction des sorts utilisés par les Aventuriers et les PNJ et en fonction des scénarios. Les restrictions décrites ci-dessus sont là pour servir d'exemple, et le système est avant tout destiné à donner une plus grande dimension "roleplay" à l'utilisation de la magie dans ce qui reste tout de même non pas un western sauvage, mais un pays civilisé où l'on ne fait pas tout ce qu'on veut même quand on est Aventurier (les choses sont bien sûr très différentes hors d'Hiscontie).

L'utilisation la plus ordinaire du Registre consiste à s'en servir dans le cadre d'affaires de "police magique", comme d'un utilitaire précieux pour les Aventuriers et pour les Gardemages. Le système des mises à jour du Registre par des Addenda qui sont communiqués à tout le pays par voie de courrier est un système très vulnérable, qui offre prise à toutes sortes de manipulations de la part de PNJ malveillants, au point que dans un petit village isolé, il ne serait pas impossible à un homme habile d'intercepter le Facteur chargé de porter l'Addendum mensuel aux autorités magiques de l'endroit, et de le remplacer par un faux de son invention, ce qui lui permettrait de maintenir pendant quelques semaines tout un village dans la conviction que tel ou tel sort est désormais légal ou illégal - à vous dans ce cas d'imaginer dans quel but il organiserait une pareille manipulation.

Les Aventuriers les plus attentifs ne manqueront pas d'apprendre tôt ou tard un secret de polichinelle : tous les sorts de Magie Commune ne figurent pas dans le Registre d'Etat, du moins pas dans les éditions disponibles un peu partout. En effet, le Registre d'Etat a le désavantage de fournir le dessin du hiéroglyphe de chacun des sorts dont il précise l'utilisation, c'est-à-dire que n'importe quel mage est en mesure d'apprendre le sort à partir du hiéroglyphe en question. Ce n'est pas grave outre mesure pour les sorts de magie noire, car la plupart des mages n'oseraient jamais essayer d'en lancer un, même pour voir, par peur des Gardemages. Mais c'est nettement plus gênant quand il s'agit de sorts qui relèvent, disons, du "secret d'Etat". Par exemple, certains sorts de guerre puissants maîtrisés par les Gardemages ou par les plus hauts mages de l'Institut, ou encore des sorts mis au point au fil des siècles par les Maîtres-Mages Royaux successifs dans le cadre de recherches magiques d'Etat, et qui n'ont encore jamais été lancés. Dans la plupart des éditions, ces sorts font seulement l'objet d'une mention brève dans les premières pages, juste après les hiéroglyphes des quinze Phonèmes fondamentaux qui sont les hiéroglyphes les plus simples : à partir du seizième sort jusqu'au trente-et-unième, le hiéroglyphe est remplacé par un rectangle noir portant en son centre soit le blason de l'Institut, soit la marque personnelle du Maître-Mage Royal ; leurs articles se résument à une simple mention "Spécial, interdit sauf privilège du Roi". Mais vous, Meneur de Jeu, pouvez savoir où trouver les hiéroglyphes de ces mystérieux sorts : ils figurent uniquement non pas sur le "tome d'Etat" de l'Institut Pyramidal (que des tiers peuvent être amenés à consulter pour corriger les fautes de leur propre exemplaire du Registre), mais sur l'exemplaire personnel du Maître-Mage Royal. Le Roi et le Directeur de l'Institut sont les deux autres personnes à connaître l'existence de ces hiéroglyphes ; le Roi tolère cette légère entorse à la légalité, car ces recherches magiques sont menées depuis des siècles par les Maîtres-Mages Royaux dans les laboratoires de l'Institut à la demande de la dynastie royale, sans interruption depuis l'époque de Fennovar V (d'où la mention d'un "privilège du Roi" pour les recherches magiques, que le Maître-Mage Royal est le seul mage du royaume à posséder). Ces recherches ont pour but de clarifier entièrement le mystère du fonctionnement de la magie et de ses rapports avec le Nonsense, les Fortunes savent par quels moyens...

Une seconde anomalie, en rapport avec la première, peut être trouvée dans le Registre : l'ensemble des sorts de Magie Chaomantique propre aux mages des Trois Empires a totalement disparu du Registre depuis l'édition de 1724, la première après le Cataclysme Etrange. De même, tout Aventurier qui fait des recherches persévérantes à propos de la Chaomancie finira par s'apercevoir que le seizième sort du Registre est censé être, en toute logique, le fameux Seizième Phonème ajouté artificiellement à la magie par les frères mages qui ont fondé les Empires. D'où deux pistes. D'une part, le fait que le Seizième Phonème figure parmi les sorts "secrets" suggère que les Maîtres-Mages Royaux qui se sont succédés depuis le Cataclysme Etrange ont mené des recherches sur la Chaomancie, avec autorisation du Roi, alors qu'officiellement c'est formellement interdit. D'autre part, des investigations supplémentaires pourraient apprendre aux Aventuriers que les sorts de magie chaomantique sont devenus introuvables en Hiscontie en quelques années après le Cataclysme Etrange. Un moyen de les retrouver serait donc de consulter une ancienne édition du Regitre d'Etat datant de la période tri-impériale. Comme à cette époque la Chaomancie était légale et très pratiquée, ces sorts ne peuvent manquer d'y figurer avec leurs hiéroglyphes, ce qui permettrait de les lancer de nouveau. Or, ces éditions des Registres d'Etat vieilles de plusieurs siècles ne peuvent pas se trouver n'importe où : elles n'existent sans doute encore que dans les bibliothèques de certaines vieilles familles de magiciens disposant de bibliothèques privées considérables, ou chez les plus grands érudits du royaume... ou bien, si toutes ces pistes possibles font défaut, dans les Archives royales conservées dans les mystérieuses Cinq Tours à Stalis. Mais pourquoi les Aventuriers se lanceraient-ils dans une quête aussi ardue, au risque d'attenter à des secrets d'Etat ? C'est à vous, Meneur de Jeu, de le déterminer, car c'est une bonne trame possible pour une campagne.


Cinq stances sur l'infortune, de Nimuphlar le Fier, traduit par Tlimk I & II de Tadulie d'Orduriances et bénéficiant de leurs savantes exégèses

Fiche ajoutée au catalogue par Nico du dème de Naxos.

Genre : prophétie rapportée sous la forme d'un poème en vers libres rimés dont seules subsistent cinq stances.

Support : sous sa forme originale, ce texte se présente sous la forme d'une feuille de grand-palmier couverte de cinq stances en fins caractères inconnus tracés à l'encre pourpre (on prétend que Nimuphlar l'a rédigé avec son propre sang). La traduction de Tlimk I n'existe qu'en un unique exemplaire, un volumen en papyrus d'une longueur totale de 33 mètres, couvert d'élégantes graphies convolutées en hisconte archaïque dans une encre rubis indélébile (sans doute résultat d'une expérience de scriptomancie réussie). Le manuscrit est vierge de toute illustration, signe, ou symbole quelconque. Le texte principal est écrit au centre du rouleau et s'accompagne d'innombrables commentaires en plus petits caractères dans les marges gauche et droite. La traduction dite de Tlimk II reproduit typographiquement l'agencement du texte et de ses exégèses tels qu'ils figurent sur le volumen, en l'enrichissant de prolégomènes, d'une introduction sur Nimuphlar et Tlimk I, de nombreuses exégèses supplémentaires et d'une conclusion ; de surcroît, Tlimk II a modernisé le texte de son grand-père en utilisant une langue contemporaine afin que toute personne sachant lire puisse accéder à son contenu. L'édition actuelle adopte la forme d'un codex in-folio illustré de quelques très belles eaux-fortes.

Les auteurs et la genèse de l'œuvre : De Nimuphlar le fier, on ne sait que ce que les légendes rapportent à son propos. Beaucoup mettent en doute qu'il ait été un personnage historique, même si des traces tangibles de son passage en Hiscontie semblent attester son existence aux alentours de 1130. Si ce que l'on dit est vrai, Nimuphlar était un noble arrogant qui n'avait que mépris pour les petites-gens et qui entretenait l'obsession tenace d'être immunisé aux effets du Nonsense. Bien qu'il ne fît rien pour s'exposer à ceux-ci jusqu'à un âge plutôt avancé, il finit par céder aux sarcasmes et aux quolibets de ses pairs et partit seul en direction du sud de l'Hiscontie, vers l'inquiétant Désert des Transplans afin de démontrer son pouvoir. Cette décision acheva de le faire passer du statut de pénible excentrique à celui de fou potentiellement dangereux, et tous, du roturier le plus misérable jusqu'au roi, étaient persuadés de ne jamais plus en entendre parler. Mais ils se trompaient... Combien d'années Nimuphlar erra-t-il dans le désert des Transplans, il est impossible de le savoir ou d'en fournir la moindre approximation. Toujours est-il qu'un beau jour de 1294 débarqua à Stalis un chasseur d'antiquités de Kar-Andya, qui venait proposer ses plus belles prises sur le marché du Grand Tout. Parmi celles-ci se trouvait un curieux phylactère en cuir qui contenait une feuille de grand-palmier roulée sur elle-même et attachée par un lien de chanvre empourpré. Celui-ci fut acheté par Tlimk, l'ancêtre de Tlimk II, un noble bibliophile d'une érudition peu commune. Il invita le chasseur dans ses somptueux appartements pour en savoir plus sur l'origine de l'œuvre. Il apprit par sa bouche l'incroyable histoire d'un homme ayant réussi à se traîner jusqu'à Kar-Andya par la force de sa volonté et qui prétendait revenir du désert des Transplans. Tout le monde à Kar-Andya était persuadé qu'il délirait et qu'il s'agissait seulement d'un pauvre hère victime d'hallucinations. Mais le chasseur fut troublé par les paroles du voyageur et il comprit qu'il avait hérité d'un trésor inestimable quand l'homme lui confia les stances et lui révéla son identité juste avant de rendre son dernier souffle. Il décida alors d'aller vendre ce manuscrit à Stalis, où il ferait le bonheur d'un docte quelconque et le sien par la même occasion. Et effectivement, il en tira un fort bon prix et force remerciements. Tlimk I employa toutes les ressources de son esprit et de sa bourse afin de traduire les caractères étranges tracés par Nimuphlar. Tlimk I était sûr qu'ils avaient une signification et qu'il lui serait possible de les traduire en hisconte. Le volumen unique sur lequel il coucha la traduction définitive et ses commentaires fut l'œuvre de toute sa vie. L'un de ses lointains descendants, qui hérita du même nom que lui et que l'on nomme par convention Tlimk II, découvrit par hasard le volumen ainsi qu'une dizaine de carnets qui relataient dans le détail toutes les recherches de Tlimk I. Il se passionna pour elles et décida de donner ses lettres de noblesse aux stances et de les publier.

L'œuvre : il faut distinguer les étranges caractères de Nimuphlar de leur traduction enrichie par Tlimk I et de l'actuelle édition en codex de Tlimk II. Nous ne nous attarderons pas sur l'œuvre originale, conservée religieusement par les héritiers de Tlimk I & II dans leur bibliothèque. Celle-ci comporte cinq séries de caractères séparées par des intervalles vierges. Ils sont parfaitement incompréhensibles et leur décryptage n'est possible au mieux qu'au terme de longues années de recherches pour le plus doué des érudits. Fort heureusement, Tlimk I acheva son travail et livra une traduction plus qu'honorable du texte de Nimuphlar. Les cinq stances énigmatiques sont traduites les unes à la suite des autres puis bénéficient d'un commentaire passionnant, dans un style emphatique. Voici les cinq stances dans l'ordre (traduction modernisée par Tlimk II) :

I

Avilis murmures dans les ténèbres du Commencement

Contre Deo s'élevèrent au plus haut du firmament,

Cinq Voix mensongères subirent le châtiment,

Leurs tromperies se changeant en tourments.

II

Sur le grain de Chaos vinrent cinq astres ignés,

Du plus haut des sphères la dure écorce percuter,

Leur malice infinie comme une pluie acide,

Grignotant de fertiles entrailles maintenant arides.

III

Unies dans le souffle maudit de l'orgueil,

Mille ailes d'ivoire s'ensanglantant sur l'écueil,

D'une fausse espérance louée par les fourbes,

Churent des sommets pour l'amer goût de la tourbe.

IV

De belles rêveries masquant les cauchemars,

Promesses fleuries à peine un autre fard,

Des roueries parfumées, d'habiles traquenards,

Pour enfin se libérer avant le dernier soir.

V

Depuis leurs gangues d'infinis voyages tissées,

Ils conspirent pour la perte d'un ordre nouveau-né,

Souillant la pure matrice de la Mère Blessée,

Du sang terni qu'ils versent sans discontinuer.

Les cinq stances sont abondamment commentées par Tlimk I, qui en profite pour faire un spectaculaire étalage de références savantes et populaires. L'érudit voit dans les stances un avertissement fait aux hiscontes par quelque esprit piégé dans le désert des Transplans. Ce dernier se serait servi de Nimuphlar comme d'un vecteur pour transmettre sa parole, car le Nonsense le maintiendrait prisonnier dans les limites du désert. Tlimk I est persuadé que c'est le Grand Absurde lui-même qui a rendu illisibles les cinq stances, l'obligeant à user de toutes les ressources de son esprit pour en rétablir la cohérence initiale. Bien que très intéressants, les commentaires de Tlimk I ne mettent pas en évidence la relation des stances avec le Gouffre des Réprouvés, ce qui tend à prouver qu'il n'en avait vraisemblablement pas connaissance. Tlimk II ne se contente pas de transposer la traduction des stances élaborée par son ancêtre en une langue plus moderne et de l'adapter à un format plus lisible. Il s'en sert pour transmettre ses théories politiques et artistiques. Ses prolégomènes, bien connus des érudits, exposent sa conception de la civilisation comme " ordre dynamique s'inspirant de la nature " et de l'art comme " révélateur de vérités sous-jacentes ". C'est ainsi qu'il expose sa théorie d'une société qui passe des espérances du printemps aux forces vives de l'été avant d'entamer son automne, dernière étape avant le crépuscule de l'hiver. Quant à l'art, il le considère comme un instrument vertueux destiné à montrer au grand jour ce qui sinon resterait caché. Son introduction est constituée par une courte biographie de Nimuphlar suivie par un des panégyriques les plus émouvants de la littérature hisconte, dans lequel il met en avant l'honnêteté et la détermination des actions de son aïeul ainsi que les qualités analytiques de ses travaux. Suit l'œuvre de Tlimk I, en une langue modernisée qui ne dénature nullement le texte original, ne cherchant ni à l'embellir, ni à extrapoler. Les exégèses portent sur les stances et sur les commentaires de son ancêtre, et mettent pour la première fois en lumière la relation qu'entretient la prophétie rapportée par Nimuphlar avec le Gouffre des Réprouvés. Quant à la conclusion, elle présente une synthèse qui éclaire le travail de son auteur en le mettant en parallèle avec des publications similaires comme Les Dits de Schkondörf ou les Commentaires sur les assertions véridiques de Lum le Mirliflore.

Postérité de l'œuvre : beaucoup d'étudiants de l'Université de Stalis suivent encore des séminaires sur la littérature ou les arts hiscontes, au programme desquels figurent les Cinq Stances sur l'infortune. La question qui revient d'ailleurs le plus souvent porte sur la signification du titre de l'œuvre. Aucun professeur n'y a jusqu'à ce jour répondu avec conviction, car parmi les nombreux mystères recelés par les Stances, il semble que celui-ci soit le plus obscur. Les mages de l'Institut Pyramidal ne s'y intéressent guère car le texte n'entretient que peu ou pas - selon les points de vue - de rapport avec la magie. Seul un petit groupe d'illuminés pense que le texte original tracé par Nimuphlar avec son sang sur la feuille de grand-palmier serait en fait composé par des variations des seize Phonèmes originaux. Pour eux, mettre la main sur celui-ci demeure une priorité. Quant au stalisois typique, il n'a jamais entendu parler des Stances et si par hasard il en avait vent, il est probable qu'il les oublierait vite.

Indice de légende : 15 chez les prophètes et toute la gente dont la profession consiste à essayer de percer les brumes du temps de quelque manière que ce soit ; 8 chez les érudits, 5 chez les mages et 1 dans le reste de la population.

Utilité pour les Aventuriers : les Cinq Stances sur l'infortune recèlent plus de mystères qu'elles n'apportent de réponses. Néanmoins, elles regorgent d'annotations sur des personnages célèbres de l'époque, des œuvres maintenant perdues, des inventions oubliées, des lieux légendaires - et tout particulièrement le Gouffre des Réprouvés.

Amorces d'Aventures possibles pour le MJ : les Cinq Stances peuvent bien évidemment mettre les personnages sur la voie du Gouffre des Réprouvés, qu'elles présentent comme un lieu inquiétant et corrompu par la " noire essence " des créatures maléfiques qui sont à son origine. Elles sont truffées de fausses rumeurs, qui tendent toutes à présenter les Réprouvés comme des êtres puissants et dangereux dont les manigances sont un danger important pour la civilisation hisconte. Seule la direction approximative du lieu de la chute des météores est indiquée (" à plus de cent lieues à l'est ") et ce sera aux personnages de faire des investigations plus fouillées s'ils veulent se rendre au Gouffre. Les Stances peuvent aussi fournir quelques renseignements ponctuels sur des personnages célèbres hiscontes et révéler certaines facettes méconnues de leur personnalité, ce qui peut comporter quelque utilité dans des scénarios reposant sur des intrigues trouvant leur origine dans le passé. Ainsi, un écrivain célèbre tel que Ladis de Beltaine, réputé pour être un dom juan, s'avèrerait n'avoir été qu'un rustre grossier incapable de séduire une seule femme ; l'auteur de L'art délicat de l'amoureuse attirance, l'une des meilleures ventes populaires de ces dernières années, serait en réalité un escroc ayant obligé un brillant écrivain à lui céder son œuvre par le biais d'un odieux chantage. Les descendants de l'écrivain lésé par Ladis, informés par les personnages, pourraient décider d'intenter un procès aux ayants droit actuels, afin de jouir enfin des dividendes engendrées par les nombreuses ventes du livre écrit par leur talentueux ancêtre...


Génies des puits et des fossés, par le Facteur Argus et Raphaël Courtepage

Fiche ajoutée au catalogue par le Baron Von Rawt

Genre : Recueil poétique annoté, utilisé notamment comme un ouvrage de référence ethnographique.

Support : trois volumes… volumineux, reliés plein cuir, les pages sont en papyrus. Il en existe plusieurs copies, pas plus d'une dizaine au total, dont une est conservée à Olmart. La version non-annotée est très répandue, et tient en un seul volume. Le manuscrit original est conservé à Stalis, dans la bibliothèque de la Poste Royale.

L'auteur et la genèse de l'oeuvre : Le Facteur Argus vivait en 1804 après J, et il était Facteur dans la campagne au nord d'Olmart. Il prit l'habitude au cours de ses tournées de composer des vers sur la beauté de sa campagne bien-aimée, et sur les joies et les peines simples de la vie rurale. Il notait ses trouvailles sur une série de petits carnets, qu'il légua à un ami érudit féru de poésie, à sa mort. Il y ajouta nombre de chansons et de légendes populaires (qu'il mettait en vers). De son vivant, il était bien connu de ses administrés et de ses collègues, et ses poèmes étaient souvent chantés lors des fêtes de village et autres réunions au coin du feu dans les relais. Les poètes académiques et autorisés de l'époque ne prêtèrent pas attention à ce " rimailleur ", comme souvent lors de manifestation de poésie populaire. Mais c'est un siècle plus tard, en 1926, qu'Argus devint célèbre dans les milieux universitaires. Un certain Raphaël Courtepage, naturaliste et érudit bien connu, tomba sur le manuscrit, qui faisait partie de son héritage. Il comprit bien vite l'intérêt de l'ouvrage : quel fantastique instantané de la vie paysanne (laquelle a peu évolué en trois siècles) ! Il réécrivit entièrement le recueil, en annotant généreusement chaque poème. Il rajouta également un index, encore utilisé de nos jours par les érudits. Il effectua aussi des coupures, mal à propos, dans ce qui ne lui paraissait pas crédible ou trop grivois pour la communauté érudite (à la grande hilarité de la communauté postale, qui redécouvrit l'original quand l'ouvrage annoté redevint subitement populaire).

L'œuvre : Dans sa version courte, c'est un recueil de mille pages à peu près, abondamment illustré de croquis du célèbre facteur. Les poèmes et les chansons et contes populaires ne répondent pas à un classement particulier, ce qui rend difficile la distinction entre les créations de l'auteur et ce qui est apocryphe. Courtepage estime (dans la version annotée), que les trois quart à peu près du livre sont l'œuvre du bon facteur. La version annotée, très répandue dans les universités, comprend une table des matières, et un index (qui occupent le premier volume), qui renvoient à la fois au texte original et aux propres annotations de Courtepage. Les poèmes ont été classés, selon les thèmes principaux et par ordre alphabétique. Les annotations elles-mêmes occupent un espace équivalent au manuscrit original. Généralement, elles renvoient à d'autres ouvrages de référence, précisent et interprètent le texte et concernent les observations de l'auteur. En le compulsant, on obtient de très précieux renseignements sur la faune et la flore des campagnes hiscontes, sur les mythes, légendes et croyances populaires, et bien sûr les traditions et le mode de vie paysan. Postérité de l'œuvre Les poèmes du bon facteur Argus sont très connus du populaire et du milieu postier. L'usage ultérieur de ces poèmes est aussi bien connue, et fournit le sujet de nombreuses plaisanteries sur la pudibonderie (réelle ou supposée) des érudits. Une chanson populaire hisconte s'en moque en ces termes : Pour faire du facteur un puits de culture Il suffit c'est connu d'y couper la membrure (…) On considère, dans les milieux instruits, que sans la possession d'une copie de cet ouvrage, une bibliothèque n'est pas digne de ce nom. D'après un rapport annuel de l'université de Stalis, peu de bibliothèques sont dignes de ce nom !

Indice de légende : 6 chez les érudits et la haute société. Il fait partie des ouvrages de référence (surtout à des fins bibliographiques) et des classiques étudiés, mais son origine trop populaire n'en fait pas un des préférés des enseignants. 9 dans le milieu rural et chez les postiers. Non seulement cet ouvrage y est connu comme l'Argus Blanc, mais en plus le populaire attribue au bon facteur des poèmes et des chansons qui n'ont jamais figuré dans le recueil. Tout les relais de poste possèdent un exemplaire de " Génies des Puits et des Fossés ".

Utilité pour les Aventuriers : La lecture complète et attentive du livre octroie un bonus de 25% en Droits et usages pour tout ce qui touche à la connaissance des us et coutumes des campagnes hiscontes. Connaître deux ou trois des chansons qui y figurent permet un bonus de sympathie avec les postiers ou les ruraux (ce qui peut être bien utile), voir de se tailler un vrai succès lors des veillées si on les raconte bien.. Côté créatures mythiques, légendes et connaissances profondes sur Fantasia, il n'apporte rien de nouveau par rapport aux ouvrages érudits, à moins d'accorder du crédit aux récits burlesques ou effrayants, dont on ne sait s'il s'agit de reprises de vrais mythes ou de vraies pantalonnades de la part du facteur. Par contre, les créatures plus naturelles ou les plantes qui soignent (ou qui ont des propriétés amusantes) sont souvent à l'honneur dans un petit poème qui leur est dédié. Ce sont d'ailleurs eux les fameux " Génies des puits et des fossés ". Vous trouvez une bestiole bizarre, une plante d'apparence anodine a attiré votre attention ? Peut être le bon facteur vous éclairera-t-il sur leur compte…

Amorces d'aventures possibles pour le MJ : La tradition veut que quiconque le demande puisse compulser l'exemplaire détenu dans chaque relais de poste. Elle veut aussi qu'un nouvel exemplaire soit remis au chef facteur à chaque fois qu'on ouvre un nouveau relais. La disparition de l'exemplaire (c'est déjà arrivé) d'un relais est considérée comme un grand malheur et signe de malchance, et généralement provoque la défection ou la grève des postiers qui y sont affectés, jusqu'à ce qu'on remette la main dessus. Ou que le relais ferme… Gageons que les aventuriers seront la planche de salut des facteurs et de leurs administrés. .


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